• Épouses et concubines :

    procréation et passion

    Mais alors que beaucoup de danseuses se contentaient d’effectuer des passes, certaines des plus cotées devenaient des maîtresses

    attitrées de messieurs de la haute société qui, laissant leurs épouses à leur domicile,

    s’affichaient volontiers avec leur proie à laquelle ils offraient un logement et train de vie généralement plus que décent.

    Et c’est de ces dépenses d’entretien de leur maîtresse danseuse que vient notre expression dont le sens, par extension, a évolué vers toutes les dépenses très, voire trop importantes consacrées à une passion.

    Théâtres, cabarets, actrices, chanteuses…

    Cela dit, l’Opéra n’avait pas du tout l’exclusivité des danseuses prostituées ou, dit plus élégamment au vu du beau monde qu’elles fréquentaient parfois et de la manière moins systématique avec laquelle elles faisaient commerce de leur corps, les courtisanes, la danse classique n’étant pas la seule touchée par ce phénomène ‘artistique’ qui concernait aussi bien les théâtres que les cabarets, les actrices que les chanteuses et danseuses. Il suffit de se rappeler de quelques noms célèbres comme Lola Montès,

    la belle Otero ou Liane de Pougy, pour ne citer qu’elles.

    « Je viens enfin de recevoir ta boîte merveilleuse de compas !

    Tu es archi-fou,

    je t’assure que tu as besoin d’un conseil judiciaire.

    Je suis ta danseuse, ton écurie, ta collection, je te reviens à des prix fous. » 

    – André Gide – Correspondance 1890-1942

     

     

    https://matricien.org/patriarcat/sociologie/prostitution/prostitution-mondaine/

     

     

     


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    Origine : l’Opéra, le « marché aux putains »

    Au XVIIIe siècle, les alentours des salles de spectacles étaient des endroits très fréquentés par les prostituées.

    On disait d’ailleurs de l’Opéra qu’il était le « marché aux putains ».

    Les mères vendent leurs filles ratées

    Mais si la prostitution avait cours à l’extérieur, au XIXe siècle, elle s’exerçait aussi à l’intérieur, les danseuses faisant commerce de leurs charmes (plus ou moins volontairement). 

    Mlle Marconnier - Album Reutlinger (Gallica BNF) 

     

     

    Il n’était d’ailleurs pas rare, au foyer des artistes de l’Opéra, derrière la scène, de trouver des mères venant ‘vendre’ leurs filles, danseuses plus ou moins ratées, aux messieurs les plus offrants.

    Mlle de Saunoy - Album Reutlinger, Gallica BNF

    Mais alors que beaucoup de danseuses se contentaient d’effectuer des passes, certaines des plus cotées devenaient des maîtresses

    attitrées de messieurs de la haute société qui, laissant leurs épouses à leur domicile,

     

     

    Mlle Marconnier - Album Reutlinger (Gallica BNF)

     

     

    s’affichaient volontiers avec leur proie à laquelle ils offraient un logement et train de vie généralement plus que décent.

     

    Mlle Deschamps - Album Reutlinger (Gallica BNF)

     

    Et c’est de ces dépenses d’entretien de leur maîtresse danseuse que vient notre expression dont le sens, par extension, a évolué vers toutes les dépenses très, voire trop importantes consacrées à une passion.

    Théâtres, cabarets, actrices, chanteuses…

    Cela dit, l’Opéra n’avait pas du tout l’exclusivité des danseuses prostituées ou, dit plus élégamment au vu du beau monde qu’elles fréquentaient parfois et de la manière moins systématique avec laquelle elles faisaient

     

     

    commerce de leur corps, les courtisanes, la danse classique n’étant pas la seule touchée par ce phénomène ‘artistique’ qui concernait aussi bien les théâtres que les cabarets,

     

    Mlle Amélie Colombier, par Nadar (Gallica BNF)

     

    les actrices que les chanteuses et danseuses.

     

    Il suffit de se rappeler de quelques noms célèbres comme Lola Montès,

    la belle Otero ou Liane de Pougy, pour ne citer qu’elles.

    « Je viens enfin de recevoir ta boîte merveilleuse de compas !

    Tu es archi-fou,

    je t’assure que tu as besoin d’un conseil judiciaire.

    Je suis ta danseuse, ton écurie, ta collection, je te reviens à des prix fous. » 

    – André Gide – Correspondance 1890-1942

     

    Mlle Lekain - Album Reutlinger (Gallica BNF) 

    https://matricien.org/patriarcat/sociologie/prostitution/prostitution-mondaine/

     

     

    Le foyer de la danse à l'Opéra de la rue Le Peletier (Edgar Degas, 1872, Musée d'Orsay) 

     

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  • A Paris, l’Eglise catholique exploitait 3000 bordels

    et 40 000 prostituées :

    mères célibataires, vierges violées, veuves ou répudiées

     

    « On ne peut traverser le pont d’Avignon sans rencontrer deux moines, deux ânes et deux putains. » Ce célèbre adage médiéval témoigne de la vitalité du « plus vieux métier du monde » dans la cité des papes. Mais bien d’autres villes de France peuvent se targuer d’une telle réputation. S’il est certain que l’Église et l’État exploitaient les bordels et prostituées déclarées, rien n’atteste qu’ils géraient la totalité des 3000 bordels parisiens du 15e siècle, et des 40 000 prostituées parisiennes du 18e siècle, pour la plupart clandestines.

    BIBLIOGRAPHIE :

    • Jacques Rossiaud, La prostitution Médiévale, édition Flammarion 1988
    • Brigitte Rochelandet, Histoire de la prostitution du Moyen Age au XX° siècle, édition Cabédita 2007
    • Séverine Fargette travaille sur le thème « Violence, justice et société en France au Moyen Age ». Elle prépare une thèse sur le conflit entre armagnacs et bourguignons (1407-1420).
    • Erica-Marie Benabou, « La prostitution et la police des mœurs au XVIIIe siècle »
    • Charles Jérôme Lecour, « La Prostitution à Paris et à Londres »
    • Alexandre Parent du Châtelet, De la prostitution dans la ville de Paris, considérée sous le rapport de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration : ouvrage appuyé de documents statistiques puisés dans les archives de la Préfecture de police
    • Jean-Marc Berlière, La police des mœurs sous la IIIe République. Limites et réalités d’une « Police Républicaine »

    Les causes anthropologiques

    L’Église contrôle la sexualité pour garantir des héritiers légitimes

    Le Moyen-âge s’étend sur près d’un millénaire, de 476 (chute de Rome) à 1453 (fin de la guerre de Cent-Ans). Compte tenu du rôle de l’Église dans la prostitution, il est utile de marquer son début en France avec la conversion chrétienne (496) de Clovis, roi des Francs. Ce baptême marque en effet le début du lien entre le clergé et la monarchie française, dorénavant le souverain règne au nom de Dieu et seuls ses descendants légitimes (fils conçus dans le mariage) peuvent accéder au trône. La légitimité passe par la foi catholique et par les liens sacrés du mariage (seul garant de la reconnaissance de paternité). On remarquera qu’au Vatican, l’âge du mariage est aujourd’hui encore de 14 ans pour les filles, il était de 12 ans jusqu’au début du XXe siècle. Fort de l’autorité divine, le clergé catholique se donne comme mission sociale de réglementer la sexualité (virginité & chasteté). Cette réglementation se colore à la fois du rôle sexuel pervers attribué à la femme dans la chute biblique de l’homme (la pomme d’Ève) et d’une application confrontée aux débauches et contingences de l’époque (la paternité n’est plus garantie). Inutile de dire que la prostitution n’a officiellement pas droit de cité.

    Lire Le serpent de la tentation, compagnon de la Déesse-Mère primordiale

    En croisade contre le sexe

    Durant ce millénaire, pas moins de 25 conciles, dont quatre des conciles du Latran, vont en effet exiger la chasteté avant le mariage, condamner le plaisir sexuel et interdire les positions qui ne servent pas uniquement à la procréation. Toutefois, malgré les nombreux interdits et exigences de l’Église, tous les actes sexuels illicites se pratiquent, et pas toujours en cachette, loin de là! Ainsi en est-il de la prostitution, une pratique hautement dénigrée par l’Église, et pourtant répandue à travers toute la France, y compris par les bons offices des religieux et religieuses, avec le soutien dévoué de la noblesse…

    Pour prévenir les viols collectifs

    Le terme « viol » n’apparaît qu’au XVIII° siècle. Avant on parle d’efforcement ou de défloration si le viol a lieu sur une femme vierge. Le viol est très courant à l’époque médiévale, cependant peu de plaintes sont à noter : peur des représailles, honte sur la famille… Ces viols sont le fait des jeunes hommes. En bande, ces jeunes citadins « chassent la garce ». On les appelle les « hommes joyeux ». L’affirmation de la virilité entraîne fréquemment un déchaînement de violence et se traduit par des viols collectifs commis sur des femmes isolées et faibles, réputées communes. Soucieuses d’éviter ces dérapages, les autorités encouragent l’essor d’une prostitution officielle. La prostitution est un phénomène de sécurité publique et donne satisfaction aux pulsions les plus enfouies. Comme certains le disent, la prostitution est un mal nécessaire. Les prostituées ont une responsabilité sociale : défendre l’honneur des femmes « d’estat » (femme de vertu) et lutter contre l’adultère. Le prostibulum peut être alors considéré comme une institution de paix où les jeunes tempèrent leur agressivité.

    Femmes sans maris, femmes sans honneur

    Les femmes victimes de ses viols sont rarement des fillettes car l’homme sera réprimé très sévèrement, ni des femmes de milieu aisée car cela peut être parfois considéré comme un crime. Le plus souvent, les victimes sont des femmes célibataires, des veuves ou des épouses délaissées, des femmes qualifiées de déshonnêtes car elles n’ont plus de maris. Seul le statut d’épouse ou de mère est valorisé et reconnu. Ces femmes sont souvent issues de milieux démunis, servante ou épouse d’ouvrier car la sanction sera faible voire inexistante. Par conséquence, La femme est diffamée par le viol, elle y perd son honneur (la Fame Publica). Ainsi, une femme célibataire aura des difficultés à trouver un époux et une femme sera vraisemblablement abandonnée par son mari.

    Une nécessité sociale de la chrétienté

    Un mal nauséabond pour prévenir la fornication et l’adultère

    Saint Augustin à propos de la prostitution au 5ème siècle : « Supprimez les prostituées, vous troublerez la société par le libertinage ».

    À partir de la fin du XIIIe siècle, et ce, jusqu’au XVe, le métier est vu plutôt comme une pratique immuable. La tradition chrétienne considère la prostitution comme un moindre mal nécessaire. Les Pères de l’Église en témoignent, d’Augustin d’Hippone au IVe siècle qui estime qu’elle est naturelle et permet de protéger les femmes honorables et les jeunes filles du désir des hommes, jusqu’à Thomas d’Aquin au XIIIe siècle, qui juge qu’elle est nécessaire à la société comme les toilettes à une maison :

    « Cela sent mauvais, mais sans elle(s), c’est partout dans la maison que cela sentirait mauvais. »

    La prostitution est d’ailleurs tellement naturelle que, pour plusieurs théologiens, il est préférable qu’une femme y pousse son mari plutôt que de consentir à certains rapports sexuels considérés, eux, comme de graves péchés. Dans une perspective du moindre mal, ces femmes sont sacrifiées pour un bien supérieur, l’ordre public. Souvent, en effet, c’est la permanence des viols par bandes organisées qui amène les municipalités à se poser la question d’organiser la prostitution afin de canaliser l’agressivité sexuelle des hommes.

    Les bordels de l’Église, un mal naturel pour éviter le péché

    Au Moyen Âge, les responsables de l’ordre public, municipalités, seigneurs laïcs ou ecclésiastiques (évêques, abbés et pape), organisent progressivement la prostitution,déjà à partir du XIIe siècle, et surtout à partir du XIVe siècle, en tirant un profit financier. On trouve même des bordels possédés par des monastères ou des chapitres. La prostitution est toujours considérée comme naturelle, comme un moindre mal. Au cœur des cités méridionales, les maisons de fillettes, les châteaux gaillards et autres maisons lupanardes deviennent des institutions municipales, entretenues et inspectées par les consuls. On précisera que la majorité sexuelle est toujours de 12 ans au Vatican (elle était de 11 ans en France en 1832). En Italie du Nord, les autorités expliquent même que le recrutement de prostituées attirantes permettra de convaincre les jeunes gens de se détourner de l’homosexualité. Les villes et les bourgs ouvrent ainsi officiellement des maisons municipales de prostitution ou bien désignent les quartiers de la cité, généralement ses faubourgs, où la prostitution sera tolérée.

    Lire Exclusion des filles mères, mères célibataires, mères seules : avortement et abandon des enfants sans père

    Dieu vous le rendra

    Une richesse pour le clergé et les municipalités

    Les municipalités profitent de ce commerce et s’enrichissent en prélevant des taxes sur les maisons publiques ou en mettant les fillettes à l’amende. On constate souvent, en dépouillant les registres de comptes, que les loyers et les rentes tirés des maisons de prostitution sont traités au même titre que les autres revenus, y compris dans les registres des abbayes. Au XIIIe siècle, les canonistes admettent d’ailleurs la recevabilité des profits tirés de la prostitution à condition que la fille exerce par nécessité, et non par vice et plaisir. Les propriétaires des maisons, parfois des notables, n’ignorent rien des activités de leurs locataires, et encaissent sans vergogne les bénéfices. C’est le cas des familles Villeneuve et Baronnat à Lyon, de l’évêque de Langres ou de l’abbé de Saint-Etienne à Dijon.

    Plus lucratif que les dons des fidèles

    D’ailleurs, Voltaire rapportait que l’évêque de Genève administrait tous les bordiaux de ces terres. Dominique Dallayrac va même jusqu’à avancer que la prostitution amena plus de richesse au clergé que tous leur fidèles réunis. St-Thomas d’Aquin raconte également que des moines perpignanais organisaient une collecte de fond pour ouvrir un nouveau bordel, dont ils vantaient le mérite; « oeuvre sainte, pie et méritoire ». D’ailleurs, La chose ira encore plus loin, car en 1510, le pape Jules II fit construire un bordel strictement réservé aux chrétiens.

    La Chapelle Sixtine financée grâce à la taxe sur la prostitution

    Pour renflouer les finances du Vatican et payer les corporations travaillant sur la chapelle qui portera son nom, le pape Sixte IV (1414 – 1484) eut l’idée géniale de taxer toutes les prostituées et les prêtres concubinaires dans les Etats Pontificaux, y compris Rome. Cette taxe rapporta au Vatican 30.000 ducats par an. Une véritable fortune. Selon les données statistiques de 1477, il y avait 6.300 prostituées reconnues officiellement et des nombreux célibataires. Le projet avait été lancé en 1046 par le Pape Clément II, Suidger de Morsleben et Hornburg (1005-1048) d’origine allemande, qui avait obligé toutes les prostituées romaines à verser un impôt au saint-siège sur chaque rencontre avec un nouveau client.

    S.S. Sixte IV, un pape pédéraste, incestueux et proxénète

    Afin de profiter de cette manne financière, le pape Sixte VI (1414 – 1484) acquis lui-même une maison close devenant un proxénète. Jusqu’à son élection, Sixte IV jouissait d’une bonne réputation. Sous son pontificat, il fit l’objet de jugements controversés dus à l’emprise que ses neveux prirent sur lui. De fait, il nomma cardinal de nombreux jeunes gens, célèbres par leur beauté, parmi lesquels son neveu Raphaël Riario – cardinal à 17 ans, accusé d’être son amant. On prétendit aussi que le goût du pape pour les garçons était notoire. Le théologien Balaeus (xvie siècle) assure de manière peu vraisemblable que Sixte IV aurait donné aux cardinaux « l’autorisation de pratiquer la sodomie pendant les périodes de grandes chaleurs ». C’est ce que l’on appelait alors le « vice italien ». Aujourd’hui encore, la majorité sexuelle au Vatican est de 12 ans.

    La vie sexuelle des papes

    Meurtres, prostitution, pédérastie

    Tiré de « L’Écho des Cantons » no. 7, septembre 2000.

    Le palais papal, un lieu maudit

    C’est un pape aux mœurs corrompues, Léon III (du 26 décembre 795 au 12 juin 816) qui couronna à Rome au mois de décembre de l’an 800, l’empereur Charlemagne (742-814). Étant réputé pour aimer la bonne chère, le vin et surtout les plaisirs charnels, Léon III échappa à une tentative d’assassinat complotée par deux prêtres désireux de débarrasser Rome et l’Église de ce pape dépravé. Étienne IV (du 22 juin 816 au 24 janvier 817) ne fut pape que quelque mois, mais son successeur, Pascal 1er (du 25 janvier 817 au 11 février 824) mena une vie de débauche qui, pendant les sept années de son pontificat, fit de la ville sainte et du palais papal des lieux maudits où libre cours sexuel était donné a toutes formes de perversions inimaginables.

    Le lupanar privé du pape

    Venu a Rome pour se faire sacrer empereur, Lothaire (795-855), petit-fils de Charlemagne, fut scandalise par tout ce désordre et fit des remontrances très sévères a Pascal. Le saint-père promit a Lothaire de reformer ses mœurs mais des que celui-ci eut le dos tourné, Pascal Ier emprisonna deux humbles prêtres pour avoir dénoncé ses comportements pervers. Comme sentence exemplaire on leur arracha la langue et les yeux avant de les décapiter. Plus tard, le pontificat de Léon IV (du 10 avril 847 au 12 juillet 855) sembla être au-dessus de tout soupçon jusqu’au jour où certains chroniqueurs de l’époque affirmèrent que le pontife avait installé dans sa propre maison un couvent de religieuses afin de s’adonner avec celles-ci a des plaisirs sexuels  » très torrides « .

    La légende de la papesse Jeanne

    C’est a partir de la fin de la papauté de Léon IV que naquit plusieurs légendes a connotations sexuelles qui fortifièrent l’histoire de la papesse Jeanne. Il est très peu probable qu’une femme ait succédé a Léon IV sur le trône de la chrétienté, vers l’an 856, comme le veut la légende qui prit naissance au milieu du 13ème siècle, et racontée par l’entremise des chants des troubadours et des ménestrels.

    Un pape gay en prison, assassiné par ses « mignons »

    Celle-ci fut vraisemblablement inspirée par l’histoire malheureuse d’un pape dévergondé du nom de Jean VIII (du 14 décembre 872 au 16 décembre 882). Jean VIII fut reconnu comme étant un pape débauché qui fut jeté plusieurs fois en prison parce qu’il ne s’occupait pas de ses charges pontificales. Ce pape homosexuel, qui aimait les jeunes garçons, connut une fin tragique aux mains des membres de la famille de l’un de ses  »mignons  » qui, trouvant que le poison qu’ils lui avaient administre n’agissait pas assez vite, lui fracassèrent le crane a coup de marteau.

    Un pape drag-queen

    Les soeurs de la perpétuelle indulgence - solidays 2011

    D’autres sources mentionnent qu’au milieu du 9ième siècle, un prêtre anglais du nom de John, un homosexuel reconnu, avait gagne la faveur des cardinaux de Rome, a un point tel qu’il a failli être élu pape a la mort de Léon IV en l’an 855. C’est probablement a la mémoire de ce John aux allures très efféminées, communément appelé Jeanne par ses intimes, que naquit la légende de la papesse qu’on disait d’origine anglaise. Les troubadours et les ménestrels du 13ieme siècle ajoutèrent a cette histoire, en signe de dérisions et de moqueries, que John aurait pu accoucher d’un enfant le jour même de son couronnement car rien dans son comportement sexuel n’indiquait « … qu’il est un homme … ». Ainsi fut fomenté dans la confusion et par les esprits tordus la légende de la célébré papesse Jeanne.

    Rome, ville du vice et de la débauche

    Le calme revint a Rome sous le pontificat de Jean IX (du mois de janvier 898 a janvier 900) mais ce fut de courte durée car lorsque Benoît IV prit le trône de Saint-Pierre (du mois de février 900 au mois de juillet 903) la corruption redevint maîtresse dans la  »Cite éternelle » pendant, hélas, de très nombreuses décennies. Afin d’illustrer avec plus de précisions cette ambiance qui régnait a Rome pendant tout le 10ème siècle, citons ce roi d’Angleterre, Edgar dit le Pacifique (944-975) qui, s’adressant a ses évêques, donna une description peu flatteuse de ce qu’il avait vu lors d’un de ses voyages dans la ville des papes.

     » On ne voit a Rome que débauches, dissolution, ivrogneries et impuretés … les maisons des prêtres sont devenues les retraites honteuses des prostituées, des bateleurs, jongleurs, équilibristes, acrobates, etc… et des sodomites (homosexuels) … on joue nuit et jour dans la demeure du pape … les chants bachiques (chansons a boire), les danses lascives et les débauches de Messaline ont remplacé jeûnes et prières. C‘est ainsi que ces prêtres infâmes dissipent les patrimoines des pauvres, les aumônes des princes ou plutôt, le prix du sang du Christ. » – Edgar dit le Pacifique (944-975), roi d’Angleterre

    Messaline est l’épouse de l’empereur romain Claude (10-54), elle était reconnue pour se livrer a de la débauche de toutes sortes et même a la prostitution. Se sentant bafoué, son mari la fit assassiner lorsqu’il apprit qu’elle s’était mariée avec son jeune amant Silius.

    Jean XII : le pornocrate

    Jean XII est assurément un des papes ayant le plus choqué ses contemporains. Plusieurs fois d’ailleurs, des chroniqueurs l’ont qualifié « d’antéchrist siégeant dans le temple de Dieu ». Né Octavien, il accède à la papauté à l’age de 18 ans sous le nom de Jean XII. Le jeune pape est perçu comme un être grossier qui s’adonne à la débauche, transformant le palais du Latran en un véritable bordel. Déposé par un synode d’évêques qui le déclare coupable de sacrilège, de meurtre, d’adultère et d’inceste en 963, Jean XII parvient cependant à reprendre l’avantage sur Léon VIII, élu à sa place. Une légende raconte qu’il est mort d’une crise d’apoplexie en plain acte sexuel avec une femme mariée.

    La famille maudite des Borgia

    Borgia est le nom italianisé de la famille Borja, originaire du Royaume de Valence (Espagne), qui a eu une grande importance politique dans l’Italie du XVe siècle. Elle a fourni deux papes, ainsi que plusieurs autres personnages, dont quelques-uns ont acquis une fâcheuse renommée. La famille Borgia subi une réputation sinistre qui aurait été forgée par ses ennemis politiques. Les Borgia furent accusés d’empoisonnement, de fratricides, d’incestes… Ils furent les symboles de la décadence de l’Église à la fin du Moyen Âge.

    Enfants illégitimes, bordels et inceste

    C’était une puissante famille italo-espagnole de la Renaissance, dont sont issus des personnages célèbres qui étaient des champions de la « chasteté héréditaire ». Quelques exemples : un cardinal qui eut trois enfants, un pape qui en comptait neuf, et une duchesse qui accoucha de huit hommes différents dont, probablement, le pape et le cardinal déjà mentionnés, qui étaient, en plus, son père et son frère. Tristement célèbres. On les appelle Borja en Espagne, Borgia en Italie. Un nom qui, dans la Botte, jouit d’une très mauvaise réputation, non sans raison : le cardinal César (1475-1507), une fois abandonné l’habit de pourpre, devint un homme politique et un militaire au cynisme proverbial, qui inspira Le Prince de Machiavel. Son père Rodrigo (1431-1503), alias le pape Alexandre VI, réduisit Rome à une ville-bordel que Luther compara ensuite à Sodome ; enfin, la duchesse Lucrèce (1480-1519), intrigante et peut-être incestueuse, passa à la postérité comme un archétype de féminité négative.

    Le pape du diable

    Pope Alexander Vi.jpgAlfonso Borgia est intronisé pape sous le nom de Calixte III de 1455 à 1458. Il a un fils illégitime, François Borgia, cardinal-archevêque de Cosenza. Son neveu, Roderic Llançol i de Borja, le rejoint en Italie où il prend le nom de Rodrigo Borgia. Il est pape sous le nom d’Alexandre VI de 1492 à 1503. Un des témoins les plus crédibles de la conduite scandaleuse du pape Alexandre Borgia est Jean Burckhardt (ou Burchard), de Strasbourg. Ce prélat, maître des cérémonies de la cour pontificale, tint de 1483 à 1508, un journal très précis relatant jour par jour, parfois même heure par heure, tous les événements se passant au Vatican.

    Au moins 6 enfants illégitimes

    En 1470, alors qu’il a déjà été ordonné prêtre, Rodrigo Borgia fait la connaissance de Vannozza Giovanna Cattanei, jeune patricienne romaine, qui lui donnera ses quatre enfants préférés (Jean ou Joan, César, Lucrèce, et Geoffroi ou Jofre). En 1489, nouvelle liaison avec la jeune et jolie Giulia Farnèse qui n’a que 15 ans, dont la demeure était directement reliée à Saint Pierre. Rodrigo Borgia a alors 58 ans. De leur union naîtra une fille, Laura, qui sera présentée comme l’enfant légitime d’Orso Orsini, époux officiel de Giulia Farnèse. Il avait déjà eu un fils Pedro-Luis de Borja légitimé par Sixte IV. Une troisième amante, disait-on, était peut-être sa propre fille Lucrèce (1480 – 1519). Elle est célèbre pour sa beauté autant que pour ses mœurs dissolues : un fils né de ses amours incestueuses avec son frère César, quelques bâtards, une activité d’empoisonneuse, etc.

    Viol sodomite et danses orgiaques de 50 prostituées

    Les orgies étaient pour Alexandre VI, une distraction à plein temps, sans discrétion aucune, sans discrimination de classe ni tabou de parentèle. Francesco Guicciardini rapporte un épisode au cours duquel le pape attire au Château Saint-Ange le jeune et beau Astorre Manfredi, seigneur de Faenza, qu’il viole et fait jeter dans le Tibre. Mais il pourrait également s’agir de César Borgia qui tenait prisonniers les deux frères Manfredi. Les scandales continuent au Saint-Siège, et ce malgré les remontrances du frère dominicain Jérôme Savonarole :

    «Arrive ici, Eglise infâme, écoute ce que te dit le Seigneur […]. Ta luxure a fait de toi une fille de joie défigurée. Tu es pire qu’une bête: tu es un monstre abominable»

    Sans scrupules, ni remords, Alexandre VI fait face : Savonarole est arrêté, torturé et meurt sur le bûcher le 23 mai 1498. Selon Jean Burckhart, témoin muet, mais indigné, la débauche du pape Alexandre et de sa progéniture atteint son paroxysme en cette nuit orgiaque du 31 octobre 1501 avec l’évocation de la danse de cinquante prostituées entièrement nues et d’un concours arbitré par César et Lucrèce pour évaluer et récompenser les prouesses de virilité des assistants. Les dépêches envoyées aux cours d’Europe par leurs ambassadeurs et figurant dans de nombreuses archives diplomatiques confirment l’incroyable témoignage du Père Burckhardt. On comprend dès lors pourquoi tant de récits faisant référence à des pactes avec le Diable ont pu circuler à la mort d’Alexandre VI.

    Les types de prostitution

    Les historiens, scientifiques et sociologues Lombroso et Ferrero (1896) ont classifié la prostitution médiévale en quatre catégories :

    Les plaisirs charnels du Christ

    La prostitution sacrée issue du culte antique de la femme, avec, au début du Ve siècle, les nicolaïtes, femmes qui, attendu l’incarnation du Christ, prônaient que Jésus fait homme avait dû éprouver lui-même les voluptés du corps. Unies aux gnostiques, elles ont essaimé jusqu’au XIIe siècle, en plusieurs sectes vouées au contentement de la chair. En 1373, réapparaît en France une de ces sectes, anciennement les Picards devenus les Turlupins dont le plaisir était de forniquer en public. Dans le catholicisme, les femmes stériles et les maris impuissants ont longtemps prié les Saints Paterne, Guerlichon ou Guignolet, dignes héritiers du dieu Priape, dieu de la virilité, de la fertilité et de l’amour physique. Même réprouvées par l’Église, ces pratiques se sont poursuivies qu’à la Révolution.

    Garnir la couche de son hôte avec ses serfs

    Le second type de prostitution est appelé prostitution hospitalière : elle découle des coutumes ancestrales de l’hospitalité qui consistaient à « garnir la couche » de son hôte. Plus rarement pratiquée chez les paysans, elle était largement répandue chez les nobles et de nombreuses soubrettes et paysannes, tenues en servage, se prostituaient ainsi contre leur gré.

    Une épouse en CDD

    Le troisième type est la prostitution concubinaire. Le concubinage n’a jamais été, dans la France catholique, béni religieusement. C’est le versement d’une pension d’entretien qui servait de contrat nuptial que seuls un divorce ou la mort pouvaient rompre.

    Enfin, on trouve, sous quatre formes, la prostitution civile :

    • Les bordels privés de la noblesse et du clergé : L’abbé, l’abbesse, l’évêque, le baron, le seigneur féodal accueillent chez eux l’équivalent d’un bordel généralement payé par leurs fidèles ou leurs vassaux; les deux sexes y sont couramment représentés;

    • Les paysannes au service sexuel des curés : Dans les monastères, les bons pères réquisitionnent régulièrement les paysannes des alentours qu’ils convainquent de se taire de peur des foudres divines;

    • Les nonnes-putains pour un dieu proxénète : Plusieurs mères supérieures des couvents persuadent leurs religieuses de se prostituer pour amasser, au nom de leur divin époux auquel elles ont de toute façon livré à tout jamais leur corps vertueux, quelques compléments à la dîme;

    • Femmes-objets pour payer les impôts : Au Moyen-âge, le royaume de France est loin d’être consolidé et les guerres entre prétendants à la royauté livrent la paysannerie à des impôts ruineux, dont la taille. Plusieurs fuient la campagne pour la ville où la misère qui sévit contraint filles et jeunes femmes orphelines, abandonnées ou vendues, veuves et épouses désespérées à livrer leur corps en pâture. La prostitution foisonne avec ses classes de prostituées.

    Le statut des prostituées

    Durant la période médiévale, la quasi-totalité des prostitués est constituée de femmes. La prostitution masculine fleurit aussi, mais seulement dans la clandestinité en raison de la sévère condamnation de l’homosexualité par l’Église. Cette dernière entretient à l’égard des femmes un double discours qui explique, en grande partie, l’ambivalence de ses prises de position. La femme est certes synonyme de tentation et de luxure, mais curieusement elle occupe un rôle social plus égalitaire que celui qui va redevenir le sien à la Renaissance.

    La prostitution civile revêt quatre motifs, explicatifs des divers statuts et mécanismes différents de répression :

    • La luxure qui découle de la prostitution sacrée. Ses adeptes sont considérés comme des hérétiques et châtiés par l’Église et le pouvoir;
    • La pauvreté, lot des femmes démunies. Cette forme est plus ou moins tolérée par l’Église selon la sévérité de ses cardinaux du moment et réglementée par le pouvoir seigneurial ou royal selon ses humeurs et pénitences;
    • Le concubinage, lot de femmes devenues courtisanes, protégées par leurs concubins et par les apparences d’une vie de rentière; certaines prostituées de haut rang peuvent s’afficher dans la cour des gens de la noblesse. On peut d’ailleurs difficilement d’apparence les différencier d’autres femmes de leur entourage, même si la plupart du monde connaît leur identité;
    • Le commerce dont l’exercice est orchestré par des sources diversifiées : clergé, noblesse, bourgeoisie, tenanciers ou tenancières. Le clergé va, de temps à autre, procéder à de sévères répressions dans ses rangs, la noblesse graduellement se défaire de ses propres bordels pour choisir le concubinage ou la fréquentation plus ou moins discrète des maisons de débauche.
    • Les filles légères « prostitution libérale » : Ces filles travaillent pour leur propre compte, elles vont d’hôtel en hôtel ou possèdent leur propre chambre. Ces femmes deviennent petit à petit des courtisanes : prostituée de luxe, maîtresse de riches marchands ou notables. Les courtisanes deviennent réellement importantes à la fin du XV°.

    Lire La prostitution mondaine, une valeur éducative du patriarcat traditionnel avant le mariage

    Carrière d’une fille de joie

    Mères célibataires, vierges violées, veuves ou répudiées

    Les prostituées le sont pour des raisons financières, parce qu’elles sont sans ressources pour une raison ou une autre : tel est le cas pour les étrangères à la ville, les migrantes venant de la campagne, les filles exclues du système matrimonial parce qu’elles ont été violées, parce qu’elles sont des servantes enceintes et chassées, parce qu’elles sont veuves ou abandonnées. Mais il existe aussi une prostitution moins miséreuse, de femmes qui reçoivent discrètement chez elles des hommes de bonne condition, et que le voisinage tolère plus ou moins bien. La plupart des prostituées le sont, comme de nos jours, par utilité ou obligation. Dans ce contexte, la très grande majorité des prostituées est cantonnée dans les basses classes de la société, même si quelques-unes d’entre elles, devenues maîtresses de gens importants, parviennent à y échapper.

    Ne pas ressembler à une épouse légitime

    Faire commerce de ses charmes est longtemps vu comme une profession comme une autre. Les «putassières » demeurent cependant facilement identifiables. Il leur est, en effet, interdit de porter vêtements ou accessoires démontrant le luxe. Broches, fourrures et autres vêtements peuvent leur être sommairement confisqués.

    L’abbesse encaisse un tiers des gains pour un toit

    Les filles de joie racolent à peu près partout : bains publics, boisés, buissons, ruelle ou rue réservées à leur pratique, cour des nantis et autres endroits insolites. Cependant, les lieux dédiés aux habitués sont les bordels municipaux, que l’on appelle à cette époque «bourdeaux» ou «bon hostel». Ils sont souvent administrés par une maquerelle, souvent une femme mariée, appelée «abbesse», douce vengeance contre le clergé. Cette dernière encaisse le tiers des gains de ses filles en échange de leur pension. Il est donc très aisé de trouver remède à une envie pressante…

    La contraception naturelle

    Les pratiques sexuelles, pour ce que l’on peut en savoir, semblent être communément orales, anales, manuelles et interfémorales, les femmes fuyant le rapport vaginal pour des raisons contraceptives.

    Fin de carrière : abbesse, mariage ou couvent

    La fin de « carrière » est estimée autour de la trentaine, mais aucune source ne permet d’affirmer cet âge. Dès lors que les filles ne peuvent plus se prostituer, plusieurs choix de vie s’offrent à elles :

    • Devenir à leur tour tenancière – abbesse
    • Retraite dans le repentir « fondation Sainte Marie Madeleine
    • Le plus souvent, c’est le mariage qui les fait sortir de leur condition. En effet, épouser une fille de joie est considéré comme une œuvre pieuse par l’Eglise.

    La répression du vice

    Mais toléré au nom de la morale conjugale schizophrène

    Le rôle joué par l’Église et particulièrement ambigu.

    D’une part, et ce, depuis Saint-Au­gustin, elle voit la prostitution comme un mal inévitable qu’on ne peut enlever d’une société sous peine d’avoir d’autres maux. D’autre part, par son obligation morale, elle réprime à l’aide de ses tribunaux ecclésiastiques non pas les prostituées, mais les tenanciers et autres entremetteurs au nom de la morale conjugale.

     

    Les putains des soldats de Dieu

    En ces temps de guerres et de croisades, notons que les soldats et les croisés ne font pas exception à la tentation : un cortège de femmes suit l’armée, même celle de Dieu, lavandières comme prostituées. Les phases de défaites correspondent à un redressement des mœurs et vice-versa. Il faut comprendre que, lorsque les troupes commencent à perdre, les autorités le mettent sur le dos de leur honteuse débauche. Cependant, lorsqu’elles gagnent, les interdictions sont levées, et ainsi de suite, de victoires en défaites. Chose certaine, il y a du travail pour ces filles de joie qui vont parfois jusqu’à planter leur tente parmi celles des soldats. Leur réputation est cependant mauvaise, Jeanne d’Arc, par exemple, chassa les ribaudes qui suivaient son armée.

    Esclaves rasées pour laver leurs péchés

    Entre 1254 et 1269, Louis IX décide quand même d’éradiquer toute prostitution. Des lois qui permettent alors aux autorités d’incarcérer les demoiselles de joie sont mises en vigueur. Les prostituées qui sont capturées sont cependant envoyées dans des prisons toutes spéciales, où les conditions de vie sont misérables. Confiées à la garde de religieuses acariâtres et sadiques qui se croient désignées pour conjurer le vice, elles ont la tête rasée pour les humilier et on les fait travailler en quasi esclavage souvent jusqu’à une mort prématurée.

    Lire Les couvents de la Madeleine : camps de concentration pour mères célibataires et femmes libérées

    • 1254 : Ordonnance de Louis IX interdisant la prostitution, les personnes prostituées sont expulsées des villes et tous leurs biens sont saisis, jusqu’aux vêtements; et les proxénètes sont punis par des amendes équivalentes à une année de loyer.
    • 1256 : Nouvelle ordonnance de Louis IX qui revient sur l’interdiction stricte de la prostitution. La personne prostituée n’est plus que reléguée hors des murs des cités et loin des lieux de culte.
    • En 1269, Saint Louis, qui s’apprête à embarquer pour la huitième croisade, demande à nouveau d’extirper le mal du royaume. À nouveau, la clandestinité des prostituées et le désordre créé font fléchir le roi qui fait ouvrir des centres de reclassement pour les femmes publiques à Paris. Le pragmatisme fait d’ailleurs que les filles publiques sont non seulement admises, mais subsidiées pendant la huitième croisade. Les livres de comptes royaux font état de 13000 prostituées à payer pour le suivre à la guerre…

    L’inefficacité de la répression est patente. A la fin du Moyen Age, filles publiques, secrètes ou vagabondes pullulent dans les rues des villes, investissent étuves et hôtels princiers. Le temps où ces femmes, jugées impures, étaient interdites de mariage, semble désormais dépassé ; mais à bien y réfléchir, les ordonnances de Saint Louis étaient déjà en leur temps parfaitement irréalistes.

    Prisons pour prostituées, fornicatrices, adultères, pauvresses et célibataires

    Du XVIIe au XIXe siècle, la période moderne est marquée par la volonté de lutter contre la prostitution. Parfois les mesures visent son éradication, par l’emprisonnement ou le bannissement. Mais beaucoup de ces mesures sont assez vite oubliées ou pas du tout appliquées. Certains comportements sont nouveaux : des asiles s’ouvrent pour les femmes repenties, que vont bientôt rejoindre celles que l’on considère comme risquant de tomber dans la prostitution parce que pauvres et célibataires. Des ordonnances précisaient même de n’admettre que les jolies filles, les laides « n’ayant pas à craindre pour leur honneur ». L’Angleterre, puis l’Espagne, créent de tels établissements. En 1658, Louis XIV ordonne d’emprisonner à la Salpêtrière (Hôpital Général) toutes les femmes coupables de prostitution, fornication ou adultère, jusqu’à ce que les prêtres ou les religieuses responsables estiment qu’elles se sont repenties et ont changé.

    La Salpêtrière de Paris sous l’Ancien Régime : lieu d’exclusion et de punition pour femmes

    A son ouverture, en 1656, la Salpêtrière de Paris s’impose comme le plus grand établissement d’enfermement de femmes à l’époque moderne. Elle est chargée d’accueillir les femmes, jeunes filles et enfants mais aussi des couples sans ressources. En 1666, dix ans après l’édit d’établissement, la Salpêtrière accueillait 2322 pauvres. En 1684, Louis XIV ajouta à l’hospice, une prison, la « maison de force », pour les femmes prostituées, débauchées et condamnées, à laquelle on adjoignit un bâtiment pour les femmes et les filles détenues à la demande de leurs maris ou de leurs parents. La Salpêtrière comporta donc : un hospice et une prison pour les femmes.

    Les pauvres mendiants qui ne se seront pas rendus à la Pitié dans les délais prévus y seront amenés de force par les officiers de police. La loi interdit la mendicité « à peine du fouet contre les contrevenants, pour la première fois ; pour la seconde, des galères contre les hommes et garçons, et du bannissement contre les femmes et filles ».

    Pour changer la morale et les mœurs des femmes égarées

    Dès le règlement du 20 avril 1684, une nouvelle catégorie de la population parisienne est à enfermer : les femmes débauchées. Et c’est à la Salpêtrière qu’elles devront être « enfermées ».

    Comme la mendicité, la débauche et la prostitution sont combattues avec acharnement pendant tout le XVIIe siècle.

     

    Outre la déportation dans les colonies, l’Hôpital général devient le principal mode de mise à l’écart des prostituées jusqu’à la fin du XVIIIesiècle. Les prostituées étaient déjà mises en cause dans le 101e article de l’ordonnance de 1560 promulguée par François II puisque cette ordonnance interdisait tout simplement la prostitution.

     

    Cette mesure aurait été prise suite à la progression rapide de la syphilis. Et c’est tout naturellement qu’on s’est attaqué à ce qui ne pouvait être qu’à la base de ce développement : la prostitution. Sous couvert de santé publique on épurait ainsi les rues de Paris d’un autre fléau, la « débauche publique et scandaleuse ». Les mesures d’internement contre les débauchés se multiplient dans ce siècle de moralisation de la société. Des maisons de force avaient déjà été créées et aménagées pour les débauchées. Ces établissements étaient ouverts, théoriquement, aux seules volontaires, et avaient pour objectif de changer la morale et les mœurs de ces femmes égarées. Le roi prévient que « les femmes d’une débauche et prostitution publique et scandaleuse, ou qui en prostituent d’autres, seront renfermées dans un lieu particulier destiné pour cet effet dans la maison de la Salpêtrière ». Les débauchées pourront y être enfermées sur décision de justice. Après l’ordonnance du roi du 20 avril 1684, un inspecteur est chargé de la police des mœurs. Il est chargé, jour et nuit, de les arrêter et de les conduire au dépôt Saint-Martin, passage obligé des futures condamnées. Le lendemain, les femmes arrêtées comparaissent à l’audience du grand Châtelet. Les femmes condamnées, escortées par des archers, sont alors emmenées en charrette, dont les planches sont recouvertes de paille, à travers les rues de Paris, à la vue de tous, jusqu’à la Salpêtrière.

    Pour réprimer la libération des femmes

    Avec le XVIIIème siècle, une grande liberté des mœurs oblige la société à réagir. La police va être une grande pourvoyeuse de nos hôpitaux : se moquer du roi, de la religion, contrevenir à l’ordre public, désobéir à l’autorité paternelle, manquer à l’honneur familial, se débarrasser de sa fille ou de sa femme, être protestante, hérétique, révoltée ou troubler l’ordre public sont très souvent des fautes méritant l’incarcération des femmes à la Salpêtrière. C’est de plus en plus un bagne pour les femmes avec des travaux forcés et de sévères châtiments. Pourtant dans le même temps apparaît une timide humanisation avec l’arrivée de Tenon à la Salpêtrière en 1748. Il va y améliorer l’hospitalisation de ses malades. Quant aux folles, elles arrivent à la Salpêtrière pour y achever, souvent enchaînées, le reste de leur vie.

    La déportation des filles de honte

    Les fillettes abandonnées à la naissance étaient recueillies, élevées, éduquées, placées pour un travail et mariées par l’institution après enquête sur le conjoint (« les noces des orphelines »). Colbert trouva bon de peupler nos nouvelles colonies d’Amérique avec quelques-uns de ces jeunes orphelins et orphelines en les mariant « à la chaîne » (60 couples dans une matinée) lors de grandes cérémonies à l’église Saint-Louis de la Salpêtrière. Cette pratique s’est poursuivie sous la Régence. L’Angleterre commence à déporter aux Antilles les filles des maisons fermées : elles sont 400 après la fermeture des maisons de Londres en 1650 ; on estime à 10 000 celles qui rejoignent de force l’Amérique de 1700 à 1780. L’aristocratie européenne semble particulièrement violente dans sa façon de vivre la sexualité et, contrairement au Moyen Âge, on a pour ces siècles des récits de brutalité dans les établissements où orgies, coups, flagellation, débauche de mineurs sont courants. La société dans son ensemble est caractérisée par la violence sexuelle et, dans les campagnes comme dans les villes, des bandes organisées attaquent les femmes isolées pour des viols collectifs accompagnés de sévices.

    Un métier commun

    3000 bordels parisiens

    Force est de constater que, malgré les interdictions et les principes moraux, tous les niveaux des autorités civiles et religieuses comptabilisent les revenus des bordels qu’ils gèrent sans scrupule, à titre de revenus standards, comme les taxes ou les dons.

    À la fin de Moyen-âge, au temps du poète et

    brigand François Villon (1431-1463?), Paris compte plus de 3000 bordels. Pendant très longtemps, on prétexte que la prostitution est un exutoire pour éviter le viol et l’adultère. C’est pourquoi elle est alors tolérée et pourquoi l’Église tente de réhabiliter les pécheresses repentantes.

    13% des femmes se prostituent

    À la veille de la Révolution française, on évalue à 30 000 les simples prostituées de Paris et à 10 000 les prostituées de luxe ; à Londres, elles seraient 50 000, ce qui est une preuve de l’échec des mesures de répression. A la fin du XVIIIe siècle, on évalue à 40 000 le nombre de personnes prostituées à Paris (13 % de la population féminine). Pour mesurer l’ampleur du phénomène, la plupart des historiens contemporains soulignent que si la proportion de prostituées était la même aujourd’hui (environ 13 % des femmes), on aurait pour Paris intra-muros une population de plus de 100 000 prostituées.

    Un quart de parisiens clients : des recettes juteuses pour l’État

     

    La IIIe République est l’âge d’or des maisons closes qui font partie intégrante de la vie sociale. L’État, et notamment le fisc profitait de ce commerce en prélevant 50 à 60 pour cent sur les bénéfices. À Paris, ils sont environ 200 établissements officiels, sous le contrôle de la police et des médecins, ainsi que d’innombrables bordels clandestins qui comptent alors 15 000 prostituées. De 1870 à 1900 environ, il y a 155 000 femmes officiellement déclarées comme prostituées, mais la police en a arrêté pendant la même période 725 000 autres pour prostitution clandestine (soit 30 000 par an). 

     

    En 1953, les estimations les plus basses sont de 40 000 prostituées à Paris (les plus hautes parlent de 70 000), tandis que les bordels clandestins (les clandés) se multiplient (500 à Paris). La police estime à 40 000 clients par jour la fréquentation des diverses maisons, ce qui équivaudrait à dire que le quart des hommes parisiens avait des relations avec les prostituées.

    sources

    https://matricien.org/patriarcat/sociologie/prostitution/bordel-eglise/

     

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  • Puritaines? Vraiment?

     


    The_Scarlet_Letter_by_aru_loverPROSTITUTION : QUI SONT VRAIMENT LES PURITAINS ?

    Par Sporenda

        Il est pratiquement impossible de trouver un article défendant la prostitution où ne figure pas  le qualificatif de « puritaines » employé pour désigner les abolitionnistes.

    Bien sûr, la plupart de ceux qui lancent ce mot dans le débat n’ont pas la moindre idée de ce qu’était le puritanisme historique et semblent croire que ce mot est synonyme  de répression sexuelle et de croisade contre la prostitution.

    Dans le contexte actuel où le vote de la loi Olivier a exacerbé ces accusations de puritanisme, il est important d’examiner la relation entre puritanisme et prostitution et en particulier de déterminer si les Puritains étaient aussi opposés à la prostitution et aussi « réprimés sexuellement » que semblent le croire les anti-abolitionnistes.

    QUI ETAIENT LES PURITAINS, BREF RAPPEL HISTORIQUE …

    Queen_Victoria_1887En Grande-Bretagne, l’ère victorienne — qui consacre le triomphe  des valeurs  familiales bourgeoises en réaction  aux « mœurs licencieuses »  de l’aristocratie  sous la Régence-  est considérée comme l’ère puritaine par excellence.

    Il est alors prescrit aux femmes « bien » de se consacrer entièrement à leurs devoirs de mère et d’épouse : renvoyées  à la sphère domestique, elles n’ont pas d’existence civile, sont totalement dépendantes de leurs maris et leur assujettissement conjugal a rarement été aussi complet. Les biens de la femme deviennent propriété du mari lors du mariage et le restent même si elle quitte le domicile commun pour échapper à ses violences, et dans ce cas il a le droit de la kidnapper pour la récupérer et de la séquestrer.

    victorian colour 04Ces épouses bourgeoises peuvent d’autant mieux se consacrer  à leur vocation d’« anges du foyer » qu’elles sont  censées ne pas ressentir de désir sexuel, ou peu : « the majority of women are not much troubled by sexual feelings of any kind” écrit le vénérologue William Acton ( “The Functions and Disorders of the Reproductive Organs”). Qui ajoute: « l’amour du foyer, des enfants et des devoirs domestiques sont les seules passions qu’elles ressentent ».

    C’est une idée communément admise alors que « les femmes sont pures mais pas les hommes » car elles ne sont pas soumises  à la tyrannie des instincts sexuels (William Makepeace Thackeray, auteur du roman qui a inspiré le film « Barry Lyndon »,   »Pendennis”). De ce fait, elles sont  assignées au rôle de gardiennes de la morale—c’est elles qui doivent purifier  les hommes et les garder sur le droit chemin,  notamment par les liens sacrés du mariage. Et c’est justement parce qu’elles sont pures que le Premier ministre Gladstone affirme qu’elles ne doivent pas voter : la brutalité des joutes politiques offusquerait leur délicate sensibilité. Cette notion de la femme sans libido est un apport du puritanisme victorien et n’était pas généralement admise au XVIIIème siècle.

    Si les épouses sont tenues à la fidélité conjugale, les époux continuent par contre d’avoir toute liberté de pratiquer tous types d’ébats sexuels  avec des femmes autres que la leur, et la loi  sur le divorce (passée en 1858) qui ne reconnaît pas l’adultère de l’homme comme motif de divorce–contrairement à celui de la femme–sanctionne cette liberté.

    corsetsDes autorités religieuses de l’époque peuvent bien porter une condamnation morale contre la prostitution mais aucun victorien ne songe sérieusement à s’y opposer : elle est jugée regrettable mais  inévitable, « un mal nécessaire pour protéger la pureté des filles et des femmes et la sainteté du mariage », écrit encore Acton. S. Kent précise que  ce mal nécessaire « protège les femmes pures qui sinon pourraient involontairement provoquer le mâle à les violer » (Susan Kent, “Sex and Suffrage in Britain”).

    Le même auteur ajoute qu’elle est absolument indispensable parce qu’elle sert une finalité biologique : elle répond à «  l’urgence des pulsions  masculines et à la  nécessité de les soulager ».

    Dans ce discours victorien, les pulsions sexuelles masculines sont à la fois impératives et fondamentalement dangereuses : les hommes sont « par nature » sexuellement agressifs, aucune femme n’est à l’abri, et si cette agression sexuelle tous azimuths n’était pas canalisée, les femmes respectables elles-mêmes pourraient en être la cible.

    imagesCet argument de la prostitution qui protégerait les femmes contre le viol figure toujours en vedette dans l’argumentaire des défenseurs actuels de la prostitution. Et selon eux, ce risque de viol proviendrait  identiquement des « pulsions masculines incontrôlables ». Dans la version moderne, les hommes seraient esclaves de  leur testostérone (ou de la nécessité physiologique de vider leurs testicules), régis par des déterminismes biologiques qui les poussent à commettre des violences sexuelles et  qu’ils seraient impuissants à maîtriser.

    Evidemment,  le postulat des pulsions sexuelles, même  dangereuses,  qui ne doivent  pas être réprimées ne concerne ni les femmes, ni les homosexuels ni les hommes de couleur.

     Dans une telle situation où tout homme pourrait violer n’importe quelle femme, le droit de propriété  exclusif des maris sur leurs épouses ne serait plus garanti, ce qui déchaînerait  des  affrontements  pour la possession des femmes : la solidarité masculine serait rompue.

    article-2157884-13907C1D000005DC-781_638x489Pour concilier préservation du pacte patriarcal  et soulagement pulsionnel masculin, le discours victorien  préconise que celui-ci soit dirigé vers certaines catégories de femmes dont le viol est jugé sans conséquence : celles qui appartiennent aux classes inférieures qui—ça tombe bien—sont considérées à l’époque comme hypersexuées, donc faites pour ça.

    Dans cette logique, une catégorie de femmes –les putains—est désignée comme cible légitime des agressions sexuelles masculines et doit être sacrifiée pour préserver l’autre—les épouses ; cette nécessité de « faire la part du feu » en définissant deux types de femmes, celles que l’on peut violer et celles  que l’on ne peut pas violer, est clairement exprimée dans des textes de l’époque qui constatent que, regrettablement, le « sacrifice des femmes pauvres à la lubricité masculine » est inévitable.

    C’est le fait même que le puritanisme victorien fétichise la pureté des femmes tout en légitimant le libertinage des époux qui rend indispensable l’existence d’une classe de prostituées censées servir d’abcès de fixation aux pulsions masculines. Loin de s’opposer à la prostitution, les victoriens  la considèrent  donc comme absolument indispensable à la protection de la chasteté féminine, de la famille et de l’ordre moral.

    Unknown-1Dans la vision puritaine de la prostitution, celle-ci n’est pas  un simple privilège masculin, elle est une institution d’utilité publique (4 On trouve originellement cette conception de la prostitution comme mal nécessaire pour le bien commun  dans des écrits chrétiens comme ceux de Saint Augustin et Saint Thomas d’Aquin..)

    Si cette question de la prostitution préoccupe beaucoup les victoriens, ce n’est pas parce qu’ils veulent la réduire  mais au contraire l’organiser et la réglementer.  C’est ce qui est fait avec  les « Contagious Diseases Acts » dès 1864, passés dans le but  d’augmenter le contrôle social sur les prostituées, vues comme dangereuses à cause des maladies vénériennes qu’elles sont censées propager et de la criminalité qui se développe autour de leur commerce.

    La seule prostitution que les législateurs veulent  faire disparaître, c’est la prostitution de rue qui crée des désordres et dont la vue les choque : ils veulent la rendre invisible en obligeant les prostituées à exercer  dans des lieux clos. Ils veulent aussi que disparaisse la prostitution « sauvage » et pour cela,  les filles  devront être enregistrées auprès des services de police. D’après les historiens, ces réformes n’auront guère pour résultat que d’augmenter le pouvoir des proxénètes sur les « filles publiques ».

    images-1Bien sûr, si l’Angleterre et la France (dont s’inspirent les Anglais) sont prises alors d’une véritable frénésie règlementariste, ce n’est pas pour protéger les prostituées.  Ce qui motive l’approche règlementariste, c’est  la protection des hommes, en particulier de leur santé en tant que  clients susceptibles d’être infectés par des MST : des informations alarmantes circulent sur le taux de contamination de la population masculine, en particulier des soldats : 1 sur 3 serait affecté, la syphilis saperait l’aptitude au combat de  l’armée britannique et produirait des individus dégénérés. Suite aux Contagious Diseases Acts, les prostituées enregistrées ayant pour clients des soldats ou des marins sont désormais soumises à des visites médicales régulières  et la police peut contraindre à un examen médical et à un séjour prolongé en hospice toute femme prostituée ou suspectée de l’être. Examen qui ne concerne évidemment pas les clients  responsables de leur contamination.

    Cette idée que la prostitution est socialement  utile  mais doit être encadrée  par des règlements  stricts pour réduire ses nuisances (comme le racolage dans les quartiers bourgeois)  est toujours soutenue par les anti-abolitionnistes. Bien que le règlementarisme historique n’ait pas davantage réussi à faire disparaître la prostitution sauvage qu’à réduire la propagation des maladies vénériennes, un mouvement néo-règlementariste a fait sa réapparition il y a une vingtaine d’années et ses positions ont  obtenu gain de cause dans plusieurs pays.

    Ceux qui sont revenus au  règlementarisme malgré l’échec de celui-ci au XIXème siècle ont connu les mêmes résultats : une explosion de la prostitution, légale mais surtout illégale, accompagnée d’un développement exponentiel des réseaux de trafic et de proxénétisme et de la criminalité qui en découle. Et les Eros Centers installés dans les centres urbains n’ont  pas davantage amélioré la condition des personnes prostituées que les bordels d’autrefois .  

     STIGMATISATION

    images-1Dans l’Angleterre victorienne, les prostituées sont plus que jamais méprisées—les termes utilisés pour les désigner sont « femme tombée », « pariah », « dépravée », « perverse »   et « lépreuse »–elles sont vues  comme des tentatrices qui piègent les mâles innocents ou au mieux comme des pécheresses à ramener dans le droit chemin.

    Leurs clients, en revanche, bénéficient d’une complète indulgence sociale : « on ne peut faire de comparaison entre les prostituées et les hommes qui les fréquentent : pour l’un des sexes, l’offense est commise pour l’appât du gain, pour l’autre, c’est une faiblesse  due à une pulsion naturelle » écrivent les auteurs du rapport de la Commission Royale sur la prostitution en 1871.

    Ce discours qui excuse les clients et accable les prostituées  comme seules causes de l’existence de la prostitution parait  contradictoire puisqu’il identifie sexualité masculine et agression sexuelle. Mais lorsque des hommes commettent des actes sexuels « immoraux », y compris avec des enfants, ils sont exonérés de toute responsabilité et l’immoralité est le fait des victimes puisque l’opinion reçue est qu’ils ont été séduits et provoqués.

     Au 21ème siècle, non seulement  ce sont toujours les femmes économiquement vulnérables qui fournissent  les gros bataillons de la prostitution mais le discours qui excuse  les acheteurs de rapports sexuels tarifés et  stigmatise les prostituées qui les vendent est toujours en place, avec  peu de changements.

    Ceux qui soutiennent que la prostitution est « un métier comme un autre » considèrent en fait que la prostitution est surtout « un métier pour les autres » : pour les pauvres et les immigrées, pas  pour les femmes de leur famille ou de leur classe sociale. A Pascal Bruckner, tenant de la thèse « un métier comme un autre », un écrivain connu avait  répondu que « dans ce cas-là sa fille pourrait le faire ». Bruckner a fait un procès à l’auteur et au magazine qui l’avait publié et  l’a gagné.

    De même que persiste  le discours qui innocente les agresseurs sexuels en invoquant la provocation de la part de celles qui en sont victimes.

    DOUBLE STANDARD

    Unknown-3

    Deux poids deux mesures: le puritanisme victorien  incarne une version  exacerbée du double standard. Aux femmes destinées à être des épouses, la  sexualité conjugale reproductrice « vanille », toute autre forme d’expression sexuelle  leur vaut d’être socialement ostracisées, voire excisées : l’ablation du clitoris était pratiquée par certains médecins victoriens pour « guérir » des femmes diagnostiquées comme hystériques, masturbatrices ou nymphomanes.

    Seules les prostituées et les femmes des classes inférieures sont vues comme possédant ces «bas  instincts» sexuels ; hypersexuées, elles sont considérées comme physiologiquement différentes des femmes honnêtes.

    Fantasmes dont il reste quelque chose chez  des avocats actuels de la prostitution qui prétendent que si certaines femmes se prostituent, c’est parce qu’elles « aiment ça ».

    RÉPRESSION SEXUELLE DES FEMMES

    Le puritanisme n’est donc pas du tout une répression tous azimuths de la sexualité ; en fait, seule la sexualité féminine est réprimée :

    -       réprimée chez les bourgeoises  que le discours victorien prétend  dénuées de libido, tout en affirmant contradictoirement qu’elles doivent être sévèrement punies si elles persistent à en avoir une.

    -       réprimée chez les prostituées dont la sexualité n’est reconnue que dans la mesure où celle-ci se limite à satisfaire les exigences sexuelles de leurs clients.

    Dans les deux cas, la possibilité que la sexualité féminine puisse être autodéterminée et autocentrée est  impensable ; dans l’idéologie victorienne, seule la libération des pulsions masculines est licite et les femmes n’en sont que le réceptacle.

    ÉROTISATION DE LA SUBORDINATION

    Pour le victorien, c’est  le fait même que les prostituées sont dégradées—par leur activité, par leur sexe, leur classe sociale—qui les rend sexuellement excitantes : le désir éprouvé pour une femme est directement proportionnel à son infériorisation.

    Freud, victorien typique, a parlé à ce sujet du besoin masculin d’un « objet sexuel rabaissé » : l’homme ne peut ressentir d’excitation sexuelle que s’il méprise sa partenaire, la subordination est non seulement érotisée, elle est la condition même de l’érotisation.

    En conséquence, la sexualité victorienne radicalise l’opposition maman/putain , le puritain-type veut que sa femme soit pure et irréprochable et que sa « pute » (diraient les 343 salauds) soit  dépravée  et lubrique ; c’est l’homme  respectable qui va au bordel le samedi soir et le dimanche matin au temple : Dr Jekyll et Mr Hyde. Ce n’est pas un hasard si le personnage à deux faces de Robert Louis Stevenson a été inventé en pleine ère victorienne.

    Unknown-1Le revers de toutes les sociétés puritaines proposant un idéal de moralité inaccessible est évidemment l’hypocrisie : « les hommes aiment une classe de femmes, leurs épouses, mais ils ont recours à des prostituées pour le sexe, tout en prêchant la pureté pour leurs femmes ». remarque W. R. Greg (5. W.R Greg, “Prostitution”, The Westminster Review, 1850). Tel avocat de la pureté des épouses comme Patmore, qui célèbre dans ses écrits la figure de l’épouse « ange du foyer » avait une très importante bibliothèque pornographique : beaucoup de victoriens violaient secrètement le code moral qu’ils préconisaient.  Ce qui est condamné socialement, ce n’est pas tant le vice—tant qu’il reste caché–, que sa révélation, qui provoque le scandale.

    Même si la distinction entre ces deux catégories maman/putain est un peu brouillée de nos jours, de nombreux de clients modernes de la prostitution arguent qu’ils ont certains fantasmes qu’ils n’osent pas ou ne veulent pas demander à leur compagne de réaliser, précisément parce qu’ils  la respectent.  Ou ils confient qu’ils ne désirent plus leur femme , trop convenable pour être excitante, d’où leur recours à des prostituées.

    Dans les deux cas, ils laissent entendre qu’ils ne peuvent atteindre une excitation sexuelle intense qu’avec une femme de statut social et moral dégradé : c’est l’existence d’un différentiel hiérarchique entre eux et leur partenaire qui conditionne leur érection, à la différence de genre venant s’ajouter  celles de classe et –suite à la globalisation– de « race ».

    Pour ces hommes, la sexualité sert toujours à acter leur statut de dominant, tout rapport sexuel fonctionne ainsi implicitement ou explicitement sur un schéma SM, et la jouissance sexuelle est surtout la jouissance  du sentiment de pouvoir que leur procure  le rapport sexuel.

    Bien plus, pour nombre de clients de la prostitution moderne, le recours aux prostituées est recherché comme donnant accès au seul espace (avec le porno) encore non  contaminé par les principes d’égalité des sexes, où ils peuvent retrouver le degré de soumission féminine qui existait dans les sociétés du XIXème siècle et dont ils regrettent amèrement  la disparition.

    PEUR D’UNE SEXUALITÉ FÉMININE AUTONOME

    Entre frigide et insatiable, clairement, la sexualité féminine est anxiogène pour les victoriens; dans leur vision, la femme enjôleuse et  tentatrice laissée libre d’utiliser son pouvoir sexuel à sa guise peut faire tomber l’homme dans ses filets, le manipuler comme un pantin  et l’évincer de sa position de dominant.

    Unknown-5Les images de femmes fatales, dominatrices et « castratrices » abondent dans la peinture de l’époque : Messaline, Salomé, Dalilah, etc. Ces figures  maléfiques expriment la « panique morale » masculine devant tout  possibilité d’autonomie  sexuelle féminine, hypothèse absolument terrifiante dans les sociétés puritaines–chrétiennes comme musulmanes.

    Que le corps et la sexualité des femmes puissent échapper au contrôle des hommes, non seulement c’est une menace pour l’autorité et l’ordre rationnel masculins  mais cela met en péril  la virilité même : face à des femmes sexuellement  non soumises, les hommes ont peur de ne plus avoir d’érections–l’égalité des sexes empêcherait de bander.

    Unknown-6Evidemment, dans  cette conception où le rapport sexuel présuppose et confirme l’inégalité des partenaires, la sexualité est complètement phagocytée par le politique : il ne s’agit pas tant de jouir sensuellement du corps de l’autre que d’affirmer son pouvoir sur lui.

    Ces peurs et ces fantasmes sous-tendent encore l’argumentation des rétrogrades qui défendent la prostitution au 21ème siècle :

    -  désir de contrôler le corps des femmes—la loi espagnole interdisant l’avortement témoigne que ce désir n’a pas disparu et  ne demande que des circonstances favorables pour s’exprimer.

    - désir de contrôler la sexualité des femmes : dans la prostitution, en payant ; dans les rapports hétérosexuels, en imposant comme « sexualité » une sexualité masculine centrée sur la pénétration.

    - désir de continuer à disposer d’une catégorie de femmes vouées à les servir sexuellement.

    - revendication de l’inégalité comme indispensable au désir, peur d’être dévirilisé par la montée en puissance des femmes , toute manifestation d’indépendance féminine conjure un fantasme d’impuissance sexuelle,  qui signifie perte de pouvoir tout court :  des hommes devenus impuissants  perdraient nécessairement toute autorité sur les femmes.

    NO LIMITS NO LAWS

    Dans la gestion de la sexualité puritaine, à la répression obsessionnelle de  la sexualité féminine  répond la libération encouragée et organisée des pulsions masculines, posées comme non  négociables. Hormis le droit de propriété des autres hommes sur leurs femmes, certains soucis d’hygiène et d’ordre public  et le respect des convenances, non seulement rien ne doit en entraver ou  restreindre l’expression mais tout doit être fait pour qu’elles puissent être assouvies partout et toujours.

    Aux hommes, une large gamme d’options sexuelles est offerte, pourvu qu’ils puissent payer. Malgré –ou à cause—de la réprobation  exprimée par les autorités morales et religieuses, la prostitution prospère: la seule ville de Londres, selon la revue médicale ‘The Lancet’, aurait compté environ 80 000 prostituées (pour 2,3 millions d’habitants) en 1887, soit deux fois plus que le nombre actuel de prostituées estimé par l’OCRTEH pour toute la France.

    A l’apogée du puritanisme victorien correspond donc une apogée de la prostitution,  les années 1850 ont été nommées « the golden years of prostitution » par des historiens.

    La prostitution est omniprésente dans les rues des grandes villes anglaises : les salaires de misère payés aux jeunes ouvrières les obligent pratiquement à se prostituer pour survivre.

    Contre argent, toutes les perversions peuvent être satisfaites, il existe des bordels pour tous les goûts : SM, homosexuels, petites filles ou petits garçons, etc. L’âge requis pour le consentement était 13 ans, et la plupart des prostituées entraient dans le métier vers 11/12 ans.

    L’apparition de la photographie entraîne aussi une production considérable de matériel pornographique déclinant pareillement toute la gamme des fantasmes masculins : SM, inceste, viol, pédophilie, orgies. Des « bottins » sont publiés régulièrement listant des centaines de prostituées, avec leurs photos, leurs spécialités et leurs tarifs : l’ère victorienne est aussi un âge d’or de la pornographie.

    Cora1Les hommes respectables osent les pires violences sur les enfants et les femmes pauvres sans encourir de  réprobation ou de sanction sociale : la courtisane Cora Pearl raconte dans ses mémoires comment à l’âge de 13 ans, ayant été abordée dans la rue par un bourgeois qui lui offrit d’aller manger des gâteaux dans un café, elle perdit connaissance après avoir bu une limonade et se retrouva quelques heures après dans un lit avec du sang entre les jambes.

    L’auteur inconnu de « My Secret Life »,  journal de sa vie sexuelle tenu par un riche bourgeois dont l’identité n’a pas été élucidée,  raconte sans aucun embarras comment, contre argent comptant, il peut régulièrement violer des petites filles de 10 ans (6.  My Secret Life (1888), Walter http://en.wikipedia.org/wiki/My_Secret_Life_(erotica)). Rien n’est fait pour réprimer de tels comportements, la loi reste en dehors de la sphère privée,  les conduites masculines les plus abjectes sont sanctuarisées par le pouvoir de ceux qui s’y livrent, et les victimes se taisent.

    William_Thomas_SteadCe n’est que vers les années 1880 qu’une vraie mise en cause de la prostitution des enfants se fait jour dans l’opinion, suite en particulier à une série d’articles écrits par le journaliste W.T. Stead  intitulés « The Maiden Tribute of Modern Babylon » (7.  W.T. Stead, “The Maiden Tribute of Modern Babylon”, Pall Mall Gazette, juillet 1885). Celui-ci avait été écoeuré de découvrir à quel point  ces pratiques pédophiles étaient répandues, et surtout que les autorités en étaient pleinement informées mais fermaient les yeux eu égard au rang social des pédophiles. Ses évocations des « chambres capitonnées où des débauchés des classes supérieures  pouvaient  …se délecter  des cris d’un enfant en bas âge » font l’effet d’un électrochoc sur l’opinion, les législateurs réagissent et cette campagne aboutira au passage de la « Criminal Law Amendment Act » de 1885.

    Suggérer comme le font  les pro-prostitution actuels que puritanisme = abolitionnisme et répression sexuelle est donc un contresens total : en fait, le puritanisme est un fondamentalisme patriarcal, la pureté sexuelle chère aux puritains n’est réellement exigée que des femmes et cette injonction de pureté permet de maximiser le contrôle masculin et la répression sexuelle dont elles font l’objet.  Andrea Dworkin a très bien compris que le puritanisme n’était qu’une ruse patriarcale, une « stratégie masculine  pour garder le pénis caché, tabou et sacré ».

    Corrélativement, si la prostitution fait l’objet d’une condamnation  hypocrite dans les sociétés dites puritaines, elle y bénéficie en réalité d’un large soutien social et institutionnel.

    Epouses  plus ou moins asexuées pour le service domestique et reproductif et  « filles publiques » hypersexuées pour le service sexuel : « le code victorien est fondé sur le partenariat prostitution/mariage ».

    bordel-ok copieJ’ai pris pour exemple le puritanisme victorien mais des systèmes de prescriptions et d’interdits similaires axés sur la même obsession de la pureté féminine encadrent les femmes dans toutes les sociétés puritaines, aux Etats-Unis à la période coloniale comme dans des cultures  non occidentales. On sait par des exemples récents que les bordels et la prostitution de rue ne disparaissent pas  dans les pays où des régimes  fondamentalistes ultra-religieux mettant en oeuvre un contrôle très strict des femmes arrivent au pouvoir : la prostitution (par exemple sous la forme coranique du mariage temporaire) n’a pas disparu en Afghanistan au temps des talibans et pas davantage en Egypte sous le gouvernement Morsi. En Turquie, les fondamentalistes religieux de l’AKP (le parti d’Erdogan) loin de chercher à abolir la prostitution, l’ont réglementée : les sociétés puritaines, patriarcales et misogynes,  s’accommodent fort bien de l’institution patriarcale et misogyne qu’est la prostitution.

    QUI SONT VRAIMENT LES PURITAINS ?

    Et donc, face aux  accusations de puritanisme lancées par les pro-prostitution contre les féministes abolitionnistes, on doit poser la question : qui sont vraiment les  puritains ?

    Les anti-abolitionnistes prétendent présenter comme un choix libérateur, moderne et porteur d’empowerment une institution patriarcale plurimillénaire qui, avec le mariage traditionnel,  organise la domination des hommes sur les femmes depuis des siècles.

    Leur défense de la prostitution repose, avec peu de changements, sur les mêmes archétypes ancestraux et est calquée— parfois mot pour mot—sur celle des puritains victoriens.

    Unknown-4Ils se prétendent pro-sexe mais considèrent que leur satisfaction sexuelle exige la destruction de la sexualité des prostituées et la restriction  de celle des autres femmes, uniquement autorisées  à jouir d’être dominées (cf. Fifty Shades of Grey).

    Inversion patriarcale caractérisée : alors que le puritanisme a pour conséquence de renforcer le contrôle masculin sur la sexualité féminine, ils  accusent de puritanisme les féministes qui veulent au contraire libérer les femmes de ce contrôle.

     ANTISEXE OU ANTI-AGRESSIONS SEXUELLES ?

    Qui accuse les féministes d’être puritaines et  antisexe ?

    imagesAvant Antoine, Elisabeth Lévy, Caubère & co, les défenseurs de DSK ont crié au « retour du puritanisme » quand leur héros a été inculpé pour tentative de viol. Parmi eux, de grands démocrates et hommes de gauche comme Jean-François Kahn et Jack Lang  ont montré en quel mépris ils tenaient les femmes  et les lois républicaines punissant le viol dès lors que solidarité masculine et copinages politiques étaient en jeu.

    A cette occasion, les medias ont repassé en boucle  les inusables clichés  de comptoir sur le puritanisme des Américains qui— violence inouie  —ont osé arrêter un suspect de viol présidentiable.

    Les mêmes accusations de puritanisme ont été lancées par les supporters de Roman Polanski (qui sont  à peu près les mêmes que ceux de DSK): comment—disaient-ils–  pouvait-on tenir rigueur à ce grand artiste de quelques lointaines incartades ?

    Pour eux, le scandale n’était pas qu’un homme ayant violé une gamine de 13 ans ait échappé si longtemps à la justice américaine mais que celle-ci ait considéré qu’un artiste riche et célèbre n’était pas pour autant  au-dessus des lois : anathème en France, où  au contraire le fait de faire partie de l’élite est censé vous conférer protections et passe-droits.

    Et tout récemment on retrouve ces accusations sous la plume de Gabriel Matzneff et de ses fans,  indignés qu’une pétition ait été lancée contre l’attribution du Prix Renaudot à cet avocat enthousiaste de la pédophilie qui déplorait dans un de ses livres que la bourgeoisie ait érigé un «mur de protection moralisatrice puritaine autour des adolescents ».

    Ces accusations de puritanisme ont toujours accompagné le féminisme : les suffragettes étaient déjà traitées de prudes quand elles dénonçaient incestes et viols d’enfants et voulaient faire relever l’âge du consentement à 16 ans.

    Et donc :

    Dès que les féministes prétendent dénoncer le harcèlement sexuel, le viol et la pédocriminalité et demander que les lois censées les punir soient vraiment appliquées, le chœur des prédateurs sexuels et de leurs admirateurs donne de la voix et hurle au puritanisme.

    Que soit dénié aux hommes le droit de violer et de violenter impunément est  présenté  comme une atteinte insupportable à leur liberté.

    Que soit mis en cause leur droit inconditionnel à  disposer d’une sous-classe de femmes sexuellement à leur service est vécu comme  un déni de justice.

    Que certaines osent simplement suggérer que non, les femmes ne sont pas  obligées d’avoir des rapports sexuels à la demande ou d’accepter des pratiques pornos dégradantes  constitue  pour eux une « attaque contre la sexualité masculine ».

    Unknown-2Est ainsi qualifiée de puritaine (ou coincée, ou frigide, ou prude), toute femme qui refuse ou pose des limites aux exigences sexuelles masculines. Dans cette stratégie d’intimidation très efficace, toute femme qui ne se soumet pas  est désignée comme « anti-sexe », toute dénonciation des violences sexuelles est qualifiée de «retour à l’ordre moral».

    Dénoncer les violences sexuelles masculines n’est pas être anti-sexe. Si certains hommes voudraient nous le faire croire, c’est justement parce qu’ils confondent sexualité masculine et agression sexuelle.

    Pour ces hommes, même s’ils font mine de les accepter publiquement,   les principes d’égalité des sexes ne sont que des mots vides de sens et les lois punissant les violeurs et les pédocriminels des chiffons de papier qu’il n’a jamais été question d’appliquer vraiment ; la seule loi  qui compte à leurs yeux, celle qui prime  sur toutes les autres, c’est le droit patriarcal intangible d’accès sexuel au corps des femmes.

    SPORENDA

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    Florenz Ziegfeld posing with the Follies Girls at a rehearsal in 1931.

     

     

     

     

     

     

     

     

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     The Albertina Rasch Dancers in the Ziegfeld Follies of 1931

     

     

     

     

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    In 1931 Ruth Etting appeared in the very last Follies, which opened at the Ziegfeld Theater on July 1, 1931, and ran through November 21 before heading out on tour, for a total of 164 performances on Broadway.

    Ruth Etting revived a song Nora Bayes made famous in The Follies of 1918, Shine On, Harvest Moon. It became one of her biggest hits, and is so closely associated with Ruth Etting, that her recording is considered the definitive version of this standard.

     

    In fact, she ended up recording the song again for the film, California Weather in 1933.

     

    She also sang another standard, You Made Me Love You and while dressed as a Cigarette Girl, sang Cigarettes, Cigars

     Jack Pearl, Ruth Etting, Helen Morgan and Harry Richmond. The Stars of the 1931 Ziegfeld Follies.

    Ziegfeld Follies, 1931

    Ziegfeld Follies of 1931 - theatre program

     

     

    Ziegfeld Follies, 1931
    Ziegfeld Theater, 6th Avenue at 54th Street, New York, NY.
    Opened July 1, 1931, ran for 164 performances
    *

    Produced by Florenz Ziegfeld, Jr.
    Directed by Edward C. Lilley
    Musical Director: Oscar Bradley
    Music orchestrated by Maurice De Packh, Will Vodery, Howard Jackson and Joe Jordan
    Staged by Florenz Ziegfeld, Jr. and Gene Buck
    Dialogue staged by Edward Clarke Lilley
    Dances staged by Bobby Connolly and Albertina Rasch
    Scenic Design by Joseph Urban
    Costume Design by John Harkrider

     

     

    Cast:
    A. Samish
    Albert Carroll
    Albertina Rasch Dancers
    Alice Burrage
    Anne Lee Patterson
    Arthur Campbell
    Barbara Smith
    Bernice Roberts
    Betty Dumbris
    Betty Real
    Billie Cortez
    Billie Seward
    Billy Hughes
    Blanche Satchel
    Blanche Satchell
    Boots Mallory
    Buck & Bubbles
    Caja Eric
    Cassie Hanley
    Catherine Clark
    Christine Maple
    Clayton Estes
    Cliff Hall
    Conrad Sparin
    David Drollet
    Dennis McCurtin
    Dorissa Nelova
    Dorothy Dell
    Dorothy Dodge
    Dorothy Flood
    Earl Oxford
    Eileen Wenzel
    Emmita Casanova
    Ernest McChesney
    Ethel Borden
    Eunice Holmes
    Faith Bacon
    Frank Britton
    Frank Lang
    Frank McCormack
    Frieda Mierse
    Gene Gory
    George Lamar
    Georgia Ellis
    Gladys Glad
    Gordon Carper
    Grace Moore
    Hal Le Roy
    Harry Richman
    Helen Carson
    Helen Hannan
    Helen Morgan
    Helen Walsh
    Herschel Martin
    Iris Adrian
    Jack Arthur
    Jack Bruns
    Jack Pearl
    Jean Audree
    Jean Howard
    Jim Moore
    Joan Burgess
    John Daly Murphy
    John Gurney
    John W. Bubbles
    Joseph Toner
    Katherine Burke
    Kay English
    Lena Thomas
    Leonard Stokes
    Lorelle McCarver
    Marguerite Durand
    Marguerite Eisele
    Marie Stevens
    Marjorie Levoe
    Marjorie McLaughlin
    Mary Alice Rice
    Mildred Borst
    Milt Britton
    Milton Le Roy
    Mitzi Mayfair
    Netta Deuschateau
    Olive McLay
    Pat O’Day
    Paul Gursdorff
    Pearl Harris
    Robert Baldwin
    Robert Walker
    Robert White
    Rosa Fromson
    Rose Gale
    Russell Johns
    Ruth Etting
    Ruth Patterson
    Sunny Trowbridge
    The Collette Sisters
    Thomas Arace
    Tito
    Tom Kendall
    Vera Milton
    Virginia Bethel
    Virginia Biddle
    Vivian Porter
    William Royal
    Yvonne Grey

     

    This has been colorized and it is beautiful. Jean Ackerman - Ziegfeld Follies Girl - Performed in the Ziegfeld Follies of 1927, the Ziegfeld Midnight Frolic of 1929, and in Ziegfeld’s musicals Rosalie, Whoopee 1928 and Smiles 1930 - @Mlle by Manueeltje

    http://ruthetting.com/ziegfeld-follies-1931/

     

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