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CORA PEARL, COURTISANE
Cora Pearl
Cora Pearl est le pseudonyme d'Emma Élizabeth Crouch, née à Londres en 1835 et morte à Paris dans le 16e arrondissement, le 8 juillet 1886. Célèbre demi-mondaine, elle a séduit la plus haute aristocratie au cours de la période du Second Empire, notamment le prince Napoléon et le duc de Morny.
Pearson, professeur de chant. Frederick Crouch abandonne sa famille en 1847, très certainement pour fuir ses créanciers, et part à New York pour exercer sa profession de musicien.
Lydia Pearson décide d'envoyer Emma dans une école religieuse en France.
Biographie - Jeunesse
La date et lieu de naissance d'Emma Crouch sont contestés, son état civil donne pour date de naissance le 23 février 1842, à Plymouth, bien qu'il soit plus probable qu'elle soit née à Londres en 1835, et que sa famille se soit
déplacée à Plymouth vers 1837.
Son père est le violoncelliste Frederick Nicholls Crouch (1808 - 1896)
et sa mère Lydia
Elle est placée dans un pensionnat à Boulogne-sur-Mer pendant deux ans puis dans une autre institution à Calais où elle reste sept ans.
Par la suite, Emma séjourne deux ans chez sa grand-mère à Jersey, qui la place chez un modiste réputé à Londres.
Dans cette maison, elle fait la connaissance du baron Oelsen
et vit un an avec lui, avant de devenir la maitresse d'un
propriétaire de cabaret londonien,
Robert Bignell, de dix ans son aîné.
En mars 1858, Robert Bignell emmène Emma à
Paris et lui fait connaître les hauts lieux touristiques.
Après un séjour d'un mois, Robert veut rentrer en Angleterre, mais Emma décide de rester en France car elle a bien d'autres projets.
LA COURTISANE
Emma choisit de devenir une femme galante.
Elle aime les plaisirs charnels mais c'est avant tout,
comme la plupart des demi-mondaines, le meilleur moyen de s'enrichir rapidement.
Elle devient une femme entretenue au service d'un proxénète du nom de Roubise, qui lui procure de nombreuses relations.
Elle prend l'habitude de tenir un registre de ses clients avec leurs noms, des détails intimes de leur vie privée et même des commentaires
parfois assez crus sur leurs performances.
Six ans après, Roubise meurt et Emma se retrouve libre.
Elle s'installe au no 61 rue de Ponthieu dans un appartement
qu'elle partage avec une amie, Mlle Carole Hassé.
Emma Crouch prend alors le pseudonyme de Cora Pearl.
Elle rencontre par la suite le duc de Rivoli, Victor Masséna.
Celui-ci lui présente au cours d'une soirée à l'Opéra, le prince Achille Murat.
Cora entretient une relation avec les deux hommes jusqu’en 1865, lorsque le prince doit partir pour l'Afrique sur l'ordre de l'empereur, pour rejoindre son nouveau régiment.
Cora qui se lasse du duc, poursuit néanmoins leur relation.
Elle fait la connaissance du duc de Morny, le demi-frère de
en décembre 1864.
Duc et Duchesse de Morny 1863
Elle devient sa maîtresse, mais aussi son amie ainsi que
celle de son épouse, la princesse Sophie.
Grâce aux générosités d'Auguste de Morny, Cora est la locataire à la fin de l’année 1864, du château de Beauséjour à Olivet,
dans le Loiret, dont elle sera la propriétaire de 1875 à 1885.
Elle organise dans son nouveau domaine des fêtes
somptueuses et dépense des sommes astronomiques dans les travaux.
Appartement du Duc de Morny au Louvre
Pour la décoration, le visiteur ne manque pas
d'admirer les marbres,
le cuivre et l'or à profusion.
Elle fait même installer une vaste baignoire en bronze,
gravée de son monogramme : trois Centrelacés.
Les extravagances de Cora ne se comptent plus.
Elle prend par exemple un bain de champagne ou elle fait teindre son caniche en bleu pour qu'il soit assorti à sa robe.
Elle introduit également la mode du maquillage.
Cora Pearl est surnommée« la grande horizontale », ou « le plat du jour »
.
Achille Murat, 2nd Prince Murat.(1801-1847)
Elle fréquente les restaurants à la mode dont le Café Anglais
qui offre à sa clientèle des cabinets particuliers.
La renommée de Cora est telle que le tout Paris raconte :
« à une occasion, elle s'était fait servir elle-même, étendue nue sur un immense plat d'argent, dans le célèbre cabinet numéro seize, dit le Grand Seize, au Café Anglais. Elle y aurait également dévoilé ses seins, lors d'un dîner entre femmes, ce qui laisse entendre qu'elle aimait à se mettre en avant pour le plaisir, et non pas nécessairement pour appâter le client » .
L'APOGEE
La publication de son acte de naissance dans son autobiographie en 1886, commence par une falsification.
Née à Plymouth en 1835, Emma est envoyée dans un couvent français à Boulogne sur Mer. Dans ses "Mémoires", elle révèle à la page 17, qu'elle a débuté dans la prostitution dès l'age de 14 ans avec un diamantaire nommé Saunders d'après elle... ....................... Le Journal des Goncourt ne la mentionne qu'une seule fois le 15 août 1864 de façon plutôt ordurière : "Elle toujours elle ! dans la rue, au Casino, à Deauville à Trouville, à pieds en voiture, sur la plage (ce monstre qui n'est rien et qui n'a rien, ni grâce, ni élégance ni esprit de bienfaisance, qui n'a l'élégance que lui vend cent mille francs par an son costumier (...)cette fausse lorette qui comme la lorette fume dezs cigarettes, conduit comme Cora et, vide comme les filles, tue le temps comme elles avec le monde des Morny, à jouer au misti jusqu'à trois heures du matin--l'entraîneuse de toutes ces samopes creuses du monde officiel d'aujourd'hui' (...)
LA MAIN ET QUELQUES AUTRES DETAILS DE L'ANATOMIE DE CORA PEARL
image: http://media.paperblog.fr/i/383/3839255/cora-pearl-scandaleuse-L-yqDSMB.jpeg
En janvier 1869, Emma Crouch, voulut, pour offrir à ses admirateurs faire le moulage de sa main. Pour ce faire, elle fit appel au sculpteur Louis-Edmond Cougny*. Vingt quatre épreuves furent réalisées en terre cuite qui furent dit-on rapidement épuisées. L'une d'elle, avec cette inscription :" souviens-toi" était destinée à un prince bien connu qui le plaça dans son musée secret. Sachant que la beauté est éphémère, Cora décida de faire pour sa gorge ce qu'elle avait fait de sa main. Sous la surveillance de Cougny, un mouleur emprisonna dans un corset de plâtre les parties à reproduire et en fit ressortir une épreuve aussi vraie que nature. "J'ai fait faire le moulage de ma poitrine et de ma main. La main en l'air tient un sein, l'autre sein fait le couvercle. Le tout en onyx. Un monsieur me l'a pris et l'a donne au "Phoque". J'ai su depuis que la maison d'onyx a fait faillite. Quand à ma statue en marbre, je l'ai fait faire par Gallois en douze séances" Au cours de ces séances, Cora Pearl indique à mots couverts la présence d'une femme qu'elle nomme Desmard (nous savons qu'elle transformait tous les noms), qui prenait du plaisir à la contempler "tout cela par obligeance et sans autre application de son oreille sur ma poitrine" La fabrication de ces objets fut confié à Messieurs Cornu & Cie, fabricant d'objets d'art, dont la facture est reproduite
plus haut. Cette créance n'ayant pas été recouverte en 1872, après le départ précipité de Cora Pearl en raison de la tentative de suicide du jeune Duval, l'héritier des "Bouillons" du même nom, les créditeurs se manifestèrent et demandèrent une saisie conservatoire des biens de la débitrice, par l'huissier Larguillat, de tableaux, meubles luxueux, lustres et girandoles, peaux d'ours blanc, peaux de tigre et trois grands billards anglais. De plus deux immeubles d'une valeur considérable, rue de Chaillot et à Maison-Laffitte étaient concernés par cette saisie. Le tribunal civil de la Seine sous la présidence du juge Guérin la condamna le 4 avril 1873, à payer la somme de 3300 francs aux plaignants, les frais de la saisie furent à la charge de Cornu. Nous ignorons s'il reste aujourd'hui des traces de ces oeuvres ?
Dix jours après la disparition du duc de Morny, le 10 mars 1865,
Cora est abordée par
Ludodvic de Gramont 5) Ludovic de Gramont
le duc Emmanuel de Gramont-Caderousse avec qui elle a une relation purement « professionnelle »,
jusqu’au 25 septembre 1865, date de son décès à Paris.
Le Prince Achille Murat et Cora Pearl, 1865, tirage photographique moderne d'après plaque de verre © J. Delton / Archives Hermès (Paris) - 201
Cette même année 1865, Cora rencontre le prince Napoléon, cousin de l’empereur. Il sera plusieurs années durant, l'amant de Cora Pear.
Le prince en tant que bienfaiteur et protecteur,
n'hésite pas à lui offrir deux splendides hôtels particuliers,
l'un au no 101 rue de Chaillot (16e arrondissement)
et l'autre, rue des Bassins
(voie disparue de nos jours).
Les années 1865 à 1870 consacrent la période faste et l'apogée de Cora Pearl. Sa fortune s’accroît considérablement et comme la plupart
des demi-mondaines, elle dilapide des sommes folles.
Au cours de cette période, elle achète plus de soixante chevaux et dépense même pour l'un d'entre eux la somme de 90 000 francs.
Elle justifie son appât du gain uniquement pour assurer le même train de vie imposé par la fréquentation des hommes les plus riches et les plus influents de l'Empire.
La réussite des puissants, se voyait dans la magnificence de leurs maîtresses.
Ludovic de Gramont(1834-1865)
a.k.a. Emmanuel-Jean-Ludovic de Gramont-Caderousse.
Cora Pearl se produit au théâtre dans une production
de 1867 d'Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach.
Elle a hérité d'assez de talent musical pour interpréter le rôle
de Cupidon et apparaît sur scène seulement vêtue de ses diamants.
Chaque soir, un diamant tombe et roule, jamais elle ne le ramasse :
c'est le pourboire des machinistes.
Elle plaisait à l'empereur et on l'avait vue à ses côtés au bois, dans sa calèche.
Le DECLIN
La guerre franco-allemande éclate le 19 juillet 1870. Cora Pearl est présente au moment du siège de Paris.
Elle transforme son hôtel rue de Chaillot en hôpital et s'improvise infirmière. L'effondrement de l'Empire amorce le déclin de Cora Pearl.
Elle finit par quitter Paris et rentre finalement en Angleterre.
Elle revient en France, au moment de la Commune en 1871.
Cora Pearl est dans une situation précaire.
Le reste de sa fortune a financé les travaux de son hôtel particulier en hôpital et elle se retrouve sans protecteur depuis son retour à Paris.
L'affaire Duval
Cora Pearl rencontre en 1872, Alexandre Duval, riche propriétaire.
Son père, Louis Duval, avait fait fortune en ouvrant à Paris,
les Bouillons Duval, une chaîne de restaurants à bon marché.
À la mort de son père en 1870, Alexandre Duval
est à la tête de douze restaurants dans la capitale.
Âgé de vingt-cinq ans, alors que Cora a environ trente-sept ans,
Alexandre devient son amant.
En plus de son héritage familial, Alexandre Duval
possède une fortune personnelle.
Cora Pearl n'a pas mis longtemps à ruiner le jeune restaurateur.
Il paye l'entretien de son hôtel rue de Chaillot et d'une maison de campagne à Maisons-Laffitte.
Alexandre lui offre également des cadeaux : voitures, attelages et même un livre composé de cent billets de 1 000 francs reliés.
Il contracte des dettes exorbitantes pour sa promise.
Inexorablement, les finances viennent à manquer et la famille d'Alexandre décide de lui couper les vivres.
Cette nouvelle situation n'arrange pas les affaires de Cora qui, sans le moindre remords, met un terme à cette liaison et refuse de revoir Alexandre.
Désespéré, Alexandre réussit à forcer la porte de Cora le 19 décembre 1872, malgré l'opposition des domestiques.
Armé d'un révolver, il se dirige vers la chambre de Cora et
suppose qu'elle se trouve avec un autre homme.
Alexandre tire une première fois dans cette direction
et ne blesse personne.
Face à son échec, il retourne alors l'arme contre lui et
se tire une balle dans le côté, devant sa maîtresse.
La tentative de suicide échoue, la blessure n'est pas mortelle.
Cette histoire inspire Émile Zola pour le suicide de
Georges Hugon dans son roman,Nana.
Les conséquences de ce fait divers tragique ne se sont pas fait attendre.
Les autorités ordonnent l'expulsion du territoire de Cora Pearl.
Deux jours après le drame, elle reçoit la visite d'un commissaire de police qui lui intime l'ordre de quitter la France sans délai.
Cora loge d'abord chez une amie à Monte-Carlo, puis part pour Nice et enfin, Milan.
Son expatriation est de courte durée mais sa réputation ne se remet pas de cette frasque trop publique.
Ses meubles et effets mobiliers de son hôtel rue de Chaillot sont saisis à la demande de ses créancier.
Cora Pearl porte plainte et reprend possession de ses biens dès 1873.
Elle vend néanmoins sa propriété de Maisons-Laffitte et le
dernier visiteur n'est autre que le prince Napoléon,
qui passe la nuit avec Cora Pearl.
Les dernières années
Cora Pearl réussit à revenir à Paris, après son
exil forcé et reprend les activités de ses débuts, la prostitution.
Elle ne retrouvera jamais plus sa position
dans la haute société et son existence de luxe.
Cora met en vente à Drouot toute son argenterie en 1877,
afin de s'acquitter de ses dettes.
Elle se sépare également de son château de Beauséjour en 1885, déjà fortement hypothéqué.
Peu de temps après la publication de ses mémoires, Cora Pearl devient gravement malade d'un cancer à l'estomac.
Elle meurt oubliée, au premier étage de son domicile parisien
au no 8 rue de Bassano dans le 16e arrondissement,
le 8 juillet 1886.
Cora Pearl est inhumée dans une concession
temporaire de cinq ans au cimetière des Batignolles.
Trois mois plus tard, le reste de ses biens, lingerie, draps de lit, son unique collier de perles, son portrait à cheval peint par Lansac, une cravache, une tenue d'amazone, sa bibliothèque de quatre-vingts livres et plusieurs perruques blondes, sont mis aux enchères.
« Je n'ai jamais trompé personne, car je n'ai jamais été à personne.
Mon indépendance fut toute ma fortune :
je n'ai pas connu d'autre bonheur. »
— Cora Pearl, citation extraite de ses Mémoires, 1886.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cora_Pearl
Tags : cora, pear, paris, emma, alexandre
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Commentaires
2RegisDimanche 2 Juin à 08:01Bonjour, propriétaire du Chateau de Beauséjour, je vous remercie pour cette « biographie » assez complète et précise de Cora Pearl. Je suis à la recherche de photos ou dessins d’intérieurs du château à cette époque ? Auriez vous la teneur des travaux effectué par Cora également . Merci d’avance RC
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Si Cora Pearl est morte en 1886, la jolie vieille dame est au mieux sa fille, la photo date des années 1940.