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    Les Tuileries et les galeries du Palais-Royal sont le centre de la prostitution parisienne au XVIIIe siècle.

    Au cours du XIXe siècle, les maisons closes s’éparpillent dans Paris, notamment sur les grands boulevards où foisonne la vie ainsi que dans les passages couverts à l’architecture moderne et à la forte fréquentation, où tout se vend et tout s’achète. Les galeries du Palais-Royal sont peu à peu délaissées.

     


    16 rue Blondel, Paris, France, octobre 1920
    Autochrome de Frédéric Gadmer, Inv. A 24050
    © Musée Albert-Kahn - Département des Hauts-de-Seine

     

     

    L'architecture de la maison borgne

     

     

     

    Les maisons closes ou borgnes tiennent leurs noms de leur architecture spécifique : tournées vers l’intérieur, elles présentent des façades dépouillées et neutres, aux fenêtres souvent grillagées ou masquées pour empêcher les femmes de racoler.

      

    En revanche, l’intérieur est très soigné et les décors théâtraux, la maison s’articule autour d’un escalier central desservant tout l’immeuble entièrement consacré à la prostitution.

      

      

     

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    Au-dessus de la double-porte d’entrée se trouve la mythique lanterne rouge, héritée des lupanars antiques, éclairant le numéro à la nuit tombée.

      

    Certaines maisons portent parfois une enseigne. Les immeubles occupés par les maisons borgnes ne sont souvent large que d’une seule pièce, les rendant immédiatement reconnaissable depuis la rue.

      

    Ne donnant aucune vision directe sur l'intérieur depuis la rue, la porte d'entrée s'orne parfois d'éléments de décor attrayants tandis que les clients quittent l'endroit par une porte dérobée.

     

     
     
     
      

     

     

    Une pratique répandue

     

      

    Au XIXe siècle, la maison close est un endroit chic que les hommes d'affaires comme les étudiants côtoient sans se cacher. 200 établissements officiels, contrôlés par la police et des médecins sont recensés dans Paris.

      

    L'Etat profite du commerce en prélevant par l'intermédiaire du fisc, 50 à 60 pour cent sur les bénéfices.

      

    Entre 1870 et 1900, 155 000 femmes sont déclarées comme prostituées ; à ce nombre s'ajoutent de nombreuses femmes qui pratiquent la prostitution clandestine.

      

    En 1911, la police autorise les « maisons de rendez-vous », moins identifiables de l’extérieur, où les prostituées ne vivent pas mais viennent seulement travailler.

      

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    Ces établissements modernes font la satisfaction d’une clientèle aisée et discrète dans les années 20.

      

    Parallèlement à ces maisons officielles, on trouve des cafés à serveuses

    « montantes » ou des instituts de bains et de massage à la prostitution déguisée. Mais il existe un type de maison close destiné au bas de l’échelle sociale, les maisons d’abattage.

      

      

    Soumises à la même réglementation que les maisons closes classiques ou luxueuses, le travail s’y effectue à la chaîne. La clientèle est constituée d’ouvriers ou de soldats. Les plus grandes de ces maisons peuvent faire travailler jusqu’à 50 femmes soutenant un rythme effréné (chacune peut recevoir plus de 20 clients par jour).

     

     

     Rue Blondel

     

    Et réglementée

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    La prostitution est soumise à une réglementation qui s'élabore au fil des ans. En 1796, Napoléon institue un registre de la prostitution, quelques années plus tard en 1802, la visite médicale devient obligatoire.

      

    La légalisation de la « tolérance » et des maisons closes se précise en 1804 : une brigade des mœurs contrôle les filles et les maisons. Les prostituées doivent alors s'inscrire d'abord à la préfecture et ensuite dans une maison. Les filles des rues sont dites « en carte », celles des maisons closes sont dites « à numéro ».


    Le règlement détaillé édité en 1823 par le préfet de police Dubois reste inchangé jusqu’en 1946.

     

     

     

     

    Hygiénisme et moralité

     

      

    La mise en place d’un système de tolérance implique une surveillance sanitaire dès la fin du XIXe siècle.


    Au début du XXe, la propagation des maladies vénériennes, dont la syphilis, alerte les autorités : les débats portent à la fois sur les questions d’hygiène et sur la moralité, remettant en cause la réglementation existante considérée comme hypocrite.

     

     

    Rue Sainte Appoline

      

      

    Le Comité national d’Etudes sociales et politiques créé par Albert Kahn se penche sur ces questions et publie plusieurs rapports en 1928.

     

    L’idée de l’abolitionnisme fait son chemin et le 13 avril 1946, le projet de loi sur la fermeture des maisons closes initié par l’ancienne prostituée Marthe Richard est finalement voté. 1500 établissements, dont 180 à Paris, ferment leurs portes.

     

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    Persiennes et gros numéros

     

      

    L’image codifiée de la maison close est ancrée dans la mémoire collective, peu modifiée en un siècle et demi d’existence officielle : gros numéros, persiennes et lanternes rouges ont été fixés et diffusés par les artistes, observateurs ou amateurs de ces paradis artificiels.

     

     

      

    L’évocation des maisons closes et des lieux de plaisir peuple le monde de l’artà l’entre deux guerre, assouvissant l’infini besoin d’étourdissement et de jouissance qui caractérise cette période.

    La crise de 1929 met fin à ces années vouées aux plaisirs légers.

     

     

     

     

      

    http://albert-kahn.hauts-de-seine.net/archives-de-la-planete/dossier/maisons-closes/

     

     

    photos google

     

     

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    Jetons pour maisons closes.

     

     

    http://www.delcampe.fr/items?catLists%5B0%5D=9492&language=F&page=1&useAsDefault=N&buyingFormatForm%5Bsale_type%5D=sale_type_auction&sortByForm%5Bsort%5D=date_fin_ASC

     

     

     

     

     http://cultures-j.com/au-coeur-des-maisons-closes-avec-fraulein-france-de-romain-sardou/

     

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  • Marie Ernestine Blanche Antigny

    dite Blanche d’Antigny

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    « Nana » d’Emile Zola :

    une société désespérée par la prostitution

     

    BLANCHE D'ANTIGNY

    Par Bernard Vassor

    Une des deux lionnes ayant servi de modèle à Zola pour le portrait de Nana

      

    Nous apprenons dans le registre des archives de la Police, (série BB)  un lourd volume in-folio, près de mille pages, ayant des ais de bois et un fermoir avec des coins en cuivre) que

     

     

    Ernestine Blanche dite Blanche d'Antigny

    vivait au jour le jour dès l'âge de 17 ou 18 ans, fréquentant les endroits publics, dont le bal Mabille, véritable terrain de chasse pour les courisanes en herbe.

     

     

    Elle habitait alors un garni  6 cité d'Antin, puis, plus tard au 17. Elle était avec Pépita Sanchez sous la coupe de la Guimont, célèbre procureuse de la rue Joubert.

     

     

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    Voici la description presque photographique d’un témoin de son temps :

      

    « C’était une belle, bonne, blonde, réjouie et plantureuse fille aux yeux bleu saphir, à la chair couleur de lait, toujours en gaité et en santé.. Elle avait un buste superbe, une gorge opulente, modelée et arrogante, qui contrastaient légèrement avec la partie inférieure de son corps, relativement grêle. Au total, ragoûtante au possible et ne manquant que d’une seule chose, la distinction. (…)

     

    Elle fut un moment une des reines de Paris.

     

    Elle se promenait au bois avec un curieux atelage russe et des trotteurs de l’Ukraine, conduite par un moujik en blouse de soie, qui attirait tous les regards. (…)

     

    Les hommes à la mode, les jeunes seigneurs les plus courrus, les nababs les plus étincelants, les parvenus les plus cossus lui faisaient une cour acharnée et rivalisaient à son égard de générosité et de passion. »

      

    Elle était parmi les dames galantes,

    parmi celles qui ont consommé le plus de livres.

     

    Elle était une habituée de la « Librairie Nouvelle » du boulevard des Italiens, où tout ce qui se passe et tout ce qui se dit à Paris est raconté et commenté parfois par des témoins oculaires.

     

    Née en 1840, elle fréquenta dès l'age de 15 ans le bal Bullier. Elle est engagée comme écuyère au Cirque d'Hiver en 1856.

     

    A 18 ans, elle se fait remarquer par sa façon de danser au bal Mabille et obtient ainsi un engagement au théâtre de la Porte Saint Martin.

     

    Elle obtint de nombreux succès, et sa notoriété va devenir immense.

     

    En 1862, elle prend pour secrétaire le jeune Arthur Meyer (futur fondateur de journaux et du musée Grévin) lui permettant ainsi grâce à ses relations, une ascension rapide dans le monde du journalisme.

    Curieusement, Arthur Meyer fut également secrétaire du préfet Janvier de la Motte !!!

    Afficher l'image d'origine  

    En 1863, un prince russe l'emène à Moscou où elle devint la maîtresse du très riche et très puissant préfet de Police Mesentof du Tsar qui en fit la plus recherchée et la plus chère à entretenir des courtisanes du royaume.

     

    Revenue à Paris elle occupe les plus grands rôles dans les salles parisiennes et des tournées en province. .........................................................................................................

    Pendant la guerre franco-prussienne, elle accueille les blessés dans son hôtel particulier de l'avenue Friedland.

     

    Elle passe la période de la Commune de Paris dans sa maison de Saint Germain en Laye.

     

    En 1872, au cours d'un voyage à Londres, elle rencontre d'anciens communards proscrits auxquels elle accorde une aide discrète. Jean Baptiste Clément fou amoureux lui decicace une chanson.

      

    Son amour n'étant pas récompensé, il modifie sa dédicace au profit de la Comune de Paris. Pour echapper à ses créanciers, elle part pour l'Egypte en 1873.

    Elle contracte une maladie et rentre en France où ruinée, elle est hébergée par son amie Caroline Letessier qui lui donne asile et la fait soigner(morte en 1892 et maîtresse de Maurice Janvier de la Motte, le second et digne fils du célèbre préfet)

     

    Elle figure dans le carnet de notes préparatoires de Zola pour Nana page 311 avec ces indications : "laide, agée. Esprit. Très mordantes" elle était née vers 1837 Zola en 1840 !).

      

    Le portrait dans Nana est double :

     

    Blanche de Sivry blonde au visage charmant et un peu gras.

     

    Le fin du récit est directement inspiré de la mort douloureuse de Blanche d'Antigny.

     

    Pour le reste, c'est surtout Valtesse de La Bigne qui est l'inspiratrice du romancier.

    Blanche d'Antigny est morte le 28 juin 1874, d'une fièvre typhoïde 93 boulevard Haussman.

    Elle fut inhumée dans le caveau de Caroline Letessier au Père Lachaise. Suivaient le convoi, des banquiers ou agents de Change : Dolfus, Guntzbourg, Alequier, et des "collègues" de Blanche :

    Hortense Schneider, Alice Régnault, Lucie Verneuil, Lucie Levy et les acteurs Train et Dupuis....................................................

      

      

    Sources :

     

    Parmi ses "collègues en bicherie" on y a rencontré :

    Alice Regnault, qui deviendra plus tard la femme de Mirbeau,

    Marguerite de Bosredon, Hortense Schneider,

    Laure Eyman Berthe Legrand et

    Pauline Nozières..................

     

    Archives de la préfecture de Police

    Archives de Paris

     

     

     

    « Comme il passait devant le foyer des artistes, il avait aperçu, par les portes ouvertes, le délabrement de la vaste pièce, honteuse de taches et d’usure au grand jour. Mais ce qui le surprenait, en sortant de l’obscurité et du tumulte de la scène, c’étaient la clarté blanche, le calme profond de cette cage d’escalier, qu’il avait vue, un soir, enfumée de gaz, sonore d’un galop de femmes lâchées à travers les étages. On sentait les loges désertes, les corridors vides, pas une âme, pas un bruit ; tandis que, par les fenêtres carrées, au ras des marches, le pâle soleil de novembre entrait, jetant des nappes jaunes où dansaient des poussières, dans la paix morte qui tombait d’en haut. »

    Emile Zola, Nana

    Cet ouvrage est le 9ème de la saga des Rougon-Macquart.

    D’un ton léger mais de la plume impeccable qu’on lui connaît, Zola nous offre une peinture de la prostitution de l’époque.
    Nana apparaît sur scène en Vénus, laissant entrevoir une nudité qui affole les hommes.

     

    De là, elle fera payer ses charmes, jusqu’à ruiner ses amants.
     

     

    Son pouvoir sur la gent masculine agacera ses concurrentes et rendra fous d’amour de nombreux prétendants.
     

     

    Le Comte Muffat, Vandoeuvres, Georges et Philippe Hugon, Steiner… il les lui faudra tous !
    Nana est impulsive, naïve, obstinée… elle est l’image même de la cocotte du XIXème siècle, face aux carcans de la bourgeoisie.
     

     

    J’ai beaucoup apprécié la lecture de ce chef d’œuvre, que je ne peux que vous recommander.

     

    Pas de longues phrases sans fin, mais une fluidité extraordinaire pour un sujet bien plus profond que le titre ne pouvait le laisser présager.

      

    blog : http://autourduperetanguy.blogspirit.com/une_nana_d_emile_zola/

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  • Ce portrait est consacré à Alexandra David-Néel,

    une femme qui adorait voyager

    et découvrir le monde.

     

    Portrait n°9 : Alexandra David-Néel, l'infatigable exploratrice

     

    Alexandra David-Néel, exploratrice et célèbre orientaliste. (© photo DR/montage Arielle KREBS)

     

    Je m'appelle

    Alexandra David-Néel.

    Je suis née

    À côté de Paris, à Saint-Mandé, le 24 octobre 1868.

     

     

    Alexandra David-Néel | As  a child she already was traumatized by the hars reality of her life, and since that young age  on she was in for adventure and escaping her intense sad reality. And she kept on doing so until retirement.:  

    Mon père, Louis David, est instituteur et journaliste.

     

    Ma mère est d'origine belge. 

     

    très croyante, elle voulait un garçon pour qu'il devienne prêtre.

    Alexandra David-Neel:  

    À ma naissance, elle a été très déçue et ne m'a jamais montré beaucoup d'affection.

    Alexandra, environ 68 ans

    Mes voyages

    Depuis toute petite, je suis fascinée par le voyage qui est synonyme de liberté. Je ne supporte pas l'idée d'être enfermée.

     

    D'ailleurs, jusqu'à ma majorité, je fais de nombreuses fugues pour échapper à mes parents.

    Très vite, je quitte la France, d'abord pour Londres.

    Puis grâce à mon métier de chanteuse, je voyage autour du monde. En 1900, je suis à Tunis.

     

     

    Alexandra David-Neel:

    Là-bas, je rencontre Philippe Néel, qui devient mon mari.

    Mais le mariage ne me convient pas.

     

    J'ai l'impression d'être emprisonnée.

     

    En 1911, je décide donc de partir pour l'Asie.

    Je visite le Népal, la Chine, le Japon.

     

     

    « Alexandra David-Néel en pèlerine - mendiante tibétaine portant sur le dos ses bagages, l'unique marmite composant toute sa batterie de cuisine et un soufflet tibétain fait d'une peau de chèvre pourvue d'un long tuyau, ustensile indispensable pour allumer le feu de bouse de yacks. C'est dans ce déguisement qu'elle réussit à pénétrer à Lhassa.

     

    « Alexandra David-Néel en pèlerine - mendiante tibétaine portant sur le dos ses bagages, l'unique marmite composant toute sa batterie de cuisine et un soufflet tibétain fait d'une peau de chèvre pourvue d'un long tuyau, ustensile indispensable pour allumer le feu de bouse de yacks.

    C'est dans ce déguisement qu'elle réussit à pénétrer à Lhassa.

     

    J'y reste 14 ans, jusqu'en 1924.

    Après un retour en France, je décide de repartir en Chine en 1937. En raison de la guerre qui éclate en 1939, je reste bloquée

    là-bas 9 ans.

    Au total, j'ai passé 23 ans en Asie.

     

    J'ai découvert les cultures des pays de ce continent magnifique et mystérieux.

    Born in Paris, Saint-Mandé, on October 24, 1868, Alexandra David-Néel died in Digne on September 8, 1969.

    Ma passion pour l'Asie

    Très jeune, je découvre le bouddhisme et les

    philosophies orientales.

    Ces religions me fascinent.

     

    D'ailleurs, je me convertis très rapidement au bouddhisme.

    Au cours de mes voyages, je vais même rencontrer le dalaï-lama, le chef spirituel des bouddhistes tibétains.

     

     

    Visiter l'Asie est extraordinaire.

    Je me vois comme une « reporter orientaliste ».

     

    Je suis persuadée que ma mission est de transmettre au monde les beautés du Tibet et ses enseignements.

    Sidkéong Tulku Namgyal, né en 1879,fut le chef spirituel, ainsi que, pour une brève période en 1914, du 10 février au 5 décembre, le maharaja et le chogyal du Sikkim. 

    Il était le fils aîné et héritier de maharaja Sri Panch sir Thutob Namgyal, et a étudié au collège Saint-Paul à Darjeeling, et à Pembroke College (Oxford).

    Polyglotte, il a appris le chinois, l’anglais, le hindi, le lepcha, lenépalais et le tibétain. 

    Il a été reconnu comme la réincarnation de son oncle, Sidkéong Namgyal, l’abbé du monastère de Phodong.

    Sidkéong Tulku Namgyal reconstruit le monastère. 

    Après ses études à Oxford, il est retourné au Sikkim où il a été étroitement associé à l’administration du pays.

    Il a travaillé à la dissolution de la cupidité qui se produit dans les intérêts acquis et tenté d’unifier les bouddhistes par la rénovation des monastères et de leurs rôles

     

    Alexandra David-Néel, passeur pour notre temps:

     

    Lien - http://www.alexandra-david-neel.fr/bonus-2/lentourage-dalexandra-david-neel/sidkeong-tulku/

     

     

    August 1911, Alexandra leaves this life that suffocates her and departs for India. She had already visited India during two previous trips, 20 years earlier. Making the promise of a return after 18 months, her husband will not see her for 14 years later, in 1925.:

    Mon exploit

    Lors de mon premier séjour en Asie, j'ai effectué une chose extraordinaire. Je suis entrée dans Lhassa, la capitale du Tibet.

     

    À l'époque, c'est un exploit car cette ville est interdite aux étrangers.

     

    Je peux te dire que ça n'a pas été facile d'y entrer !

     

    J'ai essayé plusieurs fois, mais j'ai toujours été repoussée.

     

     

    Alexandra David-Neel was a Belgian-French explorer, spiritualist, Buddhist, anarchist, and writer, most known for her visit to Lhasa, Tibet, in 1924, when it was forbidden to foreigners:

    Finalement, il a fallu que j'arrive habillée en mendiante, après des milliers de kilomètres parcourus à pied dans la neige et le froid, pour pouvoir entrer sans être reconnue.

    J'avais 56 ans.

    À partir de ce moment-là, je deviens célèbre dans le monde entier et je suis reconnue comme une orientaliste experte.

    alexandra david-neel...:

    Mes écrits

    De retour en France, je passe mon temps à écrire.

     

    Je travaille sans relâche, jusqu'à 16 heures par jour !

     

    Dans mes livres, je raconte mes voyages et mes aventures. Si jamais il te prend un jour l'envie de découvrir mes aventures, voici quelques-uns de mes ouvrages :

    Voyage d'une Parisienne à Lhassa,

    Au pays des brigands gentilshommes.

     Pékin : Chien-Men

    Photographies d'Alexandra David-Neel

     

    Nom : Alexandra David-Néel Pays : France Dates de vie : 1868 - 1969 Profession : exploratrice, écrivain, journaliste, orientaliste Itinéraire    1891 : premier voyage en Asie. Elle visite lInde et le Sri-Lanka.   1911-1925 : elle voyage à travers toute lAsie, de lInde au Japon.   1924 : elle parvient à vivre deux mois à Lhassa, déguisée en mendiante.   1937 : âgée de 69 ans, elle repart en Asie et traverse la Chine où elle est bloquée jusquen 1944 à cause de la guerre sino-japonaise.:

    Ma dernière volonté

    J'ai vécu jusqu'à 100 ans !

     

    Figure-toi que quelques mois avant ma mort, je prévoyais encore de voyager. Cette fois-ci, je voulais faire le tour du monde en 4CV.

    Mais j'étais trop âgée et je meurs le 8 septembre 1969.

    Selon mes dernières volontés, mes cendres ont été dispersées dans le Gange, un fleuve sacré.

     

    Ce fut mon dernier voyage.

     

    Afficher l'image d'origine 

    http://www.1jour1actu.com/articledossier/alexandra-david-neel/ 

     

     

    Alexandra David-Neels:  

    Alexandra David-Néel, est considérée comme la plus grande exploratrice et aventurière du XXème siècle. 

     

    Théosophe, philosophe, féministe, cantatrice, anarchiste, écrivain, reporter… Elle a produit 27 livres. Son oeuvre littéraire regroupe des récits de voyage, des romans, de la philosophie, de la religion, de l’ethnologie, etc…

     

    Ce grand personnage a aussi énormément écrit de lettres, plusieurs milliers, tout au long de sa vie, et en particulier

    à l’attention de son mari.

     

    Cette correspondance très fournie, ce « concentré d’Alexandra » a été éditée chez « Plon » par Marie-Madeleine Peyronnet sa dernière secrétaire. Toutes ces lettres, conservées dans les archives de Samten Dzong, nous ont permis de mieux cerner le personnage. Alexandra David-néel a été, aussi, l’un des plus grands journalistes du XXème siècle avec trente années d’études sur le terrain et nombre d’articles à la clé. Ses séjours furent agrémentés de quelques milliers de photographies qu’il lui arrivait, souvent, de développer elle-même…
     

     

    Dans la villa de l’exploratrice, qu’elle nommait « Samten Dzong », la pièce tibétaine, son lieu de travail et sa minuscule chambre qu’elle appelait « son trou », témoignent de la simplicité dans laquelle elle vivait à Digne.

     

    Sa forteresse de méditation, cette enclave qu’Alexandra David-Néel a voulu tibétaine en terre d’occident, propose un petit musée consacré à notre grande exploratrice, présentant une partie de sa collection photographique, les lieux dans lesquels elle a vécu, un petit film introduisant sa longue vie ainsi qu’une salle d’exposition d’art tibétain…

    « Il y a trois façons de vivre :

    Par les sens, par la raison ou l’esprit et par le sentiment… Je suis ce qui fut, ce qui est et ce qui sera et nul n’a jamais levé mon voile… »

    Alexandra David Néel

    Plus de citations…

    ***********

    Horaires et jours de visites pour la période en cours :

    Avril à Juin inclus : ouvert du mardi au dimanche :

    Visites uniquement guidées à 10h00, 14h00, 15h30

    Fermé les jours fériés

    Privilégiez la visite de 14h qui est plus complète. Lire plus…

     

    ***********

     

    LIEN  SITE OFFICIEL

     

    http://www.alexandra-david-neel.fr/

     

     

     

     

     

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  • ORIGINE - OPERA :

     

    ou le "marché aux putains" de la SOCIETE BOURGEOISE 

     

    Au XVIIIe siècle, les alentours des salles de spectacles étaient des endroits très fréquentés par les prostituées.

     

    On disait d’ailleurs de l’Opéra qu’il était le « marché aux putains ».

     

    Les mères vendent leurs filles ratées 

     

    -  MERES PEU SCRUPULEUSES ! 

     

    ♥ L’Opéra, lieu de paraître ♥

     

        Au début du XIXème siècle, dans l’imaginaire social, la danse demeure l’activité érotique féminine par excellence :

     

     le corps est montré, les courbes mises en valeur. 

     

    Difficile alors de dire si ces messieurs sont là pour apprécier les qualités artistiques des danseuses, où admirer la sensualité des corps ! 

     

    Car oui, le public est essentiellement masculin…

     

     L’Opéra de la rue de Richelieu, puis celui de la rue Le Peletier, puis enfin l’Opéra Garnier sous le Second Empire sont, depuis la fin du XVIIIème siècle, le lieu de rencontre du Tout-Paris. 

     

    Cette « bourgeoisie triomphante », qui se compose essentiellement d’hommes, est à la recherche de reconnaissance sociale. 

     

    Mais pas que ! Le PLAISIR ! souvent refusé par leurs épouses.. celà ne se fait pas d'aimer l'Amour ! 

     

    Avides de plaisirs, et parfois très fortunés, les jeunes gens du monde recherchent une société bien spécifique de femmes. 

     

    Pas d’épouses mères de famille, considérées comme fécondes mais frigides et par conséquent inaptes au sexe :

     

    ce monde de divertissements et de plaisirs leur est tacitement interdit. 

     

    Ce sont plutôt de jeunes femmes libres de mœurs, sensuelles et libertines : les danseuses.

     

    Certes, dans ce lieu particulièrement propice aux galanteries qu’est L’Opéra, on ne rencontre pas que des ballerines ! 

     

    On y croise aussi des chanteuses et des cantatrices. 

     

    Mais elles ont une réputation plus respectable, et ne tiennent pas à se mêler à ces petites ballerines sans morale.

     

    En effet, depuis l’Ancien Régime, les danseuses sont connues pour la légèreté de leur conduite. 

     

    Mais ce n’est pas toujours par goût personnel pour le libertinage ! 

     

    Dès leur plus jeune âge, poussées par des mères sans scrupules, ces jeunes filles s’enferment dans un terrible engrenage.

     

    ♥ La danse, une parade à la misère ♥

     

     

    Au début du XIXème siècle, si l’on fait exception de quelques ballerines à la renommée internationale, toutes les danseuses de l’Opéra sont issues de familles particulièrement pauvres et démunies. 

     

    Classes désargentées, défavorisées, souvent illettrées.

     

      Celle qui a l’opportunité de devenir danseuse devient l’espoir de sa famille : enfin, on va pouvoir sortir de la misère ! 

     

    C’est sur les frêles épaules d’une toute jeune fille que repose l’avenir de sa famille. 

     

    Elle a le devoir de procurer une vie meilleure aux siens. 

     

    Et comment ne pas rêver à une existence dorée pour elle-même, parmi les gens du monde ?

     

    L’Opéra est, pour la ballerine, une sorte de piédestal d’où elle s’élance pour essayer d’accéder à la classe aisée. 

     

    Mais si certaines y parviennent,

    c’est d’abord une logique de dépendance aux hommes.

     

    ♥ Les « mères » : entremetteuses sans scrupules ♥

     

    Qu’elles soient réellement mères, ou bien tantes, amies, cousines, celles que l’on appelle les « mères » sont des intermédiaires incontournables entre les jeunes filles et tous ces hommes qui les environnent. 

    Mlle Marconnier - Album Reutlinger (Gallica BNF)

    Mlle Marconnier – Album Reutlinger (Gallica BNF) 

     

     

    Elles sont autorisées à assister aux leçons, à sermonner, jouant les chaperons pour ces petites demoiselles qui, lorsqu’elles entrent à l’Opéra, ont rarement plus de treize ou quatorze ans.!!!

     

    Mais si la prostitution avait cours à l’extérieur, au XIXe siècle, elle s’exerçait aussi à l’intérieur, les danseuses faisant commerce de leurs charmes 

    (plus ou moins volontairement).

     

    Il n’était d’ailleurs pas rare, au foyer des artistes de l’Opéra, derrière la scène, de trouver des mères venant ‘vendre’ leurs filles, danseuses plus ou moins ratées, aux messieurs les plus offrants.

     

    Mais alors que beaucoup de danseuses se contentaient d’effectuer des passes, certaines des plus cotées devenaient des maîtresses

     

    attitrées de messieurs de la haute société qui, laissant leurs épouses à leur domicile,

    ’affichaient volontiers avec leur proie à laquelle ils offraient un logement et train de vie généralement plus que décent.

     

    Mlle Lekain - Album Reutlinger (Gallica BNF)

     

    En réalité, ces gouvernantes malhonnêtes et immorales ne pensent qu’à tirer profit de la situation. 

     

    Pour que sa protégée appâte la gente masculine, la « mère » lui apprend l’art de la séduction.

     

    Tout un programme :

    (…) Des leçons d’œillades et de jeux de prunelles comme on apprend aux enfants d’ordinaire la géographie et le catéchisme.

    Les jeunes filles ne doivent plus songer qu’à se comporter en aguicheuses patentées, être belles et désirables. 

     

    Théophile Gautier ne manque pas de relever les résultats effrayants de cette éducation licencieuse :

     

     

    La jeune ballerine est à la fois corrompue comme un vieux diplomate, naïve comme un bon sauvage ; à 12 ou 13 ans,

     

    elle en remontrerait aux plus grandes courtisanes 

     

    Mlle Deschamps - Album Reutlinger (Gallica BNF)

     

    ♥ Des femmes fières ♥

       Tout commence par une volonté de moralisation de l’Opéra, notamment l’Opéra Garnier.

     

    Les mères, à la fin du XIXème siècle, n’ont plus accès à l’établissement.

    Changement considérable : soudain, les jeunes filles sont libres de se donner ou non à un homme qu’elles choisissent elles-mêmes. Celles qui affichent un peu trop ouvertement leur statut de prostituées, faisant honte à l’établissement, sont sévèrement réprimandées voir renvoyées.

       Ainsi, en même temps que leur statut se modifie, la réputation des ballerines devient plus respectable, et leur comportement, naturellement, se transforme.

       

     

    L’Opéra est de plus en plus fréquenté par les élites sociales. Les messieurs ne viennent non plus uniquement en chasseur, mais presque d’égal à égal avec les demoiselles qui, pudiques, se font discrètes et évitent leur regard.

     

    Les hommes ne sont plus là pour faire leur choix comme sur l’étal d’un marché.

     

    A eux de séduire, de montrer qu’ils respectent une certaine distance devant ces femmes fières.

    Seules les danseuses les plus désespérées continuent à effectuer des passes. Nombreuses sont celles dont la réputation demeure intacte, telle Carlotta Zambelli qui, devenue professeur de danse à l’Opéra, encourage même ses élèves à rester indépendantes, alors que sa propre époque a été celle des abonnés et des courtisanes… La belle et aristocrate Cléo de Mérode également (certes davantage connue pour ses photographies que pour ses exploits sur scène), est célébrée pour sa chaste sensualité, toute de pudeur et de romantisme.

       Certaines danseuses réussissent à dénicher un bon parti : elles deviennent les maîtresses attitrées de messieurs de la haute société, qui s’affichent avec elles en leur offrant un train de vie décent, voir opulent, et parfois même un logement.

     

    Mlle Garbagnati - Album Reutlinger (Gallica BNF)

    Mlle Garbagnati – Album Reutlinger (Gallica BNF)

     

    Et c’est de ces dépenses d’entretien de leur maîtresse danseuse que vient notre expression dont le sens, par extension, a évolué vers toutes les dépenses très, voire trop importantes consacrées à une passion.

     

    Le lien mère/fille, ou éducatrice/danseuse, tel qu’il s’exprime au cours de l’apprentissage de la danse classique, est ici discuté à deux époques différentes, lexixe siècle et la période actuelle, à partir de témoignages écrits sur la vie des élèves dans l’Opéra ancien et d’enquêtes orales auprès de danseuses contemporaines. Il en ressort qu’au xixe siècle comme aujourd’hui, mères et éducatrices ne permettent pas à ces jeunes filles d’accéder facilement au statut de femme ; les jeunes danseuses du xixe siècle n’avaient pour certaines pas de liberté dans leur choix matrimonial, devaient pour d’autres subvenir aux besoins de leur famille, tandis qu’aujourd’hui mères et éducatrices les maintiennent dans le statut de « fille ».

    « Tu seras étoile, ma fille ». (France, xixe-xxe siècle)

    Virginie Valentin 

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    Mlle Deschamps – Album Reutlinger (Gallica BNF)
     

       Se transformant en véritables maquerelles, les « mères » négocient âprement les charmes de leurs filles. L’heureux élu est vieux et laid, et la danseuse n’a aucune inclinaison pour lui ? Il a beaucoup d’argent, alors elle n’a pas son mot à dire. Le vieux monsieur peut violer sa fille « avec sa bénédiction ». Souvent, la « mère » n’accepte de se séparer de sa fille que si son protecteur est assez fortuné pour les entretenir toutes les deux !

       Une toile d’Edgar Degas intitulée « La leçon de danse » (ci-dessous) montre une « mère » au centre de la salle de danse, examinant une jeune fille comme une maquerelle le ferait avec sa marchandise. La posture de la seconde ballerine, à gauche, la tête appuyée dans sa main, le coude sur la cuisse, interpelle : concentration, amertume, accablement ? Difficile à dire… De nombreuses toiles dévoilent la présence angoissante de ces « mères » qui ont tout pouvoir (cliquez ici, ou bien encore ici !)

    La leçon de danse, par Edgar Degas (1879, National Gallery of Art, Washington)La leçon de danse, par Edgar Degas (1879, National Gallery of Art, Washington)

       Celles qui ne sont pas poussées par leur mère à se donner à un homme le font de leur plein gré. Sans la protection d’un homme riche, et si possible titré, impossible d’accéder à une reconnaissance professionnelle !

     

    ♥ Le foyer de l’Opéra ♥

    Mlle Lekain - Album Reutlinger (Gallica BNF)Mlle Lekain – Album Reutlinger (Gallica BNF)

     

    Sans identité propre, dépourvue d’instruction et de culture, il ne reste à la danseuse que la séduction et la ruse, seules armes dans ce métier où l’élément masculin détient le pouvoir.

       Le système « d’abonnés » facilite les rencontres entre les filles et leurs protecteurs. La plus grande distinction pour un habitué de l’Opéra est de devenir « abonné » : cela lui donne accès aux coulisses et, surtout, au foyer de la danse où se retrouve toutes les danseuses pendant les répétitions, les entractes ou avant le spectacle (pratique officialisée en 1831 par Louis Véron, premier administrateur de l’Opéra).

       Ces messieurs en habit noir (financiers hauts placés, mondains célèbres, protecteurs divers, grands noms de la noblesse), peuvent prendre contact plus facilement avec les danseuses, les observer dans leur intimité et faire leur choix…

     

    La démocratisation de l’accès au foyer de la danse qui va de pair avec l’abandon du régime aristocratique entraîne (…) une dévalorisation sociale des ballerines.

       Mais si certaines ballerines affichent un réel statut de prostituées, la grande majorité ne cherche un protecteur que pour pouvoir faire carrière, exercer son art. Là réside la différence fondamentale entre les filles des maisons closes et les ballerines. C’est la danse qui légitime leur situation d’amante, et seulement la danse !

       Même si « les frontières entre ces deux états sont bien fragiles », le statut des danseuses connaît des embellies au cours de ce XIXème siècle.

    Progressivement, elles obtiennent respectabilité et relative indépendance.

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  • Épouses et concubines :

    procréation et passion

    Mais alors que beaucoup de danseuses se contentaient d’effectuer des passes, certaines des plus cotées devenaient des maîtresses

    attitrées de messieurs de la haute société qui, laissant leurs épouses à leur domicile,

    s’affichaient volontiers avec leur proie à laquelle ils offraient un logement et train de vie généralement plus que décent.

    Et c’est de ces dépenses d’entretien de leur maîtresse danseuse que vient notre expression dont le sens, par extension, a évolué vers toutes les dépenses très, voire trop importantes consacrées à une passion.

    Théâtres, cabarets, actrices, chanteuses…

    Cela dit, l’Opéra n’avait pas du tout l’exclusivité des danseuses prostituées ou, dit plus élégamment au vu du beau monde qu’elles fréquentaient parfois et de la manière moins systématique avec laquelle elles faisaient commerce de leur corps, les courtisanes, la danse classique n’étant pas la seule touchée par ce phénomène ‘artistique’ qui concernait aussi bien les théâtres que les cabarets, les actrices que les chanteuses et danseuses. Il suffit de se rappeler de quelques noms célèbres comme Lola Montès,

    la belle Otero ou Liane de Pougy, pour ne citer qu’elles.

    « Je viens enfin de recevoir ta boîte merveilleuse de compas !

    Tu es archi-fou,

    je t’assure que tu as besoin d’un conseil judiciaire.

    Je suis ta danseuse, ton écurie, ta collection, je te reviens à des prix fous. » 

    – André Gide – Correspondance 1890-1942

     

     

    https://matricien.org/patriarcat/sociologie/prostitution/prostitution-mondaine/

     

     

     


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    Origine : l’Opéra, le « marché aux putains »

    Au XVIIIe siècle, les alentours des salles de spectacles étaient des endroits très fréquentés par les prostituées.

    On disait d’ailleurs de l’Opéra qu’il était le « marché aux putains ».

    Les mères vendent leurs filles ratées

    Mais si la prostitution avait cours à l’extérieur, au XIXe siècle, elle s’exerçait aussi à l’intérieur, les danseuses faisant commerce de leurs charmes (plus ou moins volontairement). 

    Mlle Marconnier - Album Reutlinger (Gallica BNF) 

     

     

    Il n’était d’ailleurs pas rare, au foyer des artistes de l’Opéra, derrière la scène, de trouver des mères venant ‘vendre’ leurs filles, danseuses plus ou moins ratées, aux messieurs les plus offrants.

    Mlle de Saunoy - Album Reutlinger, Gallica BNF

    Mais alors que beaucoup de danseuses se contentaient d’effectuer des passes, certaines des plus cotées devenaient des maîtresses

    attitrées de messieurs de la haute société qui, laissant leurs épouses à leur domicile,

     

     

    Mlle Marconnier - Album Reutlinger (Gallica BNF)

     

     

    s’affichaient volontiers avec leur proie à laquelle ils offraient un logement et train de vie généralement plus que décent.

     

    Mlle Deschamps - Album Reutlinger (Gallica BNF)

     

    Et c’est de ces dépenses d’entretien de leur maîtresse danseuse que vient notre expression dont le sens, par extension, a évolué vers toutes les dépenses très, voire trop importantes consacrées à une passion.

    Théâtres, cabarets, actrices, chanteuses…

    Cela dit, l’Opéra n’avait pas du tout l’exclusivité des danseuses prostituées ou, dit plus élégamment au vu du beau monde qu’elles fréquentaient parfois et de la manière moins systématique avec laquelle elles faisaient

     

     

    commerce de leur corps, les courtisanes, la danse classique n’étant pas la seule touchée par ce phénomène ‘artistique’ qui concernait aussi bien les théâtres que les cabarets,

     

    Mlle Amélie Colombier, par Nadar (Gallica BNF)

     

    les actrices que les chanteuses et danseuses.

     

    Il suffit de se rappeler de quelques noms célèbres comme Lola Montès,

    la belle Otero ou Liane de Pougy, pour ne citer qu’elles.

    « Je viens enfin de recevoir ta boîte merveilleuse de compas !

    Tu es archi-fou,

    je t’assure que tu as besoin d’un conseil judiciaire.

    Je suis ta danseuse, ton écurie, ta collection, je te reviens à des prix fous. » 

    – André Gide – Correspondance 1890-1942

     

    Mlle Lekain - Album Reutlinger (Gallica BNF) 

    https://matricien.org/patriarcat/sociologie/prostitution/prostitution-mondaine/

     

     

    Le foyer de la danse à l'Opéra de la rue Le Peletier (Edgar Degas, 1872, Musée d'Orsay) 

     

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  • A Paris, l’Eglise catholique exploitait 3000 bordels

    et 40 000 prostituées :

    mères célibataires, vierges violées, veuves ou répudiées

     

    « On ne peut traverser le pont d’Avignon sans rencontrer deux moines, deux ânes et deux putains. » Ce célèbre adage médiéval témoigne de la vitalité du « plus vieux métier du monde » dans la cité des papes. Mais bien d’autres villes de France peuvent se targuer d’une telle réputation. S’il est certain que l’Église et l’État exploitaient les bordels et prostituées déclarées, rien n’atteste qu’ils géraient la totalité des 3000 bordels parisiens du 15e siècle, et des 40 000 prostituées parisiennes du 18e siècle, pour la plupart clandestines.

    BIBLIOGRAPHIE :

    • Jacques Rossiaud, La prostitution Médiévale, édition Flammarion 1988
    • Brigitte Rochelandet, Histoire de la prostitution du Moyen Age au XX° siècle, édition Cabédita 2007
    • Séverine Fargette travaille sur le thème « Violence, justice et société en France au Moyen Age ». Elle prépare une thèse sur le conflit entre armagnacs et bourguignons (1407-1420).
    • Erica-Marie Benabou, « La prostitution et la police des mœurs au XVIIIe siècle »
    • Charles Jérôme Lecour, « La Prostitution à Paris et à Londres »
    • Alexandre Parent du Châtelet, De la prostitution dans la ville de Paris, considérée sous le rapport de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration : ouvrage appuyé de documents statistiques puisés dans les archives de la Préfecture de police
    • Jean-Marc Berlière, La police des mœurs sous la IIIe République. Limites et réalités d’une « Police Républicaine »

    Les causes anthropologiques

    L’Église contrôle la sexualité pour garantir des héritiers légitimes

    Le Moyen-âge s’étend sur près d’un millénaire, de 476 (chute de Rome) à 1453 (fin de la guerre de Cent-Ans). Compte tenu du rôle de l’Église dans la prostitution, il est utile de marquer son début en France avec la conversion chrétienne (496) de Clovis, roi des Francs. Ce baptême marque en effet le début du lien entre le clergé et la monarchie française, dorénavant le souverain règne au nom de Dieu et seuls ses descendants légitimes (fils conçus dans le mariage) peuvent accéder au trône. La légitimité passe par la foi catholique et par les liens sacrés du mariage (seul garant de la reconnaissance de paternité). On remarquera qu’au Vatican, l’âge du mariage est aujourd’hui encore de 14 ans pour les filles, il était de 12 ans jusqu’au début du XXe siècle. Fort de l’autorité divine, le clergé catholique se donne comme mission sociale de réglementer la sexualité (virginité & chasteté). Cette réglementation se colore à la fois du rôle sexuel pervers attribué à la femme dans la chute biblique de l’homme (la pomme d’Ève) et d’une application confrontée aux débauches et contingences de l’époque (la paternité n’est plus garantie). Inutile de dire que la prostitution n’a officiellement pas droit de cité.

    Lire Le serpent de la tentation, compagnon de la Déesse-Mère primordiale

    En croisade contre le sexe

    Durant ce millénaire, pas moins de 25 conciles, dont quatre des conciles du Latran, vont en effet exiger la chasteté avant le mariage, condamner le plaisir sexuel et interdire les positions qui ne servent pas uniquement à la procréation. Toutefois, malgré les nombreux interdits et exigences de l’Église, tous les actes sexuels illicites se pratiquent, et pas toujours en cachette, loin de là! Ainsi en est-il de la prostitution, une pratique hautement dénigrée par l’Église, et pourtant répandue à travers toute la France, y compris par les bons offices des religieux et religieuses, avec le soutien dévoué de la noblesse…

    Pour prévenir les viols collectifs

    Le terme « viol » n’apparaît qu’au XVIII° siècle. Avant on parle d’efforcement ou de défloration si le viol a lieu sur une femme vierge. Le viol est très courant à l’époque médiévale, cependant peu de plaintes sont à noter : peur des représailles, honte sur la famille… Ces viols sont le fait des jeunes hommes. En bande, ces jeunes citadins « chassent la garce ». On les appelle les « hommes joyeux ». L’affirmation de la virilité entraîne fréquemment un déchaînement de violence et se traduit par des viols collectifs commis sur des femmes isolées et faibles, réputées communes. Soucieuses d’éviter ces dérapages, les autorités encouragent l’essor d’une prostitution officielle. La prostitution est un phénomène de sécurité publique et donne satisfaction aux pulsions les plus enfouies. Comme certains le disent, la prostitution est un mal nécessaire. Les prostituées ont une responsabilité sociale : défendre l’honneur des femmes « d’estat » (femme de vertu) et lutter contre l’adultère. Le prostibulum peut être alors considéré comme une institution de paix où les jeunes tempèrent leur agressivité.

    Femmes sans maris, femmes sans honneur

    Les femmes victimes de ses viols sont rarement des fillettes car l’homme sera réprimé très sévèrement, ni des femmes de milieu aisée car cela peut être parfois considéré comme un crime. Le plus souvent, les victimes sont des femmes célibataires, des veuves ou des épouses délaissées, des femmes qualifiées de déshonnêtes car elles n’ont plus de maris. Seul le statut d’épouse ou de mère est valorisé et reconnu. Ces femmes sont souvent issues de milieux démunis, servante ou épouse d’ouvrier car la sanction sera faible voire inexistante. Par conséquence, La femme est diffamée par le viol, elle y perd son honneur (la Fame Publica). Ainsi, une femme célibataire aura des difficultés à trouver un époux et une femme sera vraisemblablement abandonnée par son mari.

    Une nécessité sociale de la chrétienté

    Un mal nauséabond pour prévenir la fornication et l’adultère

    Saint Augustin à propos de la prostitution au 5ème siècle : « Supprimez les prostituées, vous troublerez la société par le libertinage ».

    À partir de la fin du XIIIe siècle, et ce, jusqu’au XVe, le métier est vu plutôt comme une pratique immuable. La tradition chrétienne considère la prostitution comme un moindre mal nécessaire. Les Pères de l’Église en témoignent, d’Augustin d’Hippone au IVe siècle qui estime qu’elle est naturelle et permet de protéger les femmes honorables et les jeunes filles du désir des hommes, jusqu’à Thomas d’Aquin au XIIIe siècle, qui juge qu’elle est nécessaire à la société comme les toilettes à une maison :

    « Cela sent mauvais, mais sans elle(s), c’est partout dans la maison que cela sentirait mauvais. »

    La prostitution est d’ailleurs tellement naturelle que, pour plusieurs théologiens, il est préférable qu’une femme y pousse son mari plutôt que de consentir à certains rapports sexuels considérés, eux, comme de graves péchés. Dans une perspective du moindre mal, ces femmes sont sacrifiées pour un bien supérieur, l’ordre public. Souvent, en effet, c’est la permanence des viols par bandes organisées qui amène les municipalités à se poser la question d’organiser la prostitution afin de canaliser l’agressivité sexuelle des hommes.

    Les bordels de l’Église, un mal naturel pour éviter le péché

    Au Moyen Âge, les responsables de l’ordre public, municipalités, seigneurs laïcs ou ecclésiastiques (évêques, abbés et pape), organisent progressivement la prostitution,déjà à partir du XIIe siècle, et surtout à partir du XIVe siècle, en tirant un profit financier. On trouve même des bordels possédés par des monastères ou des chapitres. La prostitution est toujours considérée comme naturelle, comme un moindre mal. Au cœur des cités méridionales, les maisons de fillettes, les châteaux gaillards et autres maisons lupanardes deviennent des institutions municipales, entretenues et inspectées par les consuls. On précisera que la majorité sexuelle est toujours de 12 ans au Vatican (elle était de 11 ans en France en 1832). En Italie du Nord, les autorités expliquent même que le recrutement de prostituées attirantes permettra de convaincre les jeunes gens de se détourner de l’homosexualité. Les villes et les bourgs ouvrent ainsi officiellement des maisons municipales de prostitution ou bien désignent les quartiers de la cité, généralement ses faubourgs, où la prostitution sera tolérée.

    Lire Exclusion des filles mères, mères célibataires, mères seules : avortement et abandon des enfants sans père

    Dieu vous le rendra

    Une richesse pour le clergé et les municipalités

    Les municipalités profitent de ce commerce et s’enrichissent en prélevant des taxes sur les maisons publiques ou en mettant les fillettes à l’amende. On constate souvent, en dépouillant les registres de comptes, que les loyers et les rentes tirés des maisons de prostitution sont traités au même titre que les autres revenus, y compris dans les registres des abbayes. Au XIIIe siècle, les canonistes admettent d’ailleurs la recevabilité des profits tirés de la prostitution à condition que la fille exerce par nécessité, et non par vice et plaisir. Les propriétaires des maisons, parfois des notables, n’ignorent rien des activités de leurs locataires, et encaissent sans vergogne les bénéfices. C’est le cas des familles Villeneuve et Baronnat à Lyon, de l’évêque de Langres ou de l’abbé de Saint-Etienne à Dijon.

    Plus lucratif que les dons des fidèles

    D’ailleurs, Voltaire rapportait que l’évêque de Genève administrait tous les bordiaux de ces terres. Dominique Dallayrac va même jusqu’à avancer que la prostitution amena plus de richesse au clergé que tous leur fidèles réunis. St-Thomas d’Aquin raconte également que des moines perpignanais organisaient une collecte de fond pour ouvrir un nouveau bordel, dont ils vantaient le mérite; « oeuvre sainte, pie et méritoire ». D’ailleurs, La chose ira encore plus loin, car en 1510, le pape Jules II fit construire un bordel strictement réservé aux chrétiens.

    La Chapelle Sixtine financée grâce à la taxe sur la prostitution

    Pour renflouer les finances du Vatican et payer les corporations travaillant sur la chapelle qui portera son nom, le pape Sixte IV (1414 – 1484) eut l’idée géniale de taxer toutes les prostituées et les prêtres concubinaires dans les Etats Pontificaux, y compris Rome. Cette taxe rapporta au Vatican 30.000 ducats par an. Une véritable fortune. Selon les données statistiques de 1477, il y avait 6.300 prostituées reconnues officiellement et des nombreux célibataires. Le projet avait été lancé en 1046 par le Pape Clément II, Suidger de Morsleben et Hornburg (1005-1048) d’origine allemande, qui avait obligé toutes les prostituées romaines à verser un impôt au saint-siège sur chaque rencontre avec un nouveau client.

    S.S. Sixte IV, un pape pédéraste, incestueux et proxénète

    Afin de profiter de cette manne financière, le pape Sixte VI (1414 – 1484) acquis lui-même une maison close devenant un proxénète. Jusqu’à son élection, Sixte IV jouissait d’une bonne réputation. Sous son pontificat, il fit l’objet de jugements controversés dus à l’emprise que ses neveux prirent sur lui. De fait, il nomma cardinal de nombreux jeunes gens, célèbres par leur beauté, parmi lesquels son neveu Raphaël Riario – cardinal à 17 ans, accusé d’être son amant. On prétendit aussi que le goût du pape pour les garçons était notoire. Le théologien Balaeus (xvie siècle) assure de manière peu vraisemblable que Sixte IV aurait donné aux cardinaux « l’autorisation de pratiquer la sodomie pendant les périodes de grandes chaleurs ». C’est ce que l’on appelait alors le « vice italien ». Aujourd’hui encore, la majorité sexuelle au Vatican est de 12 ans.

    La vie sexuelle des papes

    Meurtres, prostitution, pédérastie

    Tiré de « L’Écho des Cantons » no. 7, septembre 2000.

    Le palais papal, un lieu maudit

    C’est un pape aux mœurs corrompues, Léon III (du 26 décembre 795 au 12 juin 816) qui couronna à Rome au mois de décembre de l’an 800, l’empereur Charlemagne (742-814). Étant réputé pour aimer la bonne chère, le vin et surtout les plaisirs charnels, Léon III échappa à une tentative d’assassinat complotée par deux prêtres désireux de débarrasser Rome et l’Église de ce pape dépravé. Étienne IV (du 22 juin 816 au 24 janvier 817) ne fut pape que quelque mois, mais son successeur, Pascal 1er (du 25 janvier 817 au 11 février 824) mena une vie de débauche qui, pendant les sept années de son pontificat, fit de la ville sainte et du palais papal des lieux maudits où libre cours sexuel était donné a toutes formes de perversions inimaginables.

    Le lupanar privé du pape

    Venu a Rome pour se faire sacrer empereur, Lothaire (795-855), petit-fils de Charlemagne, fut scandalise par tout ce désordre et fit des remontrances très sévères a Pascal. Le saint-père promit a Lothaire de reformer ses mœurs mais des que celui-ci eut le dos tourné, Pascal Ier emprisonna deux humbles prêtres pour avoir dénoncé ses comportements pervers. Comme sentence exemplaire on leur arracha la langue et les yeux avant de les décapiter. Plus tard, le pontificat de Léon IV (du 10 avril 847 au 12 juillet 855) sembla être au-dessus de tout soupçon jusqu’au jour où certains chroniqueurs de l’époque affirmèrent que le pontife avait installé dans sa propre maison un couvent de religieuses afin de s’adonner avec celles-ci a des plaisirs sexuels  » très torrides « .

    La légende de la papesse Jeanne

    C’est a partir de la fin de la papauté de Léon IV que naquit plusieurs légendes a connotations sexuelles qui fortifièrent l’histoire de la papesse Jeanne. Il est très peu probable qu’une femme ait succédé a Léon IV sur le trône de la chrétienté, vers l’an 856, comme le veut la légende qui prit naissance au milieu du 13ème siècle, et racontée par l’entremise des chants des troubadours et des ménestrels.

    Un pape gay en prison, assassiné par ses « mignons »

    Celle-ci fut vraisemblablement inspirée par l’histoire malheureuse d’un pape dévergondé du nom de Jean VIII (du 14 décembre 872 au 16 décembre 882). Jean VIII fut reconnu comme étant un pape débauché qui fut jeté plusieurs fois en prison parce qu’il ne s’occupait pas de ses charges pontificales. Ce pape homosexuel, qui aimait les jeunes garçons, connut une fin tragique aux mains des membres de la famille de l’un de ses  »mignons  » qui, trouvant que le poison qu’ils lui avaient administre n’agissait pas assez vite, lui fracassèrent le crane a coup de marteau.

    Un pape drag-queen

    Les soeurs de la perpétuelle indulgence - solidays 2011

    D’autres sources mentionnent qu’au milieu du 9ième siècle, un prêtre anglais du nom de John, un homosexuel reconnu, avait gagne la faveur des cardinaux de Rome, a un point tel qu’il a failli être élu pape a la mort de Léon IV en l’an 855. C’est probablement a la mémoire de ce John aux allures très efféminées, communément appelé Jeanne par ses intimes, que naquit la légende de la papesse qu’on disait d’origine anglaise. Les troubadours et les ménestrels du 13ieme siècle ajoutèrent a cette histoire, en signe de dérisions et de moqueries, que John aurait pu accoucher d’un enfant le jour même de son couronnement car rien dans son comportement sexuel n’indiquait « … qu’il est un homme … ». Ainsi fut fomenté dans la confusion et par les esprits tordus la légende de la célébré papesse Jeanne.

    Rome, ville du vice et de la débauche

    Le calme revint a Rome sous le pontificat de Jean IX (du mois de janvier 898 a janvier 900) mais ce fut de courte durée car lorsque Benoît IV prit le trône de Saint-Pierre (du mois de février 900 au mois de juillet 903) la corruption redevint maîtresse dans la  »Cite éternelle » pendant, hélas, de très nombreuses décennies. Afin d’illustrer avec plus de précisions cette ambiance qui régnait a Rome pendant tout le 10ème siècle, citons ce roi d’Angleterre, Edgar dit le Pacifique (944-975) qui, s’adressant a ses évêques, donna une description peu flatteuse de ce qu’il avait vu lors d’un de ses voyages dans la ville des papes.

     » On ne voit a Rome que débauches, dissolution, ivrogneries et impuretés … les maisons des prêtres sont devenues les retraites honteuses des prostituées, des bateleurs, jongleurs, équilibristes, acrobates, etc… et des sodomites (homosexuels) … on joue nuit et jour dans la demeure du pape … les chants bachiques (chansons a boire), les danses lascives et les débauches de Messaline ont remplacé jeûnes et prières. C‘est ainsi que ces prêtres infâmes dissipent les patrimoines des pauvres, les aumônes des princes ou plutôt, le prix du sang du Christ. » – Edgar dit le Pacifique (944-975), roi d’Angleterre

    Messaline est l’épouse de l’empereur romain Claude (10-54), elle était reconnue pour se livrer a de la débauche de toutes sortes et même a la prostitution. Se sentant bafoué, son mari la fit assassiner lorsqu’il apprit qu’elle s’était mariée avec son jeune amant Silius.

    Jean XII : le pornocrate

    Jean XII est assurément un des papes ayant le plus choqué ses contemporains. Plusieurs fois d’ailleurs, des chroniqueurs l’ont qualifié « d’antéchrist siégeant dans le temple de Dieu ». Né Octavien, il accède à la papauté à l’age de 18 ans sous le nom de Jean XII. Le jeune pape est perçu comme un être grossier qui s’adonne à la débauche, transformant le palais du Latran en un véritable bordel. Déposé par un synode d’évêques qui le déclare coupable de sacrilège, de meurtre, d’adultère et d’inceste en 963, Jean XII parvient cependant à reprendre l’avantage sur Léon VIII, élu à sa place. Une légende raconte qu’il est mort d’une crise d’apoplexie en plain acte sexuel avec une femme mariée.

    La famille maudite des Borgia

    Borgia est le nom italianisé de la famille Borja, originaire du Royaume de Valence (Espagne), qui a eu une grande importance politique dans l’Italie du XVe siècle. Elle a fourni deux papes, ainsi que plusieurs autres personnages, dont quelques-uns ont acquis une fâcheuse renommée. La famille Borgia subi une réputation sinistre qui aurait été forgée par ses ennemis politiques. Les Borgia furent accusés d’empoisonnement, de fratricides, d’incestes… Ils furent les symboles de la décadence de l’Église à la fin du Moyen Âge.

    Enfants illégitimes, bordels et inceste

    C’était une puissante famille italo-espagnole de la Renaissance, dont sont issus des personnages célèbres qui étaient des champions de la « chasteté héréditaire ». Quelques exemples : un cardinal qui eut trois enfants, un pape qui en comptait neuf, et une duchesse qui accoucha de huit hommes différents dont, probablement, le pape et le cardinal déjà mentionnés, qui étaient, en plus, son père et son frère. Tristement célèbres. On les appelle Borja en Espagne, Borgia en Italie. Un nom qui, dans la Botte, jouit d’une très mauvaise réputation, non sans raison : le cardinal César (1475-1507), une fois abandonné l’habit de pourpre, devint un homme politique et un militaire au cynisme proverbial, qui inspira Le Prince de Machiavel. Son père Rodrigo (1431-1503), alias le pape Alexandre VI, réduisit Rome à une ville-bordel que Luther compara ensuite à Sodome ; enfin, la duchesse Lucrèce (1480-1519), intrigante et peut-être incestueuse, passa à la postérité comme un archétype de féminité négative.

    Le pape du diable

    Pope Alexander Vi.jpgAlfonso Borgia est intronisé pape sous le nom de Calixte III de 1455 à 1458. Il a un fils illégitime, François Borgia, cardinal-archevêque de Cosenza. Son neveu, Roderic Llançol i de Borja, le rejoint en Italie où il prend le nom de Rodrigo Borgia. Il est pape sous le nom d’Alexandre VI de 1492 à 1503. Un des témoins les plus crédibles de la conduite scandaleuse du pape Alexandre Borgia est Jean Burckhardt (ou Burchard), de Strasbourg. Ce prélat, maître des cérémonies de la cour pontificale, tint de 1483 à 1508, un journal très précis relatant jour par jour, parfois même heure par heure, tous les événements se passant au Vatican.

    Au moins 6 enfants illégitimes

    En 1470, alors qu’il a déjà été ordonné prêtre, Rodrigo Borgia fait la connaissance de Vannozza Giovanna Cattanei, jeune patricienne romaine, qui lui donnera ses quatre enfants préférés (Jean ou Joan, César, Lucrèce, et Geoffroi ou Jofre). En 1489, nouvelle liaison avec la jeune et jolie Giulia Farnèse qui n’a que 15 ans, dont la demeure était directement reliée à Saint Pierre. Rodrigo Borgia a alors 58 ans. De leur union naîtra une fille, Laura, qui sera présentée comme l’enfant légitime d’Orso Orsini, époux officiel de Giulia Farnèse. Il avait déjà eu un fils Pedro-Luis de Borja légitimé par Sixte IV. Une troisième amante, disait-on, était peut-être sa propre fille Lucrèce (1480 – 1519). Elle est célèbre pour sa beauté autant que pour ses mœurs dissolues : un fils né de ses amours incestueuses avec son frère César, quelques bâtards, une activité d’empoisonneuse, etc.

    Viol sodomite et danses orgiaques de 50 prostituées

    Les orgies étaient pour Alexandre VI, une distraction à plein temps, sans discrétion aucune, sans discrimination de classe ni tabou de parentèle. Francesco Guicciardini rapporte un épisode au cours duquel le pape attire au Château Saint-Ange le jeune et beau Astorre Manfredi, seigneur de Faenza, qu’il viole et fait jeter dans le Tibre. Mais il pourrait également s’agir de César Borgia qui tenait prisonniers les deux frères Manfredi. Les scandales continuent au Saint-Siège, et ce malgré les remontrances du frère dominicain Jérôme Savonarole :

    «Arrive ici, Eglise infâme, écoute ce que te dit le Seigneur […]. Ta luxure a fait de toi une fille de joie défigurée. Tu es pire qu’une bête: tu es un monstre abominable»

    Sans scrupules, ni remords, Alexandre VI fait face : Savonarole est arrêté, torturé et meurt sur le bûcher le 23 mai 1498. Selon Jean Burckhart, témoin muet, mais indigné, la débauche du pape Alexandre et de sa progéniture atteint son paroxysme en cette nuit orgiaque du 31 octobre 1501 avec l’évocation de la danse de cinquante prostituées entièrement nues et d’un concours arbitré par César et Lucrèce pour évaluer et récompenser les prouesses de virilité des assistants. Les dépêches envoyées aux cours d’Europe par leurs ambassadeurs et figurant dans de nombreuses archives diplomatiques confirment l’incroyable témoignage du Père Burckhardt. On comprend dès lors pourquoi tant de récits faisant référence à des pactes avec le Diable ont pu circuler à la mort d’Alexandre VI.

    Les types de prostitution

    Les historiens, scientifiques et sociologues Lombroso et Ferrero (1896) ont classifié la prostitution médiévale en quatre catégories :

    Les plaisirs charnels du Christ

    La prostitution sacrée issue du culte antique de la femme, avec, au début du Ve siècle, les nicolaïtes, femmes qui, attendu l’incarnation du Christ, prônaient que Jésus fait homme avait dû éprouver lui-même les voluptés du corps. Unies aux gnostiques, elles ont essaimé jusqu’au XIIe siècle, en plusieurs sectes vouées au contentement de la chair. En 1373, réapparaît en France une de ces sectes, anciennement les Picards devenus les Turlupins dont le plaisir était de forniquer en public. Dans le catholicisme, les femmes stériles et les maris impuissants ont longtemps prié les Saints Paterne, Guerlichon ou Guignolet, dignes héritiers du dieu Priape, dieu de la virilité, de la fertilité et de l’amour physique. Même réprouvées par l’Église, ces pratiques se sont poursuivies qu’à la Révolution.

    Garnir la couche de son hôte avec ses serfs

    Le second type de prostitution est appelé prostitution hospitalière : elle découle des coutumes ancestrales de l’hospitalité qui consistaient à « garnir la couche » de son hôte. Plus rarement pratiquée chez les paysans, elle était largement répandue chez les nobles et de nombreuses soubrettes et paysannes, tenues en servage, se prostituaient ainsi contre leur gré.

    Une épouse en CDD

    Le troisième type est la prostitution concubinaire. Le concubinage n’a jamais été, dans la France catholique, béni religieusement. C’est le versement d’une pension d’entretien qui servait de contrat nuptial que seuls un divorce ou la mort pouvaient rompre.

    Enfin, on trouve, sous quatre formes, la prostitution civile :

    • Les bordels privés de la noblesse et du clergé : L’abbé, l’abbesse, l’évêque, le baron, le seigneur féodal accueillent chez eux l’équivalent d’un bordel généralement payé par leurs fidèles ou leurs vassaux; les deux sexes y sont couramment représentés;

    • Les paysannes au service sexuel des curés : Dans les monastères, les bons pères réquisitionnent régulièrement les paysannes des alentours qu’ils convainquent de se taire de peur des foudres divines;

    • Les nonnes-putains pour un dieu proxénète : Plusieurs mères supérieures des couvents persuadent leurs religieuses de se prostituer pour amasser, au nom de leur divin époux auquel elles ont de toute façon livré à tout jamais leur corps vertueux, quelques compléments à la dîme;

    • Femmes-objets pour payer les impôts : Au Moyen-âge, le royaume de France est loin d’être consolidé et les guerres entre prétendants à la royauté livrent la paysannerie à des impôts ruineux, dont la taille. Plusieurs fuient la campagne pour la ville où la misère qui sévit contraint filles et jeunes femmes orphelines, abandonnées ou vendues, veuves et épouses désespérées à livrer leur corps en pâture. La prostitution foisonne avec ses classes de prostituées.

    Le statut des prostituées

    Durant la période médiévale, la quasi-totalité des prostitués est constituée de femmes. La prostitution masculine fleurit aussi, mais seulement dans la clandestinité en raison de la sévère condamnation de l’homosexualité par l’Église. Cette dernière entretient à l’égard des femmes un double discours qui explique, en grande partie, l’ambivalence de ses prises de position. La femme est certes synonyme de tentation et de luxure, mais curieusement elle occupe un rôle social plus égalitaire que celui qui va redevenir le sien à la Renaissance.

    La prostitution civile revêt quatre motifs, explicatifs des divers statuts et mécanismes différents de répression :

    • La luxure qui découle de la prostitution sacrée. Ses adeptes sont considérés comme des hérétiques et châtiés par l’Église et le pouvoir;
    • La pauvreté, lot des femmes démunies. Cette forme est plus ou moins tolérée par l’Église selon la sévérité de ses cardinaux du moment et réglementée par le pouvoir seigneurial ou royal selon ses humeurs et pénitences;
    • Le concubinage, lot de femmes devenues courtisanes, protégées par leurs concubins et par les apparences d’une vie de rentière; certaines prostituées de haut rang peuvent s’afficher dans la cour des gens de la noblesse. On peut d’ailleurs difficilement d’apparence les différencier d’autres femmes de leur entourage, même si la plupart du monde connaît leur identité;
    • Le commerce dont l’exercice est orchestré par des sources diversifiées : clergé, noblesse, bourgeoisie, tenanciers ou tenancières. Le clergé va, de temps à autre, procéder à de sévères répressions dans ses rangs, la noblesse graduellement se défaire de ses propres bordels pour choisir le concubinage ou la fréquentation plus ou moins discrète des maisons de débauche.
    • Les filles légères « prostitution libérale » : Ces filles travaillent pour leur propre compte, elles vont d’hôtel en hôtel ou possèdent leur propre chambre. Ces femmes deviennent petit à petit des courtisanes : prostituée de luxe, maîtresse de riches marchands ou notables. Les courtisanes deviennent réellement importantes à la fin du XV°.

    Lire La prostitution mondaine, une valeur éducative du patriarcat traditionnel avant le mariage

    Carrière d’une fille de joie

    Mères célibataires, vierges violées, veuves ou répudiées

    Les prostituées le sont pour des raisons financières, parce qu’elles sont sans ressources pour une raison ou une autre : tel est le cas pour les étrangères à la ville, les migrantes venant de la campagne, les filles exclues du système matrimonial parce qu’elles ont été violées, parce qu’elles sont des servantes enceintes et chassées, parce qu’elles sont veuves ou abandonnées. Mais il existe aussi une prostitution moins miséreuse, de femmes qui reçoivent discrètement chez elles des hommes de bonne condition, et que le voisinage tolère plus ou moins bien. La plupart des prostituées le sont, comme de nos jours, par utilité ou obligation. Dans ce contexte, la très grande majorité des prostituées est cantonnée dans les basses classes de la société, même si quelques-unes d’entre elles, devenues maîtresses de gens importants, parviennent à y échapper.

    Ne pas ressembler à une épouse légitime

    Faire commerce de ses charmes est longtemps vu comme une profession comme une autre. Les «putassières » demeurent cependant facilement identifiables. Il leur est, en effet, interdit de porter vêtements ou accessoires démontrant le luxe. Broches, fourrures et autres vêtements peuvent leur être sommairement confisqués.

    L’abbesse encaisse un tiers des gains pour un toit

    Les filles de joie racolent à peu près partout : bains publics, boisés, buissons, ruelle ou rue réservées à leur pratique, cour des nantis et autres endroits insolites. Cependant, les lieux dédiés aux habitués sont les bordels municipaux, que l’on appelle à cette époque «bourdeaux» ou «bon hostel». Ils sont souvent administrés par une maquerelle, souvent une femme mariée, appelée «abbesse», douce vengeance contre le clergé. Cette dernière encaisse le tiers des gains de ses filles en échange de leur pension. Il est donc très aisé de trouver remède à une envie pressante…

    La contraception naturelle

    Les pratiques sexuelles, pour ce que l’on peut en savoir, semblent être communément orales, anales, manuelles et interfémorales, les femmes fuyant le rapport vaginal pour des raisons contraceptives.

    Fin de carrière : abbesse, mariage ou couvent

    La fin de « carrière » est estimée autour de la trentaine, mais aucune source ne permet d’affirmer cet âge. Dès lors que les filles ne peuvent plus se prostituer, plusieurs choix de vie s’offrent à elles :

    • Devenir à leur tour tenancière – abbesse
    • Retraite dans le repentir « fondation Sainte Marie Madeleine
    • Le plus souvent, c’est le mariage qui les fait sortir de leur condition. En effet, épouser une fille de joie est considéré comme une œuvre pieuse par l’Eglise.

    La répression du vice

    Mais toléré au nom de la morale conjugale schizophrène

    Le rôle joué par l’Église et particulièrement ambigu.

    D’une part, et ce, depuis Saint-Au­gustin, elle voit la prostitution comme un mal inévitable qu’on ne peut enlever d’une société sous peine d’avoir d’autres maux. D’autre part, par son obligation morale, elle réprime à l’aide de ses tribunaux ecclésiastiques non pas les prostituées, mais les tenanciers et autres entremetteurs au nom de la morale conjugale.

     

    Les putains des soldats de Dieu

    En ces temps de guerres et de croisades, notons que les soldats et les croisés ne font pas exception à la tentation : un cortège de femmes suit l’armée, même celle de Dieu, lavandières comme prostituées. Les phases de défaites correspondent à un redressement des mœurs et vice-versa. Il faut comprendre que, lorsque les troupes commencent à perdre, les autorités le mettent sur le dos de leur honteuse débauche. Cependant, lorsqu’elles gagnent, les interdictions sont levées, et ainsi de suite, de victoires en défaites. Chose certaine, il y a du travail pour ces filles de joie qui vont parfois jusqu’à planter leur tente parmi celles des soldats. Leur réputation est cependant mauvaise, Jeanne d’Arc, par exemple, chassa les ribaudes qui suivaient son armée.

    Esclaves rasées pour laver leurs péchés

    Entre 1254 et 1269, Louis IX décide quand même d’éradiquer toute prostitution. Des lois qui permettent alors aux autorités d’incarcérer les demoiselles de joie sont mises en vigueur. Les prostituées qui sont capturées sont cependant envoyées dans des prisons toutes spéciales, où les conditions de vie sont misérables. Confiées à la garde de religieuses acariâtres et sadiques qui se croient désignées pour conjurer le vice, elles ont la tête rasée pour les humilier et on les fait travailler en quasi esclavage souvent jusqu’à une mort prématurée.

    Lire Les couvents de la Madeleine : camps de concentration pour mères célibataires et femmes libérées

    • 1254 : Ordonnance de Louis IX interdisant la prostitution, les personnes prostituées sont expulsées des villes et tous leurs biens sont saisis, jusqu’aux vêtements; et les proxénètes sont punis par des amendes équivalentes à une année de loyer.
    • 1256 : Nouvelle ordonnance de Louis IX qui revient sur l’interdiction stricte de la prostitution. La personne prostituée n’est plus que reléguée hors des murs des cités et loin des lieux de culte.
    • En 1269, Saint Louis, qui s’apprête à embarquer pour la huitième croisade, demande à nouveau d’extirper le mal du royaume. À nouveau, la clandestinité des prostituées et le désordre créé font fléchir le roi qui fait ouvrir des centres de reclassement pour les femmes publiques à Paris. Le pragmatisme fait d’ailleurs que les filles publiques sont non seulement admises, mais subsidiées pendant la huitième croisade. Les livres de comptes royaux font état de 13000 prostituées à payer pour le suivre à la guerre…

    L’inefficacité de la répression est patente. A la fin du Moyen Age, filles publiques, secrètes ou vagabondes pullulent dans les rues des villes, investissent étuves et hôtels princiers. Le temps où ces femmes, jugées impures, étaient interdites de mariage, semble désormais dépassé ; mais à bien y réfléchir, les ordonnances de Saint Louis étaient déjà en leur temps parfaitement irréalistes.

    Prisons pour prostituées, fornicatrices, adultères, pauvresses et célibataires

    Du XVIIe au XIXe siècle, la période moderne est marquée par la volonté de lutter contre la prostitution. Parfois les mesures visent son éradication, par l’emprisonnement ou le bannissement. Mais beaucoup de ces mesures sont assez vite oubliées ou pas du tout appliquées. Certains comportements sont nouveaux : des asiles s’ouvrent pour les femmes repenties, que vont bientôt rejoindre celles que l’on considère comme risquant de tomber dans la prostitution parce que pauvres et célibataires. Des ordonnances précisaient même de n’admettre que les jolies filles, les laides « n’ayant pas à craindre pour leur honneur ». L’Angleterre, puis l’Espagne, créent de tels établissements. En 1658, Louis XIV ordonne d’emprisonner à la Salpêtrière (Hôpital Général) toutes les femmes coupables de prostitution, fornication ou adultère, jusqu’à ce que les prêtres ou les religieuses responsables estiment qu’elles se sont repenties et ont changé.

    La Salpêtrière de Paris sous l’Ancien Régime : lieu d’exclusion et de punition pour femmes

    A son ouverture, en 1656, la Salpêtrière de Paris s’impose comme le plus grand établissement d’enfermement de femmes à l’époque moderne. Elle est chargée d’accueillir les femmes, jeunes filles et enfants mais aussi des couples sans ressources. En 1666, dix ans après l’édit d’établissement, la Salpêtrière accueillait 2322 pauvres. En 1684, Louis XIV ajouta à l’hospice, une prison, la « maison de force », pour les femmes prostituées, débauchées et condamnées, à laquelle on adjoignit un bâtiment pour les femmes et les filles détenues à la demande de leurs maris ou de leurs parents. La Salpêtrière comporta donc : un hospice et une prison pour les femmes.

    Les pauvres mendiants qui ne se seront pas rendus à la Pitié dans les délais prévus y seront amenés de force par les officiers de police. La loi interdit la mendicité « à peine du fouet contre les contrevenants, pour la première fois ; pour la seconde, des galères contre les hommes et garçons, et du bannissement contre les femmes et filles ».

    Pour changer la morale et les mœurs des femmes égarées

    Dès le règlement du 20 avril 1684, une nouvelle catégorie de la population parisienne est à enfermer : les femmes débauchées. Et c’est à la Salpêtrière qu’elles devront être « enfermées ».

    Comme la mendicité, la débauche et la prostitution sont combattues avec acharnement pendant tout le XVIIe siècle.

     

    Outre la déportation dans les colonies, l’Hôpital général devient le principal mode de mise à l’écart des prostituées jusqu’à la fin du XVIIIesiècle. Les prostituées étaient déjà mises en cause dans le 101e article de l’ordonnance de 1560 promulguée par François II puisque cette ordonnance interdisait tout simplement la prostitution.

     

    Cette mesure aurait été prise suite à la progression rapide de la syphilis. Et c’est tout naturellement qu’on s’est attaqué à ce qui ne pouvait être qu’à la base de ce développement : la prostitution. Sous couvert de santé publique on épurait ainsi les rues de Paris d’un autre fléau, la « débauche publique et scandaleuse ». Les mesures d’internement contre les débauchés se multiplient dans ce siècle de moralisation de la société. Des maisons de force avaient déjà été créées et aménagées pour les débauchées. Ces établissements étaient ouverts, théoriquement, aux seules volontaires, et avaient pour objectif de changer la morale et les mœurs de ces femmes égarées. Le roi prévient que « les femmes d’une débauche et prostitution publique et scandaleuse, ou qui en prostituent d’autres, seront renfermées dans un lieu particulier destiné pour cet effet dans la maison de la Salpêtrière ». Les débauchées pourront y être enfermées sur décision de justice. Après l’ordonnance du roi du 20 avril 1684, un inspecteur est chargé de la police des mœurs. Il est chargé, jour et nuit, de les arrêter et de les conduire au dépôt Saint-Martin, passage obligé des futures condamnées. Le lendemain, les femmes arrêtées comparaissent à l’audience du grand Châtelet. Les femmes condamnées, escortées par des archers, sont alors emmenées en charrette, dont les planches sont recouvertes de paille, à travers les rues de Paris, à la vue de tous, jusqu’à la Salpêtrière.

    Pour réprimer la libération des femmes

    Avec le XVIIIème siècle, une grande liberté des mœurs oblige la société à réagir. La police va être une grande pourvoyeuse de nos hôpitaux : se moquer du roi, de la religion, contrevenir à l’ordre public, désobéir à l’autorité paternelle, manquer à l’honneur familial, se débarrasser de sa fille ou de sa femme, être protestante, hérétique, révoltée ou troubler l’ordre public sont très souvent des fautes méritant l’incarcération des femmes à la Salpêtrière. C’est de plus en plus un bagne pour les femmes avec des travaux forcés et de sévères châtiments. Pourtant dans le même temps apparaît une timide humanisation avec l’arrivée de Tenon à la Salpêtrière en 1748. Il va y améliorer l’hospitalisation de ses malades. Quant aux folles, elles arrivent à la Salpêtrière pour y achever, souvent enchaînées, le reste de leur vie.

    La déportation des filles de honte

    Les fillettes abandonnées à la naissance étaient recueillies, élevées, éduquées, placées pour un travail et mariées par l’institution après enquête sur le conjoint (« les noces des orphelines »). Colbert trouva bon de peupler nos nouvelles colonies d’Amérique avec quelques-uns de ces jeunes orphelins et orphelines en les mariant « à la chaîne » (60 couples dans une matinée) lors de grandes cérémonies à l’église Saint-Louis de la Salpêtrière. Cette pratique s’est poursuivie sous la Régence. L’Angleterre commence à déporter aux Antilles les filles des maisons fermées : elles sont 400 après la fermeture des maisons de Londres en 1650 ; on estime à 10 000 celles qui rejoignent de force l’Amérique de 1700 à 1780. L’aristocratie européenne semble particulièrement violente dans sa façon de vivre la sexualité et, contrairement au Moyen Âge, on a pour ces siècles des récits de brutalité dans les établissements où orgies, coups, flagellation, débauche de mineurs sont courants. La société dans son ensemble est caractérisée par la violence sexuelle et, dans les campagnes comme dans les villes, des bandes organisées attaquent les femmes isolées pour des viols collectifs accompagnés de sévices.

    Un métier commun

    3000 bordels parisiens

    Force est de constater que, malgré les interdictions et les principes moraux, tous les niveaux des autorités civiles et religieuses comptabilisent les revenus des bordels qu’ils gèrent sans scrupule, à titre de revenus standards, comme les taxes ou les dons.

    À la fin de Moyen-âge, au temps du poète et

    brigand François Villon (1431-1463?), Paris compte plus de 3000 bordels. Pendant très longtemps, on prétexte que la prostitution est un exutoire pour éviter le viol et l’adultère. C’est pourquoi elle est alors tolérée et pourquoi l’Église tente de réhabiliter les pécheresses repentantes.

    13% des femmes se prostituent

    À la veille de la Révolution française, on évalue à 30 000 les simples prostituées de Paris et à 10 000 les prostituées de luxe ; à Londres, elles seraient 50 000, ce qui est une preuve de l’échec des mesures de répression. A la fin du XVIIIe siècle, on évalue à 40 000 le nombre de personnes prostituées à Paris (13 % de la population féminine). Pour mesurer l’ampleur du phénomène, la plupart des historiens contemporains soulignent que si la proportion de prostituées était la même aujourd’hui (environ 13 % des femmes), on aurait pour Paris intra-muros une population de plus de 100 000 prostituées.

    Un quart de parisiens clients : des recettes juteuses pour l’État

     

    La IIIe République est l’âge d’or des maisons closes qui font partie intégrante de la vie sociale. L’État, et notamment le fisc profitait de ce commerce en prélevant 50 à 60 pour cent sur les bénéfices. À Paris, ils sont environ 200 établissements officiels, sous le contrôle de la police et des médecins, ainsi que d’innombrables bordels clandestins qui comptent alors 15 000 prostituées. De 1870 à 1900 environ, il y a 155 000 femmes officiellement déclarées comme prostituées, mais la police en a arrêté pendant la même période 725 000 autres pour prostitution clandestine (soit 30 000 par an). 

     

    En 1953, les estimations les plus basses sont de 40 000 prostituées à Paris (les plus hautes parlent de 70 000), tandis que les bordels clandestins (les clandés) se multiplient (500 à Paris). La police estime à 40 000 clients par jour la fréquentation des diverses maisons, ce qui équivaudrait à dire que le quart des hommes parisiens avait des relations avec les prostituées.

    sources

    https://matricien.org/patriarcat/sociologie/prostitution/bordel-eglise/

     

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