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Par Dona Rodrigue le 14 Mars 2016 à 20:24
Artiste dramatique
LANTHELME Geneviève, Mathilde Fossey,
dite Melle (1882-1911)
Mathilde Fossey, plus connue sous le nom de Geneviève Lanthelme (ou Lantelme), fut une actrice et chanteuse qui eut son heure de gloire au début du XXe siècle.
Melle Lanthelme n’a pas laissé un grand souvenir dans les mémoires, si ce n’est que sa sépulture fut cambriolée et que l’intervention de la police et des pompiers donna matière à articles de presse et édition d’une carte postale...
Geneviève Lantelme, née Mathilde Hortense Claire Fossey le 20 mai 1883 et morte le 25 juillet 1911, est une actrice française, une célébrité, une icône de la mode et une courtisane du début du xxe siècle.
Considérée par ses contemporains comme une des plus belles femmes
de la Belle Époque, sa disparition précoce et mystérieuse à 24 ans
contribua à sa légende.
On sait qu’elle donna de la voix dans l’interprétation d’un opéra de Méhul quasiment oublié, Le pré aux clercs, il en existe d’ailleurs un enregistrement.
Elle fut la cinquième épouse d’ Alfred Edwards, richissime homme d’affaires,
patron de presse, journaliste et propriétaire de l’Odéon.
D’une grande beauté, possédant un fort ascendant sur les hommes, de moeurs sans doute quelques peu légères, elle mourut mystérieusement noyée lors d’une croisière sur le Rhin, le 25 juillet 1911 ...
Le jour de ses funérailles, on pu voir s’évanouir de concert son mari et son amant...
La presse de l’époque reprend en gros titres que la comédienne
s’est fait enterrer avec ses bijoux.
Ce qui devait arriver arriva, deux malandrins violèrent la tombe, sans trouver de joyaux.
S’ensuit une enquête de Police, suivie de l’incendie accidentel
de la sépulture, l’intervention des pompiers confère à la défunte une seconde noyade...
Pendant plusieurs numéros, les aventures posthumes de
la pauvre Melle Lanthelme, feront les gros titres de la presse d’alors.
Elle repose dans une imposante chapelle au nom d’Edwards.
En 1907, Boldini fit d’elle, un magnifique portrait.
Geneviève Lanthelme a été transférée le 5 juin 1919 dans
la sépulture de la famille Fossey dans la 94eme division.
Un grand merci à Alain Genesty pour les photos de Melle Lantelme.
Sources :
Le Théâtre - Les Galeries du Théâtre, Paris, N° 207, août 1907.
Geneviève Lantelme, galerie photos
http://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=2757
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Par Dona Rodrigue le 14 Mars 2016 à 00:34
Le Secret du Fleuve
Donc, depuis l’après-midi du 25 juillet 1911, plus précisément, depuis qu’était arrivé à Paris le premier télégramme me donnant la sinistre nouvelle, il y avait une affaire Lantelme, dont les incidents du cimetière n’étaient qu’un épisode.
Comme une flambée de poudre le bruit s’était répandu dans Paris qu’au cours d’une scène orgiaque sur le Rhin, M. Alfred Edwards, mari de Mlle Geneviève Lantelme, avait tué sa femme, soit, d’après les uns, en la jetant dans le fleuve, soit, disaient les autres, d’un coup de revolver ou par strangulation, et en se débarrassant du cadavre en le jetant au fil de l’eau.
Geneviève Lantelme with two of her little dogs. Postcard F.C. & Cie # 13. Caption: Lantelme. Photo by Henri Manuel (circa 1910).The gown she’s wearing here is by Madeleine Vionnet. The photo is possibly made in Lantelme’s home rue de Constantine.
Des envoyés spéciaux appartenant à certains journaux avaient, pour telles raisons ou pour d’autres, broché sur le tout.
https://verbinina.wordpress.com/tag/genevieve-lantelme/page/4/
Et la somme de rumeurs revenue de Paris en Allemagne n’incita pas peu la justice allemande à ouvrir ptoprio motu, le 26 juillet, trente-six heures après la disparition de Ginette, une enquête, close d’ailleurs bientôt par un non-lieu.
Mais, si les autorités allemandes ont admis la thèse de l’accident, ce n’est pas une raison, tant s’en faut, pour que l’opinion française se rallie à une appréciation étrangère, surtout à celle-là.
Et le Boulevard oublie le discours de M. Lloyd George et les incidents du Maroc, — déjà ! — ; cette époque pourtant féministe se désintéresse de l’attribution du prix de Rome de sculpture à Mlle Heuvelmans ; les plus beaux raids d’aviation, — Beaumont, vainqueur du tour d’Angleterre !— sont appréciés, mais presque comme des faits divers de second ordre ; la question, la seule qui se pose et que l’on pose, c’est :
« Comment, par quoi, par qui a été tuée Ginette ? »
Nouvelles brèves, on-dit, informations contradictoires, c’est tout ce que l’on possède.
La raison insatisfaite laisse la place au sentiment. Et le sentiment de la foule est contre Edwards.
Contre Edwards le riche. Contre Edwards dont la puissance occulte est redoutée et jalousée. Contre Edwards aux origines doublement étrangères.
Contre Edwards, vieux mari d’une trop jolie fille en vue.
Contre Edwards, autoritaire, rancunier, mordant.
Contre Edwards, qui n’a pas d’égaux, encore moins de supérieurs. Contre Edwards qui, disait-il de lui-même, traverserait Paris à pied pour obliger un ami, à genoux pour nuire à un ennemi.
Et sans chercher à savoir comment s’était exactement déroulé le drame, ni quelles étaient les premières constatations, le Tout-Paris attendait qu’on lui fournît les preuves du meurtre.
Désespère-t-il encore qu’on les lui apporte ? Se refuse-t-il toujours à croire à un accident?
Les premières constatations
Avant de nous attaquer au mystère, faisons un peu d’histoire.
C’est dans la nuit du 24 au 25 juillet que, sur le Rhin, à proximité de la frontière germano-néerlandaise, disparaît Geneviève Lantelme.
La première dépêche qui apprit à Paris la funèbre nouvelle émane de M. Charles Cuvillier, compositeur et l’un des passagers de L’Aimée. Adressée au Docteur Dauriac, elle fut expédiée à triple taxe de Marienbaum le 25 juillet, à 11 h. 50.
Elle dit :
«Ginette moyée.
Edwards très malade. Répondez Himden à Emmerich.»
Ce télégramme arriva à midi 1/2. Le docteur Dauriac le renvoya à la poste pour obtenir confirmation ou rectification éventuelle du mot « moyêe » en toute vraisemblance « noyée ».
Le destinataire partit à 18 heures pour Emmerich via Cologne. Le lendemain matin, il adressait à Mme Dauriac, sa femme, une dépêche disant « Ginette tombée accident fenêtre cabine nuit lundi à mardi à une heure en plein courant corps non retrouvé. »
Peu de temps après, un autre telégramme, de la même source, parti d’Emmerich, annonçait à Mme Dauriac que le corps était retrouvé. Il est permis de penser que ce fut seulement quelques minutes auparavant que le docteur Dauriac fut avisé de la douloureuse trouvaille.
Car, parti de Paris à 18 heures, il ne pouvait être à Cologne avant 6 heures et à la frontière néerlandaise avant 8 heures du matin.
Une autre dépêche d’Emmerich, à la même date, 26 juillet, annonce que le cadavre est retrouvé dans les roseaux d’Ober-Meermeter, près de Rees.
Le corps charmant de l’infortunée, d’après les premières constatations, est revêtu d’un simple tea-gown.
Visage calme, cheveux dénoués, la main gauche crispée sur le couvercle d’une petite boîte d’argent.
Le document ajoute : « Le corps sera transporté sur le yacht Aimée, qui retourne à Emmerich.»
Néanmoins, la police allemande, soucieuse de sa responsabilité et fort émue des rumeurs qui, depuis l’avant-veille, se sont répandues dans Paris, décide d’ouvrir une enquête ; le correspondant à Dusseldorf de l’Agence de la Presse associée télégraphie le jour même que l’on retrouve le cadavre :
« Le procureur impérial a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire sur les conditions dans lesquelles s’est produite la mort de Mlle Lantelme à bord d’un yacht dans les environs d’Emmerich-sur-Rhin. Les bruits les plus contradictoires courent à Dusseldorf ; ils ont rendu cette mesure judiciaire nécessaire, afin de faire la lumière pour savoir s’il y a eu suicidé, crime ou accident. »
Comme les passagers de L’Aimée se sont certainement tenus dans la plus explicable dés réserves vis-à-vis de la population allemande, il appert nettement que les bruits auxquels fait allusion cette dépêche d’agence sont des bruits revenus de Paris à Dusseldorf.
L’enquête fut certainement rapide et décisive, puisque Berlin télégraphiait le 27, soit le lendemain de l’ouverture de l’enquête, consécutive à la découverte du corps, que « de l’enquête officielle, il résultait que ce fut bien d’une syncope que Mlle Lantelme tomba dans le Rhin ».
Et la dépêche ajoutait que « le corps, dont les autorités ont autorisé l’enlèvement, a d’abord été déposé sur le yacht puis dirigé par chemin de fer sur Paris ».
Ainsi tombe la macabre légende d’après quoi les autorités allemandes auraient décidé de ne pas toucher au cadavre jusqu’à la fin de l’enquête et l’auraient laissé dans l’eau bourbeuse du fleuve, sous le lourd soleil de juillet, et la corde au cou, sinistre épave rattachée à L’Aimêe, avec interdiction formelle de le remonter à bord. La vérité, c’est que Ginette, repêchée le 26, vers 10 heures, fut soumise le même jour à un examen médico-légal auquel participa, lui second, le Dr Dauriac et qui authentifia la thèse de l’accident, partant autorisa le retour à Paris de la misérable dépouille.
Le corps fut étendu dans la cabine fatale transformée en chambre mortuaire. Edwards, cloué sur son lit dans la cabine voisine par une crise cardiaque, ne peut assister aux funèbres apprêts.
Et ici se place un poignant épisode, jusqu’à présent resté ignoré. L’un des familiers, celui qui, au moment du drame a intercepté la lettre : « Mon André chéri… » a la pieuse idée de la coudre dans l’ourlet du kimono qui sera le dernier vêtement de Ginette.
Il est, lui, au courant de la passion qu’éprouvait la Petite Reine pour un des plus séduisants jeunes prèmiers, nous pourrions dire le seul jeune premier de notre temps.
Sur cette passion, Ginette avait échafaudé des projets^ d’avenir dans lesquels Edwards n’était que le passé. Il fallait donc à tout prix que le malheureux demeurât dans son ignorance : le coup, cette fois, eût été définitif.
Mais pourquoi ne pas embaumer le sommeil éternel de Geneviève du contact du souvenir, par la présence matérialisée de sa pensée suprême ?
L’instruction à faire
La justice française se contenta de l’enquête de la police allemande. Une instruction pourtant eût été nécessaire.
D’abord pour satisfaire à la morale publique, soit en châtiant les criminels, s’il y en avait, soit en arrêtant les bruits calomnieux, que rien d’autre d’ailleurs ne pouvait arrêter, sinon une constatation officielle.
Il n’en fut rien fait.
Aujourd’hui, après quatorze ans d’oubli, et quatre ans de prescription, nous allons tenter de réparer cette omission et de rechercher dans quelles circonstances Mathilde Fossey,
dite Geneviève Lantelme, épouse Edwards, a pu trouver la mort.
Si la malignité publique s’émut du drame, c’est, nous l’avons dit, que la raison elle-même était loin d’être satisfaite.
Et si, dans les récits émanant des témoins, il y avait eu moins de contradictions, les haines et les rancunes eussent été ipso factoprivées d’aliment.
Deux versions, l’une de première main, celle d’un passager, l’autre qui peut être considérée comme telle, celle du Dr Dauriac, sont en opposition très nette sur un point de première importance.
– Peu avant minuit, dit le passager, nous partions d’Emmerich, à destination de Wesel ; après un voyage d’une heure, nous avons sablé le champagne et nous descendîmes dans nos cabines…
Cinq minutes après que nous nous étions séparés, nous entendîmes comme un cri étouffé. Tout le monde se réunit pour savoir ce qui se passait et nous vîmes que Lantelme n’était pas parmi nous… »
Lantelme with a dog, photo by Reutlinger (circa 1910/1911).
Donc Lantelme s’est noyée à 1 heure du matin, le navire marchant depuis une heure dans la direction de Wesel.
Etant donné le courant, L’Aimée ne devait guère dépasser 6 à 8 kilomètres à l’heure et par conséquent se trouver bien en aval de Rees.
Voyons les déclarations du Dr Dauriac.
– « … des formalités de douane à la frontière hollandaise avaient arrêté la marche de L’Aimée.
A 4heures et demie du soir, le yacht put se remettre en route pour Wesel. Vers 7 heures et demie, dans les environs d’Emmerich, alors qu’un orage s’annonçait, Ginette demanda qu’on jetât l’ancre.
» Après le dîner, Ginette s’était renfermée dans son boudoir… Elle s’assit sur le rebord de la fenêtre… Un faible cri perçu dans la nuit (vers minuit 30 ou 1 heure) alors que la tempête faisait rage, avertit tout le monde… »
Là aussi, la catastrophe a lieu à 1 heure du matin, mais le navire stoppait depuis cinq heures, et auprès d’Emmerich.
Première contradiction qui frappait le public :
Le navire marchait-il depuis une heure ?
Etait-il à l’ancre depuis cinq heures ?
Deuxième contradiction entre ces deux déclarations et les faits. Le corps, entraîné par un courant que tous qualifient de violent, est retrouvé à Rees, à l’amont d’Emmerich et à l’aval de Wesel, à mi-chemin des deux agglomérations.
Donc Lantelme est tombée à l’eau entre Wesel et Rees, à 25 kilomètres en amont du point où se serait trouvée L’Aimée, s’il fallait du moins en croire ses passagers.
Le fait est d’ailleurs confirmé par tous les documents officiels relatifs au lieu du décès. Ils sont datés de Marienbaum.
Or Marienbaum est une petite localité de la rive gauche du Rhin, sise entre Rees et Wesel.
Qu’en conclure ? Qu’Edwards a tué Lantelme ?
Le lieu n’aurait rien fait à l’affaire. Emmerich, Rees, Wesel, on tue partout, comme dit Farrère. Une seule déduction s’impose :
les gens de L’Aimée ne savaient pas où ils étaient.
Pourquoi ? Les témoins l’avouent :
« Nous avons sablé le champagne ».
Un familier ajoutera que ce n’avait rien d’inhabituel et que, sur ce yacht, l’excès en tout n’était pas un défaut.
Voilà Lantelme dans sa cabine. Y était-elle seule ? Selon toute apparence. Sinon, au moment où la porte fermée à l’intérieur au verrou fut enfoncée, on aurait trouvé au gîte le meurtrier.
Or, c’est Edwards, Edwards, le prétendu assassin, qui enfonce cette porte.
Il eût donc fallu supposer qu’Edwards, le coup fait, était sorti par la fenêtre, — ce que lui interdisait sa corpulence, — et dans l’orage, par un roulis assez violent, eût regagné sa cabine en se glissant par le platbord.
Admettons, malgré ces invraisemblances, l’éventualité du meurtre. Il faudrait alors supposer que Lantelme ne s’est pas débattue, qu’elle n’a pas crié, qu’elle a continué à crisper sa main sur le couvercle d’argent retrouvé trente-six heures après dans ses doigts glacés… On sent tout l’absurde de l’hypothèse.
Pourquoi enfin Edwards aurait-il tué? Par intérêt ? Mais l’intérêt lui commandait de laisser vivre sa femme dont la mort l’obligeait, par dissolution de la communauté, à partager son patrimoine avec sa belle-famille.
Par amour ? Le culte posthume du malheureux pour Ginette démontre qu’il ne désira jamais donner son nom à une autre.
Par jalousie ? Il n’aurait pas laissé ses amis s’emparer de la lettre « Mon André chéri » : cette pièce eût été sa justification. Alors pourquoi ?
De quelque côté que l’on se tourne, l’impossibilité du meurtre par Edwards apparaît.
Encore plus, si possible, par un autre.
Tout le yacht, pour Lantelme, eut les yeux d’Edwards, si l’on nous permet cette déformation du Cid.
Et puis, dernier argument,- celui-là décisif,- comment admettre que, dans un bâtiment, lieu où l’on vit dans une étroite intimité, quinze personnes, — savoir cinq passagers, une femme de chambre, un maître d’hôtel et huit hommes d’équipage — eussent gardé un silence absolu? Une au moins, sinon deux, des personnes du bord aurait parlé.
Donc pas de meurtre.
Alors, suicide ?
Une femme qui meurt en écrivant une lettre d’amour dans laquelle il n’est question que de projets d’avenir ne songe guère à mettre fin à ses jours.
Aussi bien Ginette était trop comblée des biens d’ici-bas pour se décider, à son âge, à se priver jamais d’en jouir.
L’accident
Ni meurtre, ni suicide.
Que reste-t-il ? L’accident, le banal et douloureux accident. Lantelme rentra dans sa chambre ; elle s’enferme soigneusement ; elle se déshabille, se met a l’aise et commence à écrire à « mon André chéri… »
Elle se sent fatiguée, aspire dans un couvercle d’argent de la cocaïne, car le mouvement du fleuve, la fatigue, le champagne ne lui assurent pas l’immobilîté de l’ongle ou du dos de la main.
La tête lui tourne un peu ; elle pense que l’air du fleuve la remettra. Elle passe la tête et le buste par la fenêtre relativement large pour sa faible hauteur ; elle s’assied sur le plat-bord, se penche, bascule avant de songer à se rattraper ; tout étourdie encore de sa «prise», elle est entraînée par le courant : la femme de chambre verra, de son hublot, une forme blanche passer au fil de l’eau. Elle n’est plus que la proie du Rhin qui consentira à la rendre seulement trente-six heures après.
Mais les malveillants eux-mêmes auraient peu à peu mis d’eux-mêmes une sourdine à leurs ragots ; le temps, ce galant homme, eût fait son œuvre.
« Six mois, c’est un peu tard pour parler encore d’elle. »
Lentement, mais sûrement, Geneviève Lantelme serait entrée à jamais dans la paix de l’éternel oubli, si, à l’exquise artiste dont la vie fut pétrie de réclame parfois tapageuse, la Fatalité qui ne cessa jamais de peser sur elle n’avait décidé de lui rendre au delà des tombeaux la vedette, mais quelle vedette! la vedette de faits-divers !
IV. Un repos éternel… de six mois
– Pu… uiiit…
– Chut !… Doucement ! Si les gardes…
– Par ce temps-là ! T’as des visions !… Quelle flotte !…
– Y a longtemps que t’es ici ?…
– J’me suis laissé enfermer ; j’me suis planqué dans un caveau en construction. Et toi, personne n’t’a vu sauter le mur ?
– Penses-tu ! Par cette tempête, les flics sont rares. Rue des Rondeaux, y passe jamais un chat…
– Fait frio, mon gas. Les caveaux, ça manque de chauffage central.
– Ben quoi… à deux jours de lâ Noël. Puis, assez, hein ? Vise un peu si le vieux du crématoire fait pas trop de flammes… Bon, tourne… Gare aux trous, avec tes outils… Qué qu’t’as pris?
– Vilebrequin, tournevis, deux pinces.
– Ça va ; moi, j’ai la règle, la lampe électrique et l’éther.
– Acré… des ombres…
– C’n’est rien… une charmille qui bouge… Doucement… gare à l’acacia… Bon, tu bouscule les pots d’fleur !… Là, on y est.
– Passe-moi une pince… pèse à droite de la grille… moi, j’force à gauche. Ça y est ! le ciment a lâché d;un coup…
– Le client peut dire que son entrepreneur l’a fait ; c’te grille, c’n’est pas de la fonte, c’est du réglisse…
– Et le ciment, du fromage mou. Grimpe sur mes épaules, tu me passeras la main.
– Y a des trucs qui gênent pour sauter là n’dans.
– Tiens, jette-les entre les deux caveaux…
– Une croix… Mince, une poupée!… Des vases… Voilà, M’sieu peut descendre !
– Arrive… Un petit rétablissement… Là, on est bon… Lumières, siouplaît… Tiens, on dirait une cellule…
– Hé là ! Pas d’blagues ! Force un peu la serrure de la lourde, qu’on ait une autre sortie pour se barrer…
– Au parquet !… C’est des lames jointives… Mazette, pur chêne ! Pas de clous…. Ah ! voilà les dalles…
– Dans le métier, on dit des « tampons »… Donne la pince… Une, deusse, enlevé… A la descente : passe-moi la « règle », ça servira d’échelle.
– Tu sais où est la case ?
– … Videmment, deuxième à droite… V’là la bière… Tire à toi, par terre : bien !
– Les couvercles sont joints par des tire-fonds. Donne le tournevis… Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit.
– A la chemise de plomb maintenant. C’est l’affaire au vilebrequin ; on fait trois petits trous…
– Ah ! Qu’est-ce qu’on r’nifle !
– Dame, depuis six mois qu’elle est enfermée là n’aans ! Prends d’éther… Un coup de pince tranchante, j’rabats le couvercle…
– Quequ’ceksa ? D’l’ouate ?
– Oui… enlève, jette par terre… Tiens, la v’Ià ! »
Les deux misérables s’arrêtèrent un instant, figés par l’apparition de la morte.
– N’tombe pas dans les pouimes, hein !..Tonnerre! le collier !… C’n’est pas celui-là !
– Comment, pas celui-là ?… T’avais dit…
– Sûr ! j’les ai assez entendus rabâcher, pendant l’enterrement, qu’on 1’avait fourrée dans l’trou avec son collier… Mais çui-là, c’est du verre…
– Et les perlouzes ?
– Rien… je ne vois rien…
– Tu m’as f… dedans !… Ah ! c’t’odeur !… on crève…
– Barrons-nous.
– Grimpe… au trot… Par la fenêtre maintenant… Saute… mais saute donc…
– J’m’accroche aux barreaux !..
– Idiot, ça saigne : tu vas nous faire pister… En vitesse… J’ai les outils…
– On va les f… dans un trou… Tiens, dans çui-là… y a une pelle… Un peu d’terre…
– Le manche du vilbrequin dépasse…
– Tant pis… Grouille…
– V’là l’mur… grimpe sur moi… Pas de flics ? Non ?.. Descends… »
Dans l’ombre de l’interminable mur qui sépare de la rue des Rondeaux le grand cimetière, deux fantômes se fondent, happés par la rafale, noyés par la pluie qui cingle, impitoyable, sous le regard aveugle des grands nuages emportés par l’ouragan d’hiver, au-dessus de Paris.
La fatalité des eaux
Ce matin gris et mouillé du 23 décembre 1911, un jardinier qui allait entretenir des tombes derrière le columbarium, traversait la 89* division, le coin le plus abandonné du cimetière, grand champ parsemé de charmes touffus et d’acacias frissonnant à l’aigre bise qui soufflait par instants en tempête.
– Quelle odeur ; pis qu’un chien crevé !… Tiens, une grille arrachée !
L’homme s’approche du chevet d’un monument gothique en bordure de l’allee principale. Il le contourne, aperçoit à ses pieds un amas d’objets, arrive devant la porte qui bâille, laissant échapper des bouffées empestées, regarde…
Le monument Edwards a été violé !
Affolé, le jardinier traverse en courant le plateau, dévale quatre à quatre les escaliers et se précipite chez le conservateur, qui téléphone sans désemparer au commissaire de police de la Roquette.
Ce magistrat, M. Deslandes, accouru avec son secrétaire, M. Poggi, se rend immédiatement sur les lieux.
A deux cents mètres du caveau, une puanteur écœurante, intolérable, saisit à la gorge le petit groupe, auquel se sont ralliés des fossoyeurs et des gardes.
– Il ne serait pas prudent d’entrer dans le caveau sans être assuré qu’il n’y a pas de gaz méphitiques, dit le conservateur, M. Hanriot. Nous ailons y faire brûler du papier. »
Un fossoyeur ouvrit toute grande la porte de bronze au panneau de verre dépoli et jeta dans le trou un journal enflammé.
Une âcre fumée, noire et épaisse, monta de la tombe.
– Le feu ! vite, les pompiers ! »
Galopades, coups de trompe ; les pompiers do la rue Haxo arrivent, mettent leurs pompes en batterie.
Vision de cauchemar que ces hommes vêtus de bleu terne, courant dans la tourmente, sous les arbres dénudés, leur casque de cuivre embué par les rafales humides.
Au fond d’une cuve de ciment, un cadavre momifié, sans âge désormais, naguère le parfum de Paris, aujourd’hui la peste d’un cimetière !
Les pompiers noient le caveau.
Pour la deuxième fois, en six mois, la Petite Reine était condamnée, par la macabre ironie du sort, à être noyée.
« Requies Æterna », repos éternel, dit la devise gravée au fronton du monument Edwards.
Le repos éternel qu’elle pensait avoir trouvé en entrant dans l’étroit in-pace du Père-Lachaise, l’onde, perfide comme la femme, le lui refusait.
Vers 2 heures 30 des amis, dont le docteur Dauriac, Mme Fossey, la mère de Lantelme, mandés d’urgence, étaient arrivés au cimetière. Edwards, lui, était à ce moment à Nice.
– Les bandits ! sanglotait Mme Fossey, ils ont profané la vierge espagnole dont j’avais fait présent à ma pauvre fille et que la pauvre petite désirait depuis si longtemps… Et la croix d’émaux… Et, elle… oh !… elle !…»
On l’obligea à demeurer chez le conservateur, cependant que, sous une pluie battante, le docteur Dauriac se rendait à la 89 division. On décida de ne pas ramener le corps au jour, mais d’explorer sur place le triple cercueil violé.
On épuisa d’abord l’eau des pompes. On se rendit compte que le feu était dû au journal enflammé qui, tombé sur l’ouate arrachée du cercueil, avait amené la combustion lente de celle-ci : d’où une abondante fumée.
Puis on passa à l’examen du cercueil.
Seuls, le visage et la poitrine de Lantelme étaient découverts. Ils étaient momifiés.
Les traits, desséchés, étaient restés reconnaissables ; les magnifiques cheveux châtain foncé adhéraient encore au crâne.
Enfin, on chercha les bijoux.
Sur les indications données par les amis, on retrouva d’abord un collier de jade qu’une amie, Mme X…f, avait offert à Ginette et que celle-ci préférait à tous ses joyaux, même à son fameux collier de perles. Edwards n’avait pas voulu qu’elle s’en séparât. D’où la légende de l’inhumation avec le collier de perles que la foule ignorante confondait avec le modeste présent d’une amie, plus cher pourtant mille fois au cœur affectueux de la Petite Reine.
Sous l’oreiller bordé de dentelles, un petit sachet était demeuré qui contenait les seuls joyaux renfermés dans le cercueil avec Ginette, un esclavage de platine, un collier d’améthystes et d’émeraudes, des copies des fameuses perles noires et grises, un portrait de son mari cerclé d’argent doré, le tout valant à peine 1.200 francs.
Les vampires avaient passé même à côté de ce pauvre butin !
Mais le docteur Dauriac profita de cette reconnaissance pour faire découdre l’ourlet du kimono, trempé, souillé par la décomposition, puis par l’eau, empouacré par la fumée, loque immonde à présent, suprême vêtement du cadavre.
Edwards allait revenir d’un jour à l’autre. Il voudra, de toute évidence, avant que se referme la triple bière nouvelle, revêtir de quelque étoffe précieuse, digne de son amour, le corps odieusement profané. Donc on enlèvera le kimono.
A tout prix, il faut éviter que la lettre révélatrice
« Mon André chéri… »,
subtilisée si heureusement une première fois sur L’Aimée, risque de tomber entre les mains d’Edwards.
On avait cru, en la laissant dans la bière de la morte, la cacher à jamais au mari.
Sinistre, la fatalité voulait qu’en même temps que la pauvre petite morte, l’aveu de sa profonde et obscure passion fût arraché à l’improfanable secret de l’inviolable tombe.
Et la tombe avait été violée, et le secret pouvait, à chaque instant, être profané.
Le docteur Dauriac reprit la lettre avec les bijoux.
Qu’est-elle devenue? Peut-être a-t-il retrouvé son destinataire, ce suprême message de la petite amoureuse !
La vedette du jour !
Par une étrange ironie du sort, cette tapageuse et macabre rentrée en scène ne donna à la malheureuse la vedette que pour un jour, et encore! La veille, la bande à Bonnot avait ouvert la série de ses exploits par l’attentat de la rue Ordener.
Paris n’accorda qu’une attention distraite et apitoyée à ce second épisode de l’affaire Lantelme.
La Sûreté, qui avait besoin de tout son personnel pour lutter contre les bandits en auto, ne put pousser à fond son enquête. On retrouva un flacon d’éther et le pharmacien qui l’avait vendu, mais pas son acquéreur; on déterra les outils du forfait, mais sans en déterminer les propriétaires; on reconstitua par les traces de sang le chmin par où les malfaiteurs s’étaient enfuis, mais sans pouvoir identifiez les fuyards.
Ginette, rentrée dans l’ombre du caveau, sous l’égide du tutélaire Requiet Æterna, pouvait espérer connaître cette fois, à jamais, après cet immonde attentat, la grande paix qui règne au pays des tombeaux.
Le 13 mars 1914, Edwards, inconsolé, venait rejoindre sa Petite Reine.
Quatre ans après
Juin 1916. Après une défense héroïque, le fort de Vaux vient d’être pris par le kronprinz.
Les Russes envahissent la Galicie et font 110.000 prisonniers.
Le croiseur Hampshire, qui transporte en Russie
le maréchal Kitchener se perd corps et biens dans la mer du Nord.
Toutefois, en deuxième page des journaux, une brève information en trente lignes : la sépulture de Lantelme a été violée à nouveau. C’est la porte, cette fois, qui est défoncée.
Mais les malfaiteurs suivent la même marche que leurs prédécesseurs de 1911.
Ils soulèvent les dalles, vont sans hésitation à la deuxième case, défoncent les bières de bois, découpent la bière de plomb. Même déconvenue : ils ne trouvent plus aucun bijou.
Cette fois, on est en plein mystère. En son temps, il fut dit et redit qu’à la suite de la première violation, aucun objet de prix ne fut laissé dans le cercueil de Ginette.
Les malfaiteurs étaient admirablement renseignés sur tous les points : était-ce bien des bijoux qu’ils cherchaient?
Mais aucune attention n’est prêtés au nouveau forfait.
Le public ne s’intéresse pas à l’involontaire rentrée en scène. Trop de jeunesse fière et pure agonise ou gît sur les champs du carnage. Il est trop de nécropoles improvisées qui requièrent la pieuse sollicitude de la patrie pour que 1’opinion s’occupe, même un seul jour, d’un caveau défoncé au Père-Lachaise.
Et le fait-divers sombre dans l’indifférence publique, au point que la presse a oublié juqu’à l’orthographe de la vedette Lantelme qu’elle écrit L-a-n-t-h, Lanthelme !
*
Nous sommes allés devant je monument Edwards, tout au fond du grand cimetière, en lisière d’un champ aux herbes folles, troué ça et là de tombes fraîches, sans dalles, comme des fosses autour d’une église de campagne.
Les acacias frissonnaient sous le ciel clair, déjà froid ; les charmes en buisson amorçaient un soupçon de taillis.
A deux pas, 1e Columbarium lançait dans l’azur pâle les minarets bronzés de ses cheminées.
L’air était embaumé des premiers feux de feuilles et de brindilles mortes tombées des cyprès odoriférants.
La minuscule chapelle gothique où repose Lantelme voisine à sa droite avec le lourd cénotaphe en granit de la famille Pailleron, à gauche avec le léger temple à colonnettes d’Alice Ozy. D’un côte, le théâtre sérieux, même dans sa gaîté académique, de l’autre les planches, la coulisse, la bohème dorée de 1860 !
Aux barreaux de bronze de la porte fermée sur le sommeil de Ginette, un menu bouquet se dessèche.
Est-ce le destinataire de la lettre mystérieuse qui se souvient ? Un amoureux dédaigné qui n’oublie pas ?
Un coupable qui se repent ? Une humble petite amie au cœur reconnaissant ?
Aujourd’hui, la paix nimbe cette tombe froide et soignée. Des petites reines se sont succédé qui ont fait oublier la Petite Reine endormie, il faut l’espérer, à jamais, cette fois.
Adieu, Ginette ! Pauvre Ginette !
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LA MORT TRAGIQUE DE Mlle LANTELME
Mardi soir, on apprenait, avec un douloureux étonnement, la mort accidentelle de Mlle Lantelme, qui s’était noyée, la nuit précédente, dans le Rhin, en tombant dfune des fenêtres de son yacht Aimée, véritable maison flottante, à bord de laquelle elle excursionnait en compagnie de son mari, M. Alfred Edwards, et de quelques amis. La nouvelle de cette fin tragique a causé dans Paris, où la séduisante comédienne était très fêtée et très admirée, une profonde émotion. Le dessinateur Sem, qui l’a beaucoup connue et parfois caricaturée, a défini ici, en traits expressifs, la physionomie si particulière, en son charme primesautier, de l’actrice trop tôt disparue:
GINETTE
Ginette… nous tous, ses amis, ses camarades, l’appelions de ce petit nom d’affection. Son vrai nom était Geneviève, mais il lui allait si mal! Seul parmi ses intimes, le marquis de Biron, avec ses manières cérémonieuses du siècle dernier, s’amusait à l’appeler « chère mademoiselle Geneviève ». Elle en était flattée, mais elle ne pouvait s’empêcher d’éclater de rire. Non! pour nous, elle était vraiment Ginette, et c’est désormais sous cette appellation gentille, répandue partout par la dépêche annonçant la fatale nouvelle, que le public gardera le souvenir attendri de cette charmante artiste.
Elle avait d’ailleurs le don de la familiarité. C’était une sympathique, une primesautière, — une tutoyeuse : elle aurait tutoyé un roi, mais avec une grâce si gamine qu’il n’aurait pu se fâcher. Elle avait la piquante audace, la spontanéité des gosses de la rue, leur voix criarde, leur accent traînant charriant des mots crus, juteux. On cite d’elle des traits à la Forain, d’un pittoresque violent et cruel, à l’emporte-pièce. Elle incarnait la drôlerie savoureuse, un peu grasse, de la légendaire « petite pomme d’api » de Caran d’Ache.
Elle adorait les chiens et savait admirablement leur parler. Ils reconnaissaient en elle une petite sœur; elle les mettait en confiance. Elle avait leur grâce enjouée, leur effronterie.
Elle était très près d’eux, tout près de la nature. Oui, Ginette était par-dessus tout naturelle! Ça a l’air tout naturel d’être naturel: c’est tout ce qu’il y a de plus rare, du moins au théâtre. Je ne parle pas de ce naturel obtenu, plus naturel que nature, mais de ce naturel délicieux, humain, divin: le naturel du bon vrai vin, des bons fruits de plein vent, des œufs frais, de la salade verte; le naturel des enfants, des jeunes bêtes; le naturel des vraies douleurs, des vraies joies; le naturel du bon Dieu!… Vous me comprenez?
Eh bien, Ginette avait tout cela!
Quand on écoute une pièce des coulisses, sans voir les acteurs, on a l’impression d’écouter la récitation dans une classe. Souvent, aux répétitions, un artiste s’interrompt an milieu de son rôle, à cause d’une difficulté de mise en scène; il doit s’asseoir, et demande brusquement: « Nom d’un chien! et la chaise? où est la chaise? » Ces quatre mots, dits naturellement, jurent, intercalés dans le débit conventionnel de son rôle, comme l’écriture manuscrite mêlée à de l’imprimé. Eh bien, Ginette savait tout dire comme elle aurait demandé la chaise! Elle ne jouait pas, elle vivait. Son succès dans le Costeau des Epinettes, l’an dernier, au Vaudeville, fut une révélation. C’était hallucinant de vérité. Certaines de ses répliques furent dites sur un ton si juste, si humainement juste, que c’était comme un chef-d’œuvre d’interprétation. Il y a ainsi, dans les tableaux des impressionnistes, des taches de couleur troublantes de vérité mystérieuse. Il aurait fallu garder, recueillir le ton, l’accent, l’orient de ces intonations comme des perles. Ginette n’avait peut-être pas la méthode, la science, le métier; elle avait mieux: c’était une impressionniste.
Ses façons si naturelles, si spontanées, semblaient mal s’accorder avec le luxe artificiel dont elle aimait à s’entourer. Elle avait des sauvages le goût excessif de la parure et des plumes; elle en avait aussi l’ingénuité. Au fond, c’était une tendre, une fausse crâneuse. Elle cachait, sous ses allures gouailleuses de gavroche mal embouché, une âme sentimentale et mélancolique, une candeur qui apparaissait dans le regard de ses grands yeux naïfs, dans l’expression de sa bouche entr’ouverte et « gobeuse », dans son rire franc, sans coquetterie ni précaution, découvrant enfantinement ses gencives. Elle était très bonne, très charitable, et, comme on dit en argot de théâtre, très « donnante ». C’était une délicieuse camarade.
Quelle mélancolie de voir, dans ce vieux Rhin pompeux, aux lourdes eaux jaunes couleur de bière, disparaître, en une mort démesurée, cet être jeune de fantaisie et de grâce fragile, pauvre petite victime au destin inattendu d’Ophélie.
Sem.
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