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    Les reines du Paris 1900 ont dilapidé la vie comme l'argent (des autres).

     

    On ne rappellera pas qu'elles ont tutoyé des souverains, détruit des réputations et poussé des hommes au suicide,

    tout en s'amusant follement, du moins en apparence.

    Nombre d'écrivains ont eux aussi succombé – en lettres – à leur charme vénéneux: Balzac le précurseur, Zola avec «Nana», Proust et ses demi-mondaines, d'innombrables exégètes, romanciers et biographes.

     

    On sait moins que certaines d'entre elles ont pris la plume pour nous léguer un témoignage de leur vie agitée.

     

    Si le lit de Valtesse de la Bigne trône toujours au musée des Arts Décoratifs, les livres des «horizontales» méritent-ils de sortir des étagères?

    "La Castiglione" par Alain Decaux (Perrin)

     

    La Castiglione ouvre la voie avec un journal intime, cité par Alain Decaux dans sa biographie éponyme (Club de la Femme, 1965).

     

    N'étant pas destiné à la publication et rédigé dans un français parfois approximatif, le manuscrit de l'espionne et maîtresse de Napoléon III ne présente aucun intérêt littéraire mais nous renseigne sur la fréquence de ses rapports grâce à son alphabet codé: «b (barré) lorsqu'on l'a embrassée, f (barré) lorsqu'elle s'est donnée complètement et bx lorsqu'on s'est livré sur elle à des caresses» (p.52).

     

    Autant dire que «la plus jolie femme d'Europe» en 1850 ne compte plus les b et que ses f sont toujours de haute noblesse.

    À cheval, si l'on ose dire, sur le Second Empire et le début de la Troisième République, Cora Pearlpublie ses «Mémoires» (Jules Lévy, 1886)

     

    peu avant sa mort et avoue sans détour:

     

    «J'attends la publication de ce volume pour avoir quelques billets de banque» (p.2).

     

    On ne se refait pas. Déçu par l'absence de révélations croustillantes, un critique de «Lyon s’amuse» (sic) résume le 18 juillet 1886:

     
    On croyait acheter du scandale au volume, et rien !... quelques lettres publiées sous le couvert du pseudonyme, billets doux insignifiants à formule épuisée, voilà tout.»

     

    Qu'est-ce qu'une «cocotte»?

    Cependant, pour peu que l'on décrypte l'identité de ses protecteurs (Moray pour Morny, Lassema pour Massena, etc.) et qu'on lui pardonne la manie vulgaire d'indiquer le prix du moindre bijou, la belle rousse nous récompense de quelques traits d'esprit qui font mouche:

    J'ignorais jusqu'aux noms du plus grand nombre de mes convives; et c'étaient ces appétits anonymes qui me procuraient une satisfaction bien chère» (souvenir de ses réceptions fastueuses à Vichy, p.74);
    des masses de femmes (…) finissaient par croire à l'amant de cœur, par leur seul désir d'y croire, confondant le masque avec le visage, le singe avec l'homme, Clichy-la-Garenne avec une forêt vierge du nouveau monde» (p.300).

    On découvre aussi l'étroitesse des logements parisiens (déjà !), que se partagent avec philosophie épouses et maîtresses:

    Je dînais immédiatement après elle, dans la même salle, et servie par le même maître d'hôtel.
    Tout en prenant mon repas, j'entendais dans le salon voisin causer la duchesse et jouer les enfants. Cela m'a toujours gênée et impressionnée» (p.129).

    On le serait à moins.

     

    Cora Pearl, de l'hôtel particulier de l'avenue Kléber à la "misère" d'un premier étage rue de Bassano (tout de même 10.000€ le m² aujourd'hui). [copyright: Alexandre Loeber]

    Les «Souvenirs et Vie intime» de la Belle Otero (1926, rééd. Sauret 1993), interminable mélo consacré pour moitié à ses malheurs d'enfance (d'ailleurs en partie imaginaires), dévoilent aussi les vices qui causeront sa perte, notamment la passion du jeu.

     

    Outre les casinos, la danseuse andalouse semble d'ailleurs avoir fréquenté tous les lieux de perdition, d'un «bal spécial où ces ‘‘messieurs’’ étaient déguisés en Valentine de Bruges, en Diane de Chandel, en Belle Otero, etc.» (p.254) aux «bas-fonds du Caire» dont les «fenêtres de chaque étage» n'ont rien à envier aux vitrines de l'actuelRote Viertel d'Amsterdam (p.300).

    Assez discrète sur ses amants, la plus célèbre des courtisanes use d'un stratagème téléphoné pour avouer l'inavouable: c'est l'apocryphe «Journal de Betty, femme de chambre» qui nous révèle ses exploits les plus éclatants. Comme à Monte-Carlo où, lassée des «salamalecs» du personnel stylé de l'hôtel de Paris, elle lance à la«valetaille» ébahie:

     

    «Mais fichez-moi la paix avec vos barons et comtesses. Je ne suis pas une comtesse, moi, je suis la cabotine qu'on paye !» (p.174).

    De fait, certains dialogues d'Otero auraient pu inspirer Audiard:

    Berguen, le petit vieux si riche et si laid?
    C'est un petit vieux bien propre.
    Amène-le si tu veux... Mais tu peux le prévenir. S'il veut souper avec moi, c'est dix mille balles !» (p.266).

    La figure de la demi-mondaine raffinée, amie des arts et d'Aristide Briand, en prend un coup.

    "Mes cahiers bleus", par Liane de Pougy (Plon)

     

    Les «Cahiers bleus» de Liane de Pougy (Plon, 1977) mêlent souvenirs de la Belle Époque et chroniques d'entre-deux-guerres.

     

    En voie de rédemption, l'ex-étoile des Folies Bergère devenue princesse Ghika nous agace parfois par ses affectations de bourgeoise bien rangée et la foi naissante qu'elle s'efforce tant bien que mal de mettre en pratique.

     

    Varié et bien écrit, son journal comporte peu de secrets d'alcôve ou d'anecdotes salaces, mais une peinture douce-amère de noceurs sublimes égarés dans les Années Folles:

    Georges a fait un mot drôlichon sur Raspoutine: Crasse noyée sous l'eau – Krasnoïe-Selo» (p.78);
    De vrais pauvres? Il n'y en a plus ! Les blanchisseuses portent des bas de soie; ma bouchère s'est acheté une automobile.» (p.91);
    [son ami Max Jacob est] envieux, jaloux, tapette, faux, complaisant pour les basses besognes, potinier, gaffeur. (...)
    Il est sale, désordre, sans hygiène, bavard, pontifiant, gourmand, flatteur ou impudent...» (p.194).

    On croise les vieilles gloires qui s'habillent chez Poiret et essaient les premiers liftings en Amérique, Louise Balthy ou Colette «boursouflée de graisse, gonflée de rancune, d'envie, d'ambition» (p.109), mais aussi les jeunes Poulenc, Georges Auric ou Radiguet.

    Un des moments les plus saisissants du livre: Cocteau défoncé à l'opium dans un bordel pour hommes de Toulon,«couché par terre sur une descente de lit dégoûtante», tandis que Reynaldo Hahn drague les voyous et les «petits marins» dans les rues louches (p.256).

     

    C'est que la princesse fréquente tout ce que le demi-monde compte d'«invertis» et ne dédaigne pas elle-même aller dans l'îlepour se consoler des hommes:

    Et ce fut comme un joli rêve. Nathalie [Barney] à droite, me câlinant, m'embrassant, Mimy [Franchetti] à gauche, ses lèvres sur mes lèvres, Pola jouant pour nous dans la pièce à côté...» (p.232).

    La courtisane-écrivain avait déjà exposé ses préférences, du temps de sa splendeur, dans des romans «à clef» vaguement érotisants, dont les fameux «Yvées» (1906-08) et «Idylle saphique»

    (1901, rééd. Edition des femmes 1987).

    Où l'on puise, en même temps que certains fantasmes, le manifeste de toute une génération:

    Une courtisane ne doit jamais pleurer, ne doit jamais souffrir. (…) Elle doit étouffer toute espèce de sentimentalité et jouer une comédie héroïque et continue, afin de consacrer sa vie, sa jeunesse surtout, aux rires, aux joies, à toutes les jouissances !» (p.15).

    Comme elle, justifiant l'analyse postérieure des féministes, Cora Pearl avait déjà tout résumé dans cette formule:

    «Mon indépendance fut toute ma fortune.»

    13 11 12 AlexandreLoeber DR

     

    Alexandre Loeber est un lecteur bien connu des bouquinistes et autres archivistes; il prise davantage les greniers que les rentrées littéraires, préfère le vieux vélin aux tablettes électroniques.

    Son passe-temps favori:débusquer les auteurs oubliés(parfois à juste titre!), qu'ils soient écrivains, chroniqueurs ou artistes, vivants ou non. (DR)

     

    http://bibliobs.nouvelobs.com/la-sieste-crapuleuse-de-bibliobs/20121207.OBS1852/qu-est-ce-qu-une-cocotte.html

     

    Excluons enfin de cette recension le «Ballet de ma vie» (1955, rééd. Pierre Horay 1985) deCléo de Mérode, fausse courtisane mais vraie sainte-nitouche qui se contente d'égrener mièvrement ses succès artistiques sur 300 pages, heureusement égayées par les portraits de Reutlinger. Son aventure avec Léopold II? Racontars. Les promenades au Bois? En chaste compagnie de son fiancé, certainement pas au milieu des cocottes et des «beautés à la mode qui se faisaient admirer (…) dans de somptueuses victorias, vernies comme des meubles de luxe» (p.194).

    Avare de confidences et soucieuse de justifier sa probité morale, l'authentique baronne refuse, sur scène comme dans ses souvenirs, d’«apparaître dans le costume de la Vérité» (p.144). Tant pis pour nous.

    Que sont-elles devenues?

    Le standing de Cora Pearl ne se remettra jamais d'un exil «politique» dans son pays natal (où elle rencontrera tout de même le Premier Ministre Gladstone) et, ironique retour du sort, se fera voler par des hommes. Traquée par les huissiers, elle finira seule à 44 ans dans un petit appartement de la rue de Bassano, torturée par un cancer de l'estomac.

    Impitoyable, la presse décrit complaisamment le cadavre de«la grande pécheresse» («Le Scapin») et note dans un jeu de mots cruel que «cette pauvre Cruch [son vrai patronyme] aura sur son cercueil assez de fleurs pour justifier une fois de plus l'exclamation de Calchas» («L'Écho de Paris»). Un charitable inconnu règlera 50 francs pour une concession de cinq ans aux Batignolles.

    Le destin de Caroline Otero sera une longue suite de déboires. Ruinée par des dépenses somptuaires et par le tapis vert, elle fuira la capitale et subsistera grâce à une pension de la Société des Bains de Mer de Monaco, en mémoire des sommes folles dépensées autrefois par les riches clients qu'elle y amena.

    Devenue la vieille Otero, elle tire la langue aux reporters qui se souviennent encore d'elle. Après qu'un film retraçant sa vie lui apporte quelques subsides dans les années cinquante, elle trouvera la mort à 96 ans dans un meublé du quartier de la gare à Nice.

    La Belle Otero, de la plaine Monceau à une chambre meublée du "Novelty" à Nice (aujourd'hui résidence privée). [copyright: Alexandre Loeber]

    La Belle Otero, de la plaine Monceau à une chambre meublée du "Novelty" à Nice (aujourd'hui résidence privée). [copyright: Alexandre Loeber]

    Liane de Pougy rejoindra le ciel en 1950, tertiaire dominicaine. Délaissée un temps par son mari, elle l'avait repris vieilli, syphilitique et obsédé. D'enterrements en résignations, malgré le secours de la religion, son monde s'étiolera jusqu'à «l'irrémédiable déchéance, le crépuscule désespéré dans le souvenir de sa beauté évanouie.»

     Alexandre Loeber

     

     

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    La part d’ombre de Coco Chanel

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    Après John Galliano et son admiration avoué pour Hitler, c’est une autre icône de la mode qui est accusée de « complaisance avec l’ennemi ». Le livre du journaliste américain Hal Vaughan, Sleeping With The Ennemy : Coco Chanel’s Secret War révèle les secrets inavouables d’une des plus célèbres femmes du monde.

    Coco Chanel était une femme exceptionnelle, une personnalité hors du commun. En délivrant les femmes de leur carcan vestimentaire, elle a initié une petite révolution qui peu à peu a libéré le corps des femmes. Cela personne ne le conteste. Les différents films dont elle fut l’objet ont toujours mis en avant cet aspect de sa vie mais ils ont par contre systématiquement occulté la part sombre de son histoire. Pourtant de nombreux livres avaient déjà évoqués son attitude ambiguë durant la Seconde Guerre mondiale. A la différence de ceux qui ont déjà été publiés, le livre d‘Hal Vaughan apporte des preuves irréfutables de ces affirmations.

     


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    Hal Vaughan, auteur de la biographie polémisteExplique pourquoi Coco Chanel aurait collaboré10/10/2013 - par RFIÉcouter

    Après trois années d’un long travail d’investigation à fouiller les archives européennes, le journaliste affirme posséder plus de 200 archives qui prouvent le lien de Coco Chanel avec l’Abwehr, les services de renseignements de l’état-major allemand.

     

    Selon ces documents, plusieurs raisons auraient poussées Coco Chanel à collaborer avec les nazis.

     

    Tout d’abord, en échange de son aide, les nazis auraient libéré son neveu détenu dans un camp de prisonnier allemand.

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    Un second accord stipulait que les Allemands feraient tout leur possible pour lui permettre de récupérer la majorité des parts de son parfum Chanel n°5, alors détenu par une famille juive, les Wertheimer, toujours propriétaire de la firme aujourd’hui.

    Une simple « collaboration horizontale » ?

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle aurait eu une liaison avec un espion allemand, le baron Hans Gunther von Dincklage, qui l’aurait recrutée.

    The Ritz on the Place Vêndome, Paris. Coco Chanel’s bedroom at the Ritz. 

    Si le communiqué de presse du groupe Chanel concède que

     

    « ce n’était pas la meilleur période pour vivre une histoire d’amour avec un Allemand »,

    la créatrice avait auparavant elle-même justifié sa relation en affirmant que lorsque l’on vit une tel amour à son âge,

     

    « on n’est plus regardant sur le passeport de l’amant ».

     

    Mais ce n’est pas cette « collaboration horizontale » qui est la plus gênante pour l’image de marque de Chanel.

    D’autant que selon Edmonde Charles-Roux, auteure d’une précédente biographie, il est possible que l’une de ses principales missions fut de chercher à se rapprocher des Anglais pour trouver un compromis en vue d’un accord de paix séparé.

    Un objectif bien plus louable, logiquement mis en avant par le groupe Chanel pour réduire la portée de l’affaire.

     

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    En réalité, après avoir été arrêtée à la Libération, ce n’est que par l’intervention de son ami Winston Churchill qu’elle a pu être libérée sans encombres.

    Le plus préoccupant pour la marque Chanel reste l’antisémitisme de sa fondatrice.

     

    Un antisémitisme qu’Hal Vaughan affirme être « plus qu’un simple moyen de se faire bien voir par l’occupant ».

     

    Coco Chanel at the Ritz in the 1930s. Baron von Dincklage in Paris, 1935.



    « Férocement antisémite »

    Le groupe Chanel s’efforce de minimiser ces affirmations. Sans nier toutes les accusations, l’entreprise se borne à dire qu’une « part de mystère » subsiste autour du rôle qu’elle aurait cherché à jouer. Par contre, le communiqué se montre intransigeant sur la question de l’antisémitisme. « On ne peut pas laisser dire ça (…) Aurait-elle eu des amis d’origine juive parmi ses intimes ? ».

    Hal VaughanSoutient que Coco Chanel était
    antisémite  10/10/2013 -

    Une justification qui apparaît un peu fragile face aux arguments du journaliste.

     

    « J’ai 12 citations d’opinions antisémites de Coco Chanel dans mon livre », confie-t-il à RFI. Le livre sans concession écorne sérieusement la réputation de Coco Chanel, certains extraits sont même véritablement destructeurs :

     

    « elle devint riche en se faisant apprécier des très riches et partageait leur détestation des juifs, des syndicats, des francs-maçons, des socialistes et du communisme. Elle estimait après 1933 que Hitler était un grand Européen ».

     

    Pour l’auteur, il est donc normal que le groupe récuse les informations apportées dans son livre, mais il défie quiconque d’apporter des preuves que ce qu’il dit n’est pas vrai.

    Fortement liée à l’image de la marque, les révélations sur la personnalité de sa fondatrice, pourraient porter préjudice au groupe.

     

    Antisémite, collaboratrice convaincue, c’est une nouvelle égérie française qui est rattrapée par l’histoire, et avec elle, le mythe de « la France résistante »,

    déjà bien discrédité, qui s’éloigne un peu plus.

     

     

    http://www.rfi.fr/france/20110817-part-ombre-coco-chanel

     

     

     

     

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    Mata Hari, de son vrai nom Margaretha Geertruida « Grietje » Zelle, est une danseuse et courtisane néerlandaise, née le 7 août 1876 à Leeuwarden et morte le 15 octobre 1917 à Vincennes, fusillée pour espionnage pendant la Première Guerre mondiale.

     

    Destin cocasse, en tout cas, que celui de la hollandaise Margaretha Geertruida Zelle, plus connue sous son pseudonyme javanais, "Mata Hari". Danseuse légère et croqueuse d'hommes, arrêtée pour espionnage au profit de l'ennemi allemand, Mata Hari finît sa course devant un peloton d'exécution à Vincennes, le 15 octobre 1917.

    Matahari signifie Tournesol ou Fille du Soleil en javanais

    Margaretha Geertruida ZELLE est l'unique fille de Adam Zelle et de Antje van der Meulen. Son père, riche fabricant de chapeaux et de capes, lui porte une attention toute particulière. La petite fille, souvent prise pour une eurasienne en raison de son teint mat, montre un penchant précoce pour l'affabulation et la mise en scène. Le "cocon" familial se trouve brisé en janvier 1889 lorsque l'entreprise Zelle fait faillite. La famille déménage, Adam Zelle délaisse ses enfants, le couple se sépare le 4 septembre 1890. Le décès de Mme Zelle huit mois plus tard disperse la fratrie.




    Elle est devenue une danseuse célèbre grâce à l'appui involontaire de Guimet fondateur du musée
    Espion formé par les Allemands mais semble-t-il dénoncé par eux elle est condamnée par les français et fusillée sans bandeau envoyant des baisers au peloton.

    Elle fait ses débuts comme danseuse de charme sous les apparences d'une princesse javanaise dénommée Mata Hari (L'oeil de l'Aurore) au «Musée des études orientales» (sic), plus connu sous le nom de musée Guimet, lequel abrite alors une salle de spectacle privée...

     

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    La représentation donnée le soir du 13 mars 1905 par le riche négociant et mécène Émile Guimet pour une brochette de privilégiés consiste en un tableau animé représentant le dieu hindou Shiva aux six bras recevant l'hommage exalté d'une pléiade de princesses.

    Celles-ci sont emmenées par... Mata Hari habillée d'un collant couleur chair et ruisselante d'or et de jade.

    La salle exulte et une spectatrice, l'écrivain Colette, note en experte :

     

    «Elle ne dansait guère mais elle savait se dévêtir progressivement et mouvoir un long corps bistre, mince et fier.»

    Le spectacle connaît le succès et la troupe se produit bientôt à Madrid, Monte Carlo, Berlin, La Haye, Vienne et même Le Caire.

    La jeune et troublante artiste collectionne les protecteurs haut placés.

    En 1937, « Mademoiselle Docteur », Fraülein Schragmüller, qui travaillait pendant la guerre au bureau III C, sous le nom de code H21, à Anvers, publia ses mémoires. Elle y révèle à propos de Mata Hari : « Pas une des nouvelles qu'elle a envoyées n'était utilisable, et ses informations n'ont eu pour nous aucun intérêt politique et militaire. » Elle reconnaitra cependant : « La condamnation était méritée et conforme à l'esprit du code militaire. ».



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    mais elle était surtout très attirante
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    les enfants, Louise Jeanne et Norman-John, ici avec son père, Rudolf.

     

     

     

     

     

     

    Rudolph MacLeod et sa femme Margaretha, la future Mata Hari, à Malang en 1897

     

     

     

    Origines

    Margaretha Geertruida Zelle est née à Leeuwarden (Frise) d'Adam Zelle, un riche marchand de chapeaux et de capes néerlandais, et d'Antje van der Meulen. Aînée d'une famille de quatre enfants, elle a trois frères.
     
    En 1889, son père fait faillite ; le couple se sépare en septembre 1890, et sa mère meurt huit mois plus tard en 1891.
     
    Appelée familièrement M'greetou Grietje, l'enfant a un teint basané au point d'être souvent prise pour une Eurasienne.
     
    Elle fait des études à Leiden pour devenir institutrice, mais est renvoyée de l'école à la suite d'un scandale impliquant une liaison avec le directeur, qui, de son côté, perd sa place.
     
     
     
     
    À 18 ans, le 11 juillet 1895, à la suite d'une annonce matrimoniale, elle se marie avec un officier de la marine néerlandaise de dix-neuf ans son aîné, Rudolf MacLeod, avec qui elle part vivre auxIndes néerlandaises, où le capitaine MacLeod est nommé chef de garnison à Malang, dans l'est de l'île de Java. Comme c'était l'usage des femmes européennes à l'époque, elle s'habille à la javanaise, parle un peu le javanais, apprend la danse javanaise.

    Le couple a deux enfants, Louise-Jeanne et Normand-John. Comme le résume l'un de ses principaux biographes, Fred Kupferman, « le 27 juin 1899, un drame brise définitivement ce couple mal assorti.

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    Les deux enfants ont été empoisonnés. Vengeance de domestique, accident ?

     

    On ne saura jamais. » Louise-Jeanne survécut.

    En 1902, de retour en Europe, elle divorce à La Haye de son mari, qui était un homme violent et alcoolique. Elle obtient la garde de sa fille et une pension alimentaire, qui ne lui sera jamais versée. Rudolf MacLeod enlève sa fille, jugeant son ex-femme indigne et dangereuse

     

    . En novembre 1903, elle fait une arrivée peu remarquée à Paris, elle a 27 ans. Jouant sur le patronyme écossais de son mari, elle se fait appeler

    « Lady MacLeod » et, pour survivre, se fait entretenir par les hommes :

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    dans le Paris de la Belle Époque, cette cocotte tient sa place entre la courtisane et la prostituée.

     

    Début 1905, elle se fait embaucher en tant qu'écuyère dans

     

    le « Nouveau cirque » d'Ernest Molier, qui lui propose d'évoluer en danseuse dénudée ; elle commence dès lors à composer son rôle de danseuse orientale. Le 13 mars 1905, Émile Guimet, orientaliste fortuné et fondateur du musée du même nom, l'invite à venir danser dans la bibliothèque du musé, transformé pour l'occasion en temple hindou :

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    elle y triomphe dans un numéro de danseuse érotique exotique sous le nom de Mata Hari, signifiant « soleil » en malais : sous les apparences d'une princesse javanaise habillée d'un collant couleur chair et entourée de quatre servantes7, elle rend hommage au dieu hindou Shiva, et s'offre à lui lors de la troisième dans

    Description de cette image, également commentée ci-après

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mata-Hari 1910.jpg

     

     

    Mata Hari, danseuse exotique[modifier | modifier le code]

    Devant le succès du spectacle parisien, Gabriel Astruc devient son imprésario pendant dix ans, faisant jouer la troupe en août 1905 à l'Olympia puis à travers toute l'Europe, elle gagne alors 10 000 FRF par soirée. Couronnée d'aigrettes et de plumes, elle se produit d'une capitale à l'autre, guettée par les échotiers qui comptent ses chapeaux, ses chiens, ses fourrures, ses bijoux, ses amants (notamment le lieutenant allemand Alfred Kiepert avec qui elle reste plusieurs mois à Berlin, ayant arrêté son spectacle, cette liaison lui sera vivement reprochée lors de son procès) : son numéro d'effeuillage sous prétexte de danse orientale a fait d'elle une égérie de la Belle Époque5, une femme moderne qui lève le tabou de la nudité dans une société encore marquée par le rigorisme du xixe siècle8. Elle aide les échotiers à créer autour de sa personne une légende : elle serait née à Java où les prêtres de Shiva l'ont initiée aux secrets de son culte et de ses danses9. Son père était baron9. Son mari, un officier supérieur dont elle est séparée, était jaloux comme un tigre (Mata Hari aurait même affirmé qu'il lui avait arraché un téton en la mordant, laissant une vilaine cicatrice mais elle a inventé ce fait pour ne pas avoir à avouer que les coupelles d'argent qui masquaient ses seins lors des spectacles étaient utilisées pour masquer sa petite poitrine10). Elle est aussi une courtisane qui se préoccupe trop peu de la nationalité de ses conquêtes. Personnalité flamboyante, elle s'invente ainsi un personnage et une histoire mais sa carrière a du mal à redémarrer depuis sa liaison avec Alfred Kiepert en 1907 : endettée, elle est réduite à des rôles peu reluisants dans des spectacles non plus mondains mais populaires, allant jusqu'à se prostituer dans des maisons closes5. En 1910 et 1911, après avoir atteint le sommet de la célébrité à Paris, elle séjourna au Château de la Dorée àEsvres, qui était loué à la Comtesse de La Taille-Trétinville par son amant le banquier Xavier Rousseau. En 1915, elle vend son hôtel luxueux de Neuilly et loue une modeste maison à La Haye où elle reçoit la visite du consul d'Allemagne Carl H. Cramer qui lui propose de rembourser ses dettes en échange de renseignements stratégiques pour l'Allemagne en retournant à Paris. A-t-elle rempli cette mission en tant qu'agent H211

     

     

     

    Mata Hari, l'espionne[modifier | modifier le code]

     
    Mata Hari, 1909 environ
     
    Mata Hari, le jour de son arrestation.

    Elle s'éprend vers la fin 1916 à Paris d'un capitaine russe au service de la France dénommé Vadim Maslov, fils d'amiral couvert de dettes. Il a 21 ans et lui rappelle peut-être son fils mort qui devait avoir le même âge. Au front, il est abattu en plein vol et blessé à l'œil, si bien qu'il est soigné dans un hôpital de campagne près de Vittel. Elle réalise des démarches pour un laissez-passer à destination de cette infirmerie du front. C'est dans ces circonstances qu'elle rencontre le capitaine Georges Ladoux (en), chef des services du contre-espionnage français le 2 septembre 1916, ce dernier pouvant faciliter l'obtention du laissez-passer. Comme Cramer quelques mois plus tôt, il l'invite à mettre ses relations internationales, son don des langues et ses facultés de déplacement au service de la France. Elle accepte contre rémunération (elle réclame une somme d'un million de francs à Ladoux qui accepte mais la somme ne sera jamais versée) d'aller espionner le Haut commandement allemand en Belgique. En tant que ressortissante des Pays-Bas, elle peut franchir librement les frontières (son pays natal étant resté neutre durant ce conflit). Pour éviter les combats, elle compte rejoindre la Belgique via l'Espagne. Elle est interrogée lors d'une escale involontaire à Falmouth parBasil Thomson du MI-5 (services britanniques) à qui elle reconnaît son appartenance aux services secrets français. On ne sait pas si elle ment à cette occasion, croyant que cette histoire la rendrait plus intrigante, ou si les services français se servent effectivement d'elle sans le reconnaître, en raison des réactions internationales que cette révélation aurait suscitées. Après un séjour en Belgique où elle aurait reçu une formation au centre de renseignements allemand d'Anvers par Fräulein Doktor Elsbeth Schragmüller (en)12, elle embarque finalement le 24 mai 1916 pour l'Espagne, où elle fréquente dans la capitale de nombreux membres des services secrets, comme Marthe Richard, toutes les deux étant sous le commandement du colonel Denvignes alors sur place13. Elle y est courtisée par de nombreux officiers alliés5.

    En janvier 1917, l'attaché militaire allemand à Madrid, le major Kalle que Mata Hari avait tenté de séduire en se faisant passer (ou en étant réellement ?) comme l'espion allemand de nom de code H-21, transmet un message radio à Berlin, décrivant les activités de H-21note 1. Les services secrets français interceptent le message et sont capables d'identifier H-21 comme étant Mata Hari. Aussi étrange que cela puisse paraître, les Allemands chiffrent le message avec un code qu'ils savaient pertinemment connu des Français[réf. nécessaire] et avec des informations suffisamment précises pour désigner sans peine Mata Hari (nom de sa gouvernante, adresse), laissant les historiens penser que le but du message était que, si elle travaillait effectivement pour les Français, ceux-ci pourraient démasquer sa double identité et la neutraliser. En tout état de cause Mata Hari se retrouve au milieu de services secrets en pleines manœuvres de manipulation et d'intoxication de part et d'autre5.

    Six semaines après son retour en France pour rejoindre son amant Vadim Maslov, le contre-espionnage français fait une perquisition dans sa chambre de l'hôtel Élysée Palace sur les Champs-Élysées14. On ne trouve pas de preuve incontestable, mais le sac à main contient deux produits pharmaceutiques dont le mélange pouvait fournir une encre sympathique – mais dont l'un n'était autre qu'un contraceptif efficace. Des télégrammes chiffrés interceptés établissent (et elle le reconnaît) que le consul allemand aux Pays-Bas lui avait versé 20 000 francs. « Pour prix de mes faveurs », précise-t-elle. Pour des « renseignements », selon ses juges, sans préciser lesquels.

    À la suite de cette perquisition le 13 février 1917 elle est arrêtée par le capitaine Pierre Bouchardon (son passage ayant été signalé par Louis-Ferdinand Céline qui travaillait alors au Service des Passeports15) elle est soumise à un interrogatoire à laprison Saint-Lazare mais apporte en fait très peu d'informations. La seule qui soit assez importante concerne un autre agent double qui avait infiltré le réseau allemand pour les services secrets français. Pour anecdote, elle avoue à Bouchardon qui mène l'instruction vouloir se « venger » des Allemands qui lors d'une perquisition au théâtre de Berlin lui avaient pris toutes ses fourrures (d'une valeur d'environ 80 000 francs).

    Procès et exécution[modifier | modifier le code]

     
    L'exécution de Mata Hari (film de 1920)

    Accusée d'espionnage au profit de l'Allemagne dans le cadre d'une enquête sommaire, Mata Hari passe du statut d'idole à celui de coupable idéale dans une France traumatisée par la guerre et dont l'armée vient de connaître d'importantes mutineriesaprès l'échec de la bataille du Chemin des Dames. Son avocat et ancien amantÉdouard Clunet n'a le droit d'assister qu'aux premiers et derniers interrogatoires. L'instruction est assurée par le capitaine Pierre Bouchardon, rapporteur au Troisième conseil de Guerre. À ce titre, il instruira toutes les grandes affaires d'espionnage du premier conflit mondial. Son procès16, dont le substitut du procureur est André Mornet— un ancien amant —, ne dure que trois jours sans apporter de nouveaux éléments. Elle est même, lors du procès, abandonnée par son amoureux Vadim Maslov qui la qualifie tout simplement « d'aventurière ».

    Elle est condamnée à mort pour intelligence avec l'ennemi en temps de guerre sur réquisitoire de l'avocat général Mornet et sa grâce rejetée par le président Raymond Poincaré, qui laisse la justice suivre son cours. Son exécution a lieu le15 octobre 1917 par fusillade, au polygone de tir de Vincennes17,18. Selon son médecin, le docteur Léon Bizard, qui relate les faits dans son livre Souvenirs d'un médecin de la préfecture de police et des prisons de Paris (1914-1918)19, elle a refusé le bandeau qu'on lui proposait et aurait lancé un dernier baiser aux soldats de son peloton d'exécution. Juste avant d'être fusillée, Mata Hari s'écrie : « Quelle étrange coutume des Français que d'exécuter les gens à l'aube ! ».

    « Tandis qu'un officier donne lecture du jugement, la danseuse, qui a refusé de se laisser bander les yeux, très crâne, se place d'elle-même contre le poteau, une corde, qui n'est même pas nouée, passée autour de la ceinture... Le peloton d'exécution, composé de douze chasseurs à pied, quatre soldats, quatre caporaux, quatre sous-officiers, est à dix mètres d'elle... Mata Hari sourit encore à sœur Léonide agenouillée et fait un geste d'adieu. L'officier commandant lève son sabre : un bruit sec, suivi du coup de grâce moins éclatant et la Danseuse rouge s'écroule tête en avant, masse inerte qui dégoutte de sang... »

    — Léon Clément Bizard19

    Le médecin précise que l'autopsie a révélé qu'une seule balle avait traversé le cœur de part en part pour causer la blessure mortelle.

    Sa famille ne réclame pas le corps, qui est confié à la faculté de médecine de Paris : il est disséqué par des étudiants en médecine, puis incinéré. Enfin, ses cendres sont déposées dans une fosse commune. Il ne reste donc aujourd'hui plus rien de la dépouille de Mata Hari.

    Après sa mort[modifier | modifier le code]

    Entre les deux grandes guerres, un livre lui est consacré presque chaque année20.

    Dès la fin de la guerre, l'Allemagne la présente d'abord comme une innocente victime, n'ayant jamais collaboré avec les services de renseignements allemands. En 1931, dans un important ouvrage collectif L'Espionnage pendant la guerre mondialeauquel ont notamment collaboré des historiens, des officiers et des anciens agents des services secrets, il est fait mention que « Mata Hari a fait de grandes choses pour l'Allemagne ; elle fut le courrier pour nos informateurs installés à l'étranger ou en pays ennemis... Mata Hari était parfaitement au courant des choses militaires, puisqu'elle avait été formée dans l'une de nos meilleures écoles d'information... Elle était un agent de marque. »

    En 1937, « Mademoiselle Docteur », Fräulein Schragmüller, qui dirigeait le centre d'espionnage allemand, à Anvers, publie ses mémoires. Elle y révèle à propos de Mata Hari : « Pas une des nouvelles qu'elle a envoyées n'était utilisable, et ses informations n'ont eu pour nous aucun intérêt politique et militaire. » Elle reconnaîtra cependant : « La condamnation était méritée et conforme à l'esprit du code militaire. »

    L'historien Alain Decaux témoignera lors d'une de ses recherches sur Mata Hari avoir interrogé le procureur Mornet sur l'enjeu réel que présentait le cas de cette présumée espionne. Celui-ci répondait « qu'on n'avait finalement pas grand chose à lui reprocher » mais que son cas était évoqué « sous le feu de la presse dans un contexte politique tel » que la raison d'État ne pouvait que l'emporter.

    Selon le journaliste Russel Warren Howe (en), Mata Hari fut une « cocotte » naïve et vénale manipulée par les services secrets. Le chef des services du contre-espionnage français Georges Ladoux avait engagé de tels frais qu'il n'aurait jamais voulu avouer qu'il avait avancé de telles sommes pour une simple courtisane. De plus, les services secrets français ne pouvaient révéler tout de l'affaire Mata Hari car cela aurait montré qu'ils avaient percé les codes de chiffrement allemand21.

    Depuis 1996, le musée Frison (en) de sa ville natale Leeuwarden présente une exposition permanente de sa vie dans une salle qui lui est entièrement consacrée22.

    Le 19 octobre 2001, grâce aux travaux de Léon Schirmann qui épluche les archives françaises, allemandes et hollandaises depuis 1992, la fondation néerlandaise Mata Hari et la ville natale de la danseuse, Leeuwarden, engagent l'avocat Thibault de Montbrial pour déposer une requête en révision du procès de Mata Hari auprès de Marylise Lebranchu, ministre de la Justice, seule habilitée à donner suite à la requête puisqu'elle n'émane pas des descendants de la condamnée. La demande est rejetée23.

    Documents

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Lettre du capitaine Ladoux expliquant au Conseil de guerre pourquoi ils se sont intéressés à Mata Hari dès décembre 1915

     

    Extrait des minutes de la décision du Conseil de guerre condamnant à mort Mata Hari

     

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  • Puritaines? Vraiment?

     


    The_Scarlet_Letter_by_aru_loverPROSTITUTION : QUI SONT VRAIMENT LES PURITAINS ?

    Par Sporenda

        Il est pratiquement impossible de trouver un article défendant la prostitution où ne figure pas  le qualificatif de « puritaines » employé pour désigner les abolitionnistes.

    Bien sûr, la plupart de ceux qui lancent ce mot dans le débat n’ont pas la moindre idée de ce qu’était le puritanisme historique et semblent croire que ce mot est synonyme  de répression sexuelle et de croisade contre la prostitution.

    Dans le contexte actuel où le vote de la loi Olivier a exacerbé ces accusations de puritanisme, il est important d’examiner la relation entre puritanisme et prostitution et en particulier de déterminer si les Puritains étaient aussi opposés à la prostitution et aussi « réprimés sexuellement » que semblent le croire les anti-abolitionnistes.

    QUI ETAIENT LES PURITAINS, BREF RAPPEL HISTORIQUE …

    Queen_Victoria_1887En Grande-Bretagne, l’ère victorienne — qui consacre le triomphe  des valeurs  familiales bourgeoises en réaction  aux « mœurs licencieuses »  de l’aristocratie  sous la Régence-  est considérée comme l’ère puritaine par excellence.

    Il est alors prescrit aux femmes « bien » de se consacrer entièrement à leurs devoirs de mère et d’épouse : renvoyées  à la sphère domestique, elles n’ont pas d’existence civile, sont totalement dépendantes de leurs maris et leur assujettissement conjugal a rarement été aussi complet.

    Les biens de la femme deviennent propriété du mari lors du mariage et le restent même si elle quitte le domicile commun pour échapper à ses violences, et dans ce cas il a le droit de la kidnapper pour la récupérer et de la séquestrer.

    victorian colour 04Ces épouses bourgeoises peuvent d’autant mieux se consacrer  à leur vocation d’« anges du foyer » qu’elles sont  censées ne pas ressentir de désir sexuel, ou peu : « the majority of women are not much troubled by sexual feelings of any kind” écrit le vénérologue William Acton ( “The Functions and Disorders of the Reproductive Organs”). Qui ajoute: « l’amour du foyer, des enfants et des devoirs domestiques sont les seules passions qu’elles ressentent ».

    C’est une idée communément admise alors que « les femmes sont pures mais pas les hommes » car elles ne sont pas soumises  à la tyrannie des instincts sexuels (William Makepeace Thackeray, auteur du roman qui a inspiré le film « Barry Lyndon »,   »Pendennis”). De ce fait, elles sont  assignées au rôle de gardiennes de la morale—c’est elles qui doivent purifier  les hommes et les garder sur le droit chemin,  notamment par les liens sacrés du mariage.

    Et c’est justement parce qu’elles sont pures que le Premier ministre Gladstone affirme qu’elles ne doivent pas voter : la brutalité des joutes politiques offusquerait leur délicate sensibilité. Cette notion de la femme sans libido est un apport du puritanisme victorien et n’était pas généralement admise au XVIIIème siècle.

    Si les épouses sont tenues à la fidélité conjugale, les époux continuent par contre d’avoir toute liberté de pratiquer tous types d’ébats sexuels  avec des femmes autres que la leur, et la loi  sur le divorce (passée en 1858) qui ne reconnaît pas l’adultère de l’homme comme motif de divorce–contrairement à celui de la femme–sanctionne cette liberté.

    corsetsDes autorités religieuses de l’époque peuvent bien porter une condamnation morale contre la prostitution mais aucun victorien ne songe sérieusement à s’y opposer : elle est jugée regrettable mais  inévitable, « un mal nécessaire pour protéger la pureté des filles et des femmes et la sainteté du mariage », écrit encore Acton. S. Kent précise que  ce mal nécessaire « protège les femmes pures qui sinon pourraient involontairement provoquer le mâle à les violer » (Susan Kent, “Sex and Suffrage in Britain”).

    Le même auteur ajoute qu’elle est absolument indispensable parce qu’elle sert une finalité biologique : elle répond à «  l’urgence des pulsions  masculines et à la  nécessité de les soulager ».

    Dans ce discours victorien, les pulsions sexuelles masculines sont à la fois impératives et fondamentalement dangereuses : les hommes sont « par nature » sexuellement agressifs, aucune femme n’est à l’abri, et si cette agression sexuelle tous azimuths n’était pas canalisée, les femmes respectables elles-mêmes pourraient en être la cible.

    imagesCet argument de la prostitution qui protégerait les femmes contre le viol figure toujours en vedette dans l’argumentaire des défenseurs actuels de la prostitution. Et selon eux, ce risque de viol proviendrait  identiquement des « pulsions masculines incontrôlables ». Dans la version moderne, les hommes seraient esclaves de  leur testostérone (ou de la nécessité physiologique de vider leurs testicules), régis par des déterminismes biologiques qui les poussent à commettre des violences sexuelles et  qu’ils seraient impuissants à maîtriser.

    Evidemment,  le postulat des pulsions sexuelles, même  dangereuses,  qui ne doivent  pas être réprimées ne concerne ni les femmes, ni les homosexuels ni les hommes de couleur.

     Dans une telle situation où tout homme pourrait violer n’importe quelle femme, le droit de propriété  exclusif des maris sur leurs épouses ne serait plus garanti, ce qui déchaînerait  des  affrontements  pour la possession des femmes : la solidarité masculine serait rompue.

    article-2157884-13907C1D000005DC-781_638x489Pour concilier préservation du pacte patriarcal  et soulagement pulsionnel masculin, le discours victorien  préconise que celui-ci soit dirigé vers certaines catégories de femmes dont le viol est jugé sans conséquence : celles qui appartiennent aux classes inférieures qui—ça tombe bien—sont considérées à l’époque comme hypersexuées, donc faites pour ça.

    Dans cette logique, une catégorie de femmes –les putains—est désignée comme cible légitime des agressions sexuelles masculines et doit être sacrifiée pour préserver l’autre—les épouses ; cette nécessité de « faire la part du feu » en définissant deux types de femmes, celles que l’on peut violer et celles  que l’on ne peut pas violer, est clairement exprimée dans des textes de l’époque qui constatent que, regrettablement, le « sacrifice des femmes pauvres à la lubricité masculine » est inévitable.

    C’est le fait même que le puritanisme victorien fétichise la pureté des femmes tout en légitimant le libertinage des époux qui rend indispensable l’existence d’une classe de prostituées censées servir d’abcès de fixation aux pulsions masculines. Loin de s’opposer à la prostitution, les victoriens  la considèrent  donc comme absolument indispensable à la protection de la chasteté féminine, de la famille et de l’ordre moral.

    Unknown-1Dans la vision puritaine de la prostitution, celle-ci n’est pas  un simple privilège masculin, elle est une institution d’utilité publique (4 On trouve originellement cette conception de la prostitution comme mal nécessaire pour le bien commun  dans des écrits chrétiens comme ceux de Saint Augustin et Saint Thomas d’Aquin..)

    Si cette question de la prostitution préoccupe beaucoup les victoriens, ce n’est pas parce qu’ils veulent la réduire  mais au contraire l’organiser et la réglementer.  C’est ce qui est fait avec  les « Contagious Diseases Acts » dès 1864, passés dans le but  d’augmenter le contrôle social sur les prostituées, vues comme dangereuses à cause des maladies vénériennes qu’elles sont censées propager et de la criminalité qui se développe autour de leur commerce.

    La seule prostitution que les législateurs veulent  faire disparaître, c’est la prostitution de rue qui crée des désordres et dont la vue les choque : ils veulent la rendre invisible en obligeant les prostituées à exercer  dans des lieux clos.

     

    Ils veulent aussi que disparaisse la prostitution « sauvage » et pour cela, les filles  devront être enregistrées auprès des services de police.

    D’après les historiens, ces réformes n’auront guère pour résultat que d’augmenter le pouvoir des proxénètes sur les « filles publiques ».

    images-1Bien sûr, si l’Angleterre et la France (dont s’inspirent les Anglais) sont prises alors d’une véritable frénésie règlementariste, ce n’est pas pour protéger les prostituées.  Ce qui motive l’approche règlementariste, c’est  la protection des hommes, en particulier de leur santé en tant que  clients susceptibles d’être infectés par des MST : des informations alarmantes circulent sur le taux de contamination de la population masculine, en particulier des soldats :

    1 sur 3 serait affecté, la syphilis saperait l’aptitude au combat

    de  l’armée britannique et produirait des individus dégénérés. Suite aux Contagious Diseases Acts, les prostituées enregistrées ayant pour clients des soldats ou des marins sont désormais soumises à des visites médicales régulières  et la police peut contraindre à un examen médical et à un séjour prolongé en hospice toute femme prostituée ou suspectée de l’être. Examen qui ne concerne évidemment pas les clients  responsables de leur contamination.

    Cette idée que la prostitution est socialement  utile  mais doit être encadrée  par des règlements  stricts pour réduire ses nuisances (comme le racolage dans les quartiers bourgeois)  est toujours soutenue par les anti-abolitionnistes. Bien que le règlementarisme historique n’ait pas davantage réussi à faire disparaître la prostitution sauvage qu’à réduire la propagation des maladies vénériennes, un mouvement néo-règlementariste a fait sa réapparition il y a une vingtaine d’années et ses positions ont  obtenu gain de cause dans plusieurs pays.

    Ceux qui sont revenus au  règlementarisme malgré l’échec de celui-ci au XIXème siècle ont connu les mêmes résultats : une explosion de la prostitution, légale mais surtout illégale, accompagnée d’un développement exponentiel des réseaux de trafic et de proxénétisme et de la criminalité qui en découle. Et les Eros Centers installés dans les centres urbains n’ont  pas davantage amélioré la condition des personnes prostituées que les bordels d’autrefois .  

     STIGMATISATION

    images-1Dans l’Angleterre victorienne, les prostituées sont plus que jamais méprisées—les termes utilisés pour les désigner sont « femme tombée », « pariah », « dépravée », « perverse »   et « lépreuse »–elles sont vues  comme des tentatrices qui piègent les mâles innocents ou au mieux comme des pécheresses à ramener dans le droit chemin.

    Leurs clients, en revanche, bénéficient d’une complète indulgence sociale : « on ne peut faire de comparaison entre les prostituées et les hommes qui les fréquentent : pour l’un des sexes, l’offense est commise pour l’appât du gain, pour l’autre, c’est une faiblesse  due à une pulsion naturelle » écrivent les auteurs du rapport de la Commission Royale sur la prostitution en 1871.

    Ce discours qui excuse les clients et accable les prostituées  comme seules causes de l’existence de la prostitution parait  contradictoire puisqu’il identifie sexualité masculine et agression sexuelle. Mais lorsque des hommes commettent des actes sexuels « immoraux », y compris avec des enfants, ils sont exonérés de toute responsabilité et l’immoralité est le fait des victimes puisque l’opinion reçue est qu’ils ont été séduits et provoqués.

     Au 21ème siècle, non seulement  ce sont toujours les femmes économiquement vulnérables qui fournissent  les gros bataillons de la prostitution mais le discours qui excuse  les acheteurs de rapports sexuels tarifés et  stigmatise les prostituées qui les vendent est toujours en place, avec  peu de changements.

    Ceux qui soutiennent que la prostitution est « un métier comme un autre » considèrent en fait que la prostitution est surtout « un métier pour les autres » : pour les pauvres et les immigrées, pas  pour les femmes de leur famille ou de leur classe sociale. A Pascal Bruckner, tenant de la thèse « un métier comme un autre », un écrivain connu avait  répondu que « dans ce cas-là sa fille pourrait le faire ». Bruckner a fait un procès à l’auteur et au magazine qui l’avait publié et  l’a gagné.

    De même que persiste  le discours qui innocente les agresseurs sexuels en invoquant la provocation de la part de celles qui en sont victimes.

    DOUBLE STANDARD

    Unknown-3

    Deux poids deux mesures: le puritanisme victorien  incarne une version  exacerbée du double standard. Aux femmes destinées à être des épouses, la  sexualité conjugale reproductrice « vanille », toute autre forme d’expression sexuelle  leur vaut d’être socialement ostracisées, voire excisées : l’ablation du clitoris était pratiquée par certains médecins victoriens pour « guérir » des femmes diagnostiquées comme hystériques, masturbatrices ou nymphomanes.

    Seules les prostituées et les femmes des classes inférieures sont vues comme possédant ces «bas  instincts» sexuels ; hypersexuées, elles sont considérées comme physiologiquement différentes des femmes honnêtes.

    Fantasmes dont il reste quelque chose chez  des avocats actuels de la prostitution qui prétendent que si certaines femmes se prostituent, c’est parce qu’elles « aiment ça ».

    RÉPRESSION SEXUELLE DES FEMMES

    Le puritanisme n’est donc pas du tout une répression tous azimuths de la sexualité ; en fait, seule la sexualité féminine est réprimée :

    -       réprimée chez les bourgeoises  que le discours victorien prétend  dénuées de libido, tout en affirmant contradictoirement qu’elles doivent être sévèrement punies si elles persistent à en avoir une.

    -       réprimée chez les prostituées dont la sexualité n’est reconnue que dans la mesure où celle-ci se limite à satisfaire les exigences sexuelles de leurs clients.

    Dans les deux cas, la possibilité que la sexualité féminine puisse être autodéterminée et autocentrée est  impensable ; dans l’idéologie victorienne, seule la libération des pulsions masculines est licite et les femmes n’en sont que le réceptacle.

    ÉROTISATION DE LA SUBORDINATION

    Pour le victorien, c’est  le fait même que les prostituées sont dégradées—par leur activité, par leur sexe, leur classe sociale—qui les rend sexuellement excitantes : le désir éprouvé pour une femme est directement proportionnel à son infériorisation.

    Freud, victorien typique, a parlé à ce sujet du besoin masculin d’un « objet sexuel rabaissé » : l’homme ne peut ressentir d’excitation sexuelle que s’il méprise sa partenaire, la subordination est non seulement érotisée, elle est la condition même de l’érotisation.

    En conséquence, la sexualité victorienne radicalise l’opposition maman/putain , le puritain-type veut que sa femme soit pure et irréprochable et que sa « pute » (diraient les 343 salauds) soit  dépravée  et lubrique ; c’est l’homme  respectable qui va au bordel le samedi soir et le dimanche matin au temple : Dr Jekyll et Mr Hyde. Ce n’est pas un hasard si le personnage à deux faces de Robert Louis Stevenson a été inventé en pleine ère victorienne.

    Unknown-1Le revers de toutes les sociétés puritaines proposant un idéal de moralité inaccessible est évidemment l’hypocrisie : « les hommes aiment une classe de femmes, leurs épouses, mais ils ont recours à des prostituées pour le sexe, tout en prêchant la pureté pour leurs femmes ». remarque W. R. Greg (5. W.R Greg, “Prostitution”, The Westminster Review, 1850). Tel avocat de la pureté des épouses comme Patmore, qui célèbre dans ses écrits la figure de l’épouse « ange du foyer » avait une très importante bibliothèque pornographique : beaucoup de victoriens violaient secrètement le code moral qu’ils préconisaient.  Ce qui est condamné socialement, ce n’est pas tant le vice—tant qu’il reste caché–, que sa révélation, qui provoque le scandale.

    Même si la distinction entre ces deux catégories maman/putain est un peu brouillée de nos jours, de nombreux de clients modernes de la prostitution arguent qu’ils ont certains fantasmes qu’ils n’osent pas ou ne veulent pas demander à leur compagne de réaliser, précisément parce qu’ils  la respectent.  Ou ils confient qu’ils ne désirent plus leur femme , trop convenable pour être excitante, d’où leur recours à des prostituées.

    Dans les deux cas, ils laissent entendre qu’ils ne peuvent atteindre une excitation sexuelle intense qu’avec une femme de statut social et moral dégradé : c’est l’existence d’un différentiel hiérarchique entre eux et leur partenaire qui conditionne leur érection, à la différence de genre venant s’ajouter  celles de classe et –suite à la globalisation– de « race ».

    Pour ces hommes, la sexualité sert toujours à acter leur statut de dominant, tout rapport sexuel fonctionne ainsi implicitement ou explicitement sur un schéma SM, et la jouissance sexuelle est surtout la jouissance  du sentiment de pouvoir que leur procure  le rapport sexuel.

    Bien plus, pour nombre de clients de la prostitution moderne, le recours aux prostituées est recherché comme donnant accès au seul espace (avec le porno) encore non  contaminé par les principes d’égalité des sexes, où ils peuvent retrouver le degré de soumission féminine qui existait dans les sociétés du XIXème siècle et dont ils regrettent amèrement  la disparition.

    PEUR D’UNE SEXUALITÉ FÉMININE AUTONOME

    Entre frigide et insatiable, clairement, la sexualité féminine est anxiogène pour les victoriens; dans leur vision, la femme enjôleuse et  tentatrice laissée libre d’utiliser son pouvoir sexuel à sa guise peut faire tomber l’homme dans ses filets, le manipuler comme un pantin  et l’évincer de sa position de dominant.

    Unknown-5Les images de femmes fatales, dominatrices et « castratrices » abondent dans la peinture de l’époque : Messaline, Salomé, Dalilah, etc. Ces figures  maléfiques expriment la « panique morale » masculine devant tout  possibilité d’autonomie  sexuelle féminine, hypothèse absolument terrifiante dans les sociétés puritaines–chrétiennes comme musulmanes.

    Que le corps et la sexualité des femmes puissent échapper au contrôle des hommes, non seulement c’est une menace pour l’autorité et l’ordre rationnel masculins  mais cela met en péril  la virilité même : face à des femmes sexuellement  non soumises, les hommes ont peur de ne plus avoir d’érections–l’égalité des sexes empêcherait de bander.

    Unknown-6Evidemment, dans  cette conception où le rapport sexuel présuppose et confirme l’inégalité des partenaires, la sexualité est complètement phagocytée par le politique : il ne s’agit pas tant de jouir sensuellement du corps de l’autre que d’affirmer son pouvoir sur lui.

    Ces peurs et ces fantasmes sous-tendent encore l’argumentation des rétrogrades qui défendent la prostitution au 21ème siècle :

    -  désir de contrôler le corps des femmes—la loi espagnole interdisant l’avortement témoigne que ce désir n’a pas disparu et  ne demande que des circonstances favorables pour s’exprimer.

    - désir de contrôler la sexualité des femmes : dans la prostitution, en payant ; dans les rapports hétérosexuels, en imposant comme « sexualité » une sexualité masculine centrée sur la pénétration.

    - désir de continuer à disposer d’une catégorie de femmes vouées à les servir sexuellement.

    - revendication de l’inégalité comme indispensable au désir, peur d’être dévirilisé par la montée en puissance des femmes , toute manifestation d’indépendance féminine conjure un fantasme d’impuissance sexuelle,

     qui signifie perte de pouvoir tout court :  des hommes devenus impuissants  perdraient nécessairement toute autorité sur les femmes.

    NO LIMITS NO LAWS

    Dans la gestion de la sexualité puritaine, à la répression obsessionnelle de  la sexualité féminine  répond la libération encouragée et organisée des pulsions masculines, posées comme non  négociables. Hormis le droit de propriété des autres hommes sur leurs femmes, certains soucis d’hygiène et d’ordre public  et le respect des convenances, non seulement rien ne doit en entraver ou  restreindre l’expression mais tout doit être fait pour qu’elles puissent être assouvies partout et toujours.

    Aux hommes, une large gamme d’options sexuelles est offerte, pourvu qu’ils puissent payer. Malgré –ou à cause—de la réprobation  exprimée par les autorités morales et religieuses, la prostitution prospère: la seule ville de Londres, selon la revue médicale ‘The Lancet’, aurait compté environ 80 000 prostituées (pour 2,3 millions d’habitants) en 1887, soit deux fois plus que le nombre actuel de prostituées estimé par l’OCRTEH pour toute la France.

    A l’apogée du puritanisme victorien correspond donc une apogée de la prostitution,  les années 1850 ont été nommées « the golden years of prostitution » par des historiens.

    La prostitution est omniprésente dans les rues des grandes villes anglaises : les salaires de misère payés aux jeunes ouvrières les obligent pratiquement à se prostituer pour survivre.

    Contre argent, toutes les perversions peuvent être satisfaites, il existe des bordels pour tous les goûts : SM, homosexuels, petites filles ou petits garçons, etc. L’âge requis pour le consentement était 13 ans, et la plupart des prostituées entraient dans le métier vers 11/12 ans.

    L’apparition de la photographie entraîne aussi une production considérable de matériel pornographique déclinant pareillement toute la gamme des fantasmes masculins : SM, inceste, viol, pédophilie, orgies. Des « bottins » sont publiés régulièrement listant des centaines de prostituées, avec leurs photos, leurs spécialités et leurs tarifs : l’ère victorienne est aussi un âge d’or de la pornographie.

    Cora1Les hommes respectables osent les pires violences sur les enfants et les femmes pauvres sans encourir de  réprobation ou de sanction sociale : la courtisane Cora Pearl raconte dans ses mémoires comment à l’âge de 13 ans, ayant été abordée dans la rue par un bourgeois qui lui offrit d’aller manger des gâteaux dans un café, elle perdit connaissance après avoir bu une limonade et se retrouva quelques heures après dans un lit avec du sang entre les jambes.

    L’auteur inconnu de « My Secret Life »,  journal de sa vie sexuelle tenu par un riche bourgeois dont l’identité n’a pas été élucidée,  raconte sans aucun embarras comment, contre argent comptant, il peut régulièrement violer des petites filles de 10 ans (6.  My Secret Life (1888), Walter http://en.wikipedia.org/wiki/My_Secret_Life_(erotica)). Rien n’est fait pour réprimer de tels comportements, la loi reste en dehors de la sphère privée,  les conduites masculines les plus abjectes sont sanctuarisées par le pouvoir de ceux qui s’y livrent, et les victimes se taisent.

    William_Thomas_SteadCe n’est que vers les années 1880 qu’une vraie mise en cause de la prostitution des enfants se fait jour dans l’opinion, suite en particulier à une série d’articles écrits par le journaliste W.T. Stead  intitulés « The Maiden Tribute of Modern Babylon » (7.  W.T. Stead, “The Maiden Tribute of Modern Babylon”, Pall Mall Gazette, juillet 1885). Celui-ci avait été écoeuré de découvrir à quel point  ces pratiques pédophiles étaient répandues, et surtout que les autorités en étaient pleinement informées mais fermaient les yeux eu égard au rang social des pédophiles. Ses évocations des « chambres capitonnées où des débauchés des classes supérieures  pouvaient  …se délecter  des cris d’un enfant en bas âge » font l’effet d’un électrochoc sur l’opinion, les législateurs réagissent et cette campagne aboutira au passage de la « Criminal Law Amendment Act » de 1885.

    Suggérer comme le font  les pro-prostitution actuels que puritanisme = abolitionnisme et répression sexuelle est donc un contresens total : en fait, le puritanisme est un fondamentalisme patriarcal, la pureté sexuelle chère aux puritains n’est réellement exigée que des femmes et cette injonction de pureté permet de maximiser le contrôle masculin et la répression sexuelle dont elles font l’objet.  Andrea Dworkin a très bien compris que le puritanisme n’était qu’une ruse patriarcale, une « stratégie masculine  pour garder le pénis caché, tabou et sacré ».

    Corrélativement, si la prostitution fait l’objet d’une condamnation  hypocrite dans les sociétés dites puritaines, elle y bénéficie en réalité d’un large soutien social et institutionnel.

    Epouses  plus ou moins asexuées pour le service domestique et reproductif et  « filles publiques » hypersexuées pour le service sexuel : « le code victorien est fondé sur le partenariat prostitution/mariage ».

    bordel-ok copieJ’ai pris pour exemple le puritanisme victorien mais des systèmes de prescriptions et d’interdits similaires axés sur la même obsession de la pureté féminine encadrent les femmes dans toutes les sociétés puritaines, aux Etats-Unis à la période coloniale comme dans des cultures  non occidentales. On sait par des exemples récents que les bordels et la prostitution de rue ne disparaissent pas  dans les pays où des régimes  fondamentalistes ultra-religieux mettant en oeuvre un contrôle très strict des femmes arrivent au pouvoir : la prostitution (par exemple sous la forme coranique du mariage temporaire) n’a pas disparu en Afghanistan au temps des talibans et pas davantage en Egypte sous le gouvernement Morsi. En Turquie, les fondamentalistes religieux de l’AKP (le parti d’Erdogan) loin de chercher à abolir la prostitution, l’ont réglementée : les sociétés puritaines, patriarcales et misogynes,  s’accommodent fort bien de l’institution patriarcale et misogyne qu’est la prostitution.

    QUI SONT VRAIMENT LES PURITAINS ?

    Et donc, face aux  accusations de puritanisme lancées par les pro-prostitution contre les féministes abolitionnistes, on doit poser la question : qui sont vraiment les  puritains ?

    Les anti-abolitionnistes prétendent présenter comme un choix libérateur, moderne et porteur d’empowerment une institution patriarcale plurimillénaire qui, avec le mariage traditionnel,  organise la domination des hommes sur les femmes depuis des siècles.

    Leur défense de la prostitution repose, avec peu de changements, sur les mêmes archétypes ancestraux et est calquée— parfois mot pour mot—sur celle des puritains victoriens.

    Unknown-4Ils se prétendent pro-sexe mais considèrent que leur satisfaction sexuelle exige la destruction de la sexualité des prostituées et la restriction  de celle des autres femmes, uniquement autorisées  à jouir d’être dominées (cf. Fifty Shades of Grey).

    Inversion patriarcale caractérisée : alors que le puritanisme a pour conséquence de renforcer le contrôle masculin sur la sexualité féminine, ils  accusent de puritanisme les féministes qui veulent au contraire libérer les femmes de ce contrôle.

     ANTISEXE OU ANTI-AGRESSIONS SEXUELLES ?

    Qui accuse les féministes d’être puritaines et  antisexe ?

    imagesAvant Antoine, Elisabeth Lévy, Caubère & co, les défenseurs de DSK ont crié au « retour du puritanisme » quand leur héros a été inculpé pour tentative de viol. Parmi eux, de grands démocrates et hommes de gauche comme Jean-François Kahn et Jack Lang  ont montré en quel mépris ils tenaient les femmes  et les lois républicaines punissant le viol dès lors que solidarité masculine et copinages politiques étaient en jeu.

    A cette occasion, les medias ont repassé en boucle  les inusables clichés  de comptoir sur le puritanisme des Américains qui— violence inouie  —ont osé arrêter un suspect de viol présidentiable.

    Les mêmes accusations de puritanisme ont été lancées par les supporters de Roman Polanski (qui sont  à peu près les mêmes que ceux de DSK): comment—disaient-ils–  pouvait-on tenir rigueur à ce grand artiste de quelques lointaines incartades ?

    Pour eux, le scandale n’était pas qu’un homme ayant violé une gamine de 13 ans ait échappé si longtemps à la justice américaine mais que celle-ci ait considéré qu’un artiste riche et célèbre n’était pas pour autant  au-dessus des lois : anathème en France, où  au contraire le fait de faire partie de l’élite est censé vous conférer protections et passe-droits.

    Et tout récemment on retrouve ces accusations sous la plume de Gabriel Matzneff et de ses fans,  indignés qu’une pétition ait été lancée contre l’attribution du Prix Renaudot à cet avocat enthousiaste de la pédophilie qui déplorait dans un de ses livres que la bourgeoisie ait érigé un «mur de protection moralisatrice puritaine autour des adolescents ».

    Ces accusations de puritanisme ont toujours accompagné le féminisme : les suffragettes étaient déjà traitées de prudes quand elles dénonçaient incestes et viols d’enfants et voulaient faire relever l’âge du consentement à 16 ans.

    Et donc :

    Dès que les féministes prétendent dénoncer le harcèlement sexuel, le viol et la pédocriminalité et demander que les lois censées les punir soient vraiment appliquées, le chœur des prédateurs sexuels et de leurs admirateurs donne de la voix et hurle au puritanisme.

    Que soit dénié aux hommes le droit de violer et de violenter impunément est  présenté  comme une atteinte insupportable à leur liberté.

    Que soit mis en cause leur droit inconditionnel à  disposer d’une sous-classe de femmes sexuellement à leur service est vécu comme  un déni de justice.

    Que certaines osent simplement suggérer que non, les femmes ne sont pas  obligées d’avoir des rapports sexuels à la demande ou d’accepter des pratiques pornos dégradantes  constitue  pour eux une « attaque contre la sexualité masculine ».

    Unknown-2Est ainsi qualifiée de puritaine (ou coincée, ou frigide, ou prude), toute femme qui refuse ou pose des limites aux exigences sexuelles masculines. Dans cette stratégie d’intimidation très efficace, toute femme qui ne se soumet pas  est désignée comme « anti-sexe », toute dénonciation des violences sexuelles est qualifiée de «retour à l’ordre moral».

    Dénoncer les violences sexuelles masculines n’est pas être anti-sexe. Si certains hommes voudraient nous le faire croire, c’est justement parce qu’ils confondent sexualité masculine et agression sexuelle.

    Pour ces hommes, même s’ils font mine de les accepter publiquement,   les principes d’égalité des sexes ne sont que des mots vides de sens et les lois punissant les violeurs et les pédocriminels des chiffons de papier qu’il n’a jamais été question d’appliquer vraiment ; la seule loi  qui compte à leurs yeux, celle qui prime  sur toutes les autres, c’est le droit patriarcal intangible d’accès sexuel au corps des femmes.

    SPORENDA

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  •  

    Carolina Otéro 

    Carolina Otero portait des vetements extraordinaires
    et elle était couverte de bijoux de grande valeur
    qui lui ont été offerts par les "grands de ce monde" de l'époque.
     

     

    Ses seins avait une telle aura
    qu'elle ont d'après la légende inspire Charles Dames, l'architecte du Carlton
    lorsqu'il a dessine les deux coupoles de l'Hotel.



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    Carolina Otéro est né le 4 novembre 1868
    dans des conditions très modestes à Valga en Espagne.
    Son vrai nom est Agustina Otero Iglesias.
    Elle commence à chanter à Barcelone puis à Marseille.
    Puis elle arrive à Paris ou elle chante dans le restaurant Grand Vefour,
    au Circe d'été, au Théatre des Mathurins ou aux Follies Bergères.

     

     

    En 1898 elle est répresente dans un mini court metrage à Saint Petersbourg.
    C'est un des premiers films de l'histoire fait par un employé
    de la société Lumière (inventeur du cinema), Félix Mesguich.
     

     

    Le film crée un scandale dans la Russie Impériale
    car un officier du Tsar apparait dans une scène juge scandaleuse
    ou Carolina Otéro danse de sa "Valse Brillante".


    Elle continue à chanter à Moscou, Londres,

    New York, Buenos Aires et Rio de Janeiro.

     

    au sommet

    Carolina Otéro photographié à Paris par Charles Reutlinger
    A Paris on l'apèle une des "Trois Graces" des Folies Bergères avec
    Emilienne D’Alencon et Liane de Pougy. La photo a été réalise par Charles Reutlinger,
    avec Charles Marville et Eugène Atget.
    Il n'y a pas de traces qu'elle soit un jour passé par la Cremerie de Paris

    qui était à cette époque un des meilleurs magasins de fromage
    qui attirait le "Tout Paris", mais cela est bien possible.


    Très vite Carolina Otéro devient une courtisane celèbre
    à la réquete d'hommes fortunes. Au sommet de la "belle Epoque"
    elle est la courtisane du Prince Albert I de Monaco,
    du roi Edouard VII d'Angleterre ou du Grand Duc Peter Nikolaevich de Russie.

    D'après la légende differentes hommes se serait suicidés pour elle.
    Une autre légende raconte, qu'au Cafe de Paris à Monaco,
    cinq dirigéants d'Europe auraient
    en même temps essaye d'attirer son attention:
    Le Tsar Nicholas II de Russie, Le Kaiser Wilhelm II d'Allemagne,
    Le Roi Edouard VII d'Angleterre, Le Roi Alfonso XIII de l'Espagne et

    le Roi Leopold II de Belgique.
    Beaucoup d'articles mentionnent



    Bendor à 24 ans

     

    le Duc de Westminster.
    comme un de ces amants,
    mais en réalité c'est completement faux,
    car d'après Begogna Angulo le Duc ne "l'appreciait guerre".
    Et de toutes les facons Carolina Otéro était bien trop agée pour pouvoir l'intéresser.

    Afficher l'image d'origine 

    Begogna Angulo était toujours "au courant de tout"
    de ce qui se passait (et de ce qu'il ne fallait pas savoir)
    sur la côte d'Azur, à St Moritz, à Gstaad, à Paris, à Madrid
    et surtout sur la côte Basque
    ... et même des decennies plus tard
    ses informations ont été transmises
    par sa bouche directement à l'oreille de l'éditeur de ce site



    Au début de la première guerre mondiale la Belle Otéro a pris sa retraite.
    Elle aurait pu continuer sa carrière de chanteuse mais elle refusa desormais toutes les demandes.
    Grace à ces amants Carolina Otéro a su accumuler une fortune importante.
    On parle de $ 25 millons de ce qui correspond à environ 300 million Euro aujourd'hui.
    Ceci lui a permis d'achéter une sompteuse demeure dans le quartier de Saint Maurice à Nice.

    D'après Begogna Angulo le Tsar lui a même donne une villa sur la mer noire
    et il y avait diverses maison en France, pas seulement des villas
    egalement des immeubles de rapport, une demeure à Ostende, un yacht et des bijoux de grande valeur.



    Dependence du Casino

    Casino - Monte Carlo
    La Belle Otero est helas très dépensière ...
    mais surtout elle souffre de ludomanie,
    elle est completement accro au Casino.
    Pendant les 25 ans qui suivent - suite à cette dépendance psychologique au jeu -
    Carolina y perd toute sa fortune, soirée de casino après soirée,
    environ 250 millions d'euro (en valeur d'aujourd'hui)
    entre le casino de Monaco et celui de Nice.
    Il n'y a personne pour la sortir de la dependance ...
    A la fin de la seconde guerre il ne reste plus rien pour ses vieux jours.


    Hotel Novelty à Nice
    Par Begogna Angulo et probablement bien d'autres
    le Prince Rainier de Monaco
    entend en 1945 parler de ses difficultées
    et ainsi le directeur de la Société des Bains de Mer de Monaco,
    propriétaire du Casino

    décide de lui payer discretement une modeste pension
    jusqu'à la fin de sa vie.

    La Belle Otero à 92 ans
    Ceci permet à Carolina Otéro de vivre les 20 dernieres années, de 1945 à 1965
    dans le petit Hotel Novelty dans le quartier de la Gare de Nice.
    Comme d'autres gens qui ont été ruinés pas la dépendance psychologique au casino
    elle vit dans la solitude
    ... seulement les oiseaux sont la pour écouter ses histoires.

     

    A la fin de sa vie elle était totalement deconnectée 
    n'écoutant plus personne et parlant sans cesse de son passé:
    les fêtes, les Princes, Champagne ....
    les villas et les Hotels magiques:

    Hotel Carlton, Hotel du Cap,
    Hotel Hermitage, l'autre 
    Hotel du Cap, Hotel du Palais.

    Au moins elle avait de beaux souvenirs que personne a pu lui prendre ...

    Les rêves lui ont permis de continuer
    ...
    de 76 ans jusqu' à l'age de 96 ans.

    Elle meurt dans son modeste logement Niçois le 10 avril 1965.

    SOURCES

     

     La Belle Otero est helas très dépensière ...

    mais surtout elle souffre de ludomanie,
    elle est completement accro au Casino. 
    Pendant les 25 ans qui suivent - suite à cette dépendance psychologique au jeu -
    Carolina y perd toute sa fortune, soirée de casino après soirée, 
    environ 250 millions d'euro (en valeur d'aujourd'hui) 
    entre le casino de Monaco et celui de Nice.
    Il n'y a personne pour la sortir de la dependance ... 
    A la fin de la seconde guerre il ne reste plus rien pour ses vieux jours.

     

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  • Édouard VII bien remis en selle,

    Ce fauteuil des voluptés, qui provient de l'une des

    plus célèbres maisons closes de Paris,

     

    Ce fauteuil a été commandé par le roi Édouard VII lui-même pour équiper la chambre qui lui était réservée en permanence au Chabanais.
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Ce fauteuil des voluptés, qui provient de l'une des plus célèbres maisons closes de Paris, sera exposé 
    Parmi les six cents œuvres caractéristiques de cette Belle Époque, nul doute que l'élue s'arrêtera devant un meuble étrange, dont l'usage s'est perdu. Se fera-t-elle photographier devant?
    On ne le lui conseille guère.
    Famille Royale Anglaise en Famille 
     
    Un socle de bois doré bien rembourré, surmonté d'une selle pareillement confortable, six accoudoirs, quatre pieds et un tissu japonisant.
    Qu'est-ce donc que ce schmilblick?
    Les plus perspicaces trouveront quelque ressemblance
    avec un siège gynécolo­gique ou une chaise d'accouchement.
    La fonction se révèle en réalité autrement plus sensuelle.
    Edouard VII Jeune 
    «Il s'agit d'un “fauteuil de volupté”»,
    glisse Dominique Lobstein, historien d'art et co-commissaire de l'exposition.
    EDWARD et son épouse 
    Lorsqu'on y regarde de près, on n'ose
    inventorier les combinaisons, genre Kamasutra, qu'il offre.
    «Il a appartenu à Édouard VII, prince de Galles et fils de la reine Victoria, poursuit le spécialiste.
    chabanais-edouard-vii.1236849411.jpg 
    C'était un habitué du Chabanais jusqu'à ce qu'il soit couronné
    souverain du Royaume-Uni et empereur des Indes en 1901, à 60 ans.»

    Pour de pacifiques joutes

    chabanais.1236849520.jpg
    Le Chabanais?
    «Une maison close installée au 12 de la rue du même nom,
    dans le IIe arrondissement, et fondée en 1878 par une Irlandaise.
    C'était un des lieux galants les plus huppés du Paris fin de siècle. Une chambre était réservée en permanence au prince.
     
    Edouard VII et la son épouse, La Princesse Alexandra
    ---------------------------------
    Édouard portant un haut-de-forme et fumant un cigare dans une pose presque arrogante
    Il l'a fait doter de deux accessoires originaux adaptés à sa taille et surtout à son poids: une baignoire de cuivre rouge en forme de cygne à la proue de sirène qu'on remplissait de champagne avant usage, et ce meuble.
    Conçu et réalisé par Louis Soubrier, artisan du faubourg Saint-Antoine,
     
    Afficher l'image d'origine
    il pouvait réunir pour de pacifiques joutes le royal héritier
    et deux ou trois employées
    de la maison sans qu'il ne déroge à son rang…
    puisqu'il s'installait sur la partie supérieure.»
    Édouard était surnommé «Bertie» par ses favorites,
    choisies parmi vingt à trente-cinq pensionnaires.
    Afficher l'image d'origine
    Certaines avaient connu intimement Pierre Louÿs, 
    Guy de Maupassant, Charles Ier du Portugal,
    le prince des Indes britanniques ou encore quantité
    de membres du Jockey Club. Le Chabanais a
    connu son heure de gloire le 6 mai 1889.
    L'inauguration de l'Exposition universelle 
    s'était poursuivie entre ses tentures.
    Ministres et ambassadeurs du monde entier
    s'y étaient donné rendez-vous. Sur leurs agendas,
    cette «virée» était renseignée comme
    une «visite au président du Sénat».
    Le scooter n'existait pas encore…
    Ce plus célèbre des lupanars,
    devant le One-two-two, le Sphinx, La Fleur blanche,
    La Rue des Moulins et Chez Marguerite, a reçu un prix pour sa chambre japonaise lors de l'Exposition universelle de 1900.
    On y trouvait aussi la chambre Louis XV,
    la chambre hindoue,
    la Directoire,
    la médiévale et la
    chambre mauresque.
    Clients du Chabanais et autres lieux de plaisirs..
    Les neufs souverains européens qui assistèrent aux funérailles photographiés au château de Windsor le 20 mai 1910. Debout, de gauche à droite : Haakon VII de NorvègeFerdinand Ier de BulgarieManuel II de PortugalGuillaume II d'AllemagneGeorges Ier de Grèce et Albert Ier de Belgique. Assis, de gauche à droite : Alphonse XIII d'EspagneGeorge V du Royaume-Uni et Frédéric VIII de Danemark.
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    L'ensemble des décors fut vendu après la ferme­ture,
    en 1946, à l'occasion d'une vente aux enchères en 1951.
    L'actuel propriétaire du «fauteuil de volupté» tient à conserver l'anonymat.
    «Paris 1900, la ville spectacle», Petit Palais,
     http://levidegrenierdedidou.blogspot.fr/2014/02/edouard-vii-bien-remis-en-sellece.html
     
    Édouard VII portant un kilt et une canne est assis sur un muret devant une maison à trois étages.
     
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    Elles ont fait rêver des rois, dissipés des pères de famille, corrompu des incorruptibles, brûlé des fortunes, réinventé la débauche.

     

    Les Cocottes ont enjoué le tournant du siècle, et bâti une légende:

    Emilienne d’Alençon, Mata-Hari, la belle Otéro, Liane de Pougy, Cléo de Mérode, Cora Pearl ont défrayé la chronique fin-de-siècle. 

    Zola s’en est inspiré pour le personnage de Nana, Alexandre Dumas fils les a admirées, Edouard VII les a fréquentées. Il n’était de bourgeois sans sa cocotte…

    En un album splendide (publié chez Parigramme), la journaliste Catherine Guigon retrace cette odyssée de la luxure: photos, portraits, dessins, évocations, lettres. Par chance, les «horizontales» ont soigneusement construit leur histoire - et leurs histoires.

    MATA HARI 

    Elles étaient vénales, certes, mais c’était le prix de leur beauté.

    Afficher l'image d'origine 

    Dans une époque qui allait se consumer dans la guerre de 14, elles furent les vestales de la décadence.

    La virginité en moins, évidemment.

    BibliObs Quelle est la définition de «cocotte»?

    Catherine Guigon Une cocotte est une courtisane.

     

    Prostituée, c’est réducteur.

    Une cocotte, certes, vit des ses charmes, mais pas seulement.

    Car la plupart du temps, elle est aussi actrice.

    La cocotte, aussi, est une femme libre: elle choisit ses amants, souvent riches, et elle fixe ses tarifs.

    Diamants, hôtels particuliers, voitures, chevaux, colliers de perles….

    Afficher l'image d'origine
     
    La cocotte a eu une durée d’existence brève,
    entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle.

     

    Sous l’Ancien Régime, pas  de cocottes.

    Des favorites, certes.

    Mais la cocotte est apparue sous le Second Empire, dans l’entourage

    de Napoléon III.

     

    On les appelle alors «lionnes», «biches», puis «grandes cocottes»,

    «horizontales», «demi-mondaines».

    La première fut…

    La plus spectaculaire, celle qui a fait couler le plus d’encre,

    c’est la belle Otéro.

     

    Son originalité, c’est qu’elle faisait de la danse espagnole et que cet exotisme-là était nouveau, et c’était une bête de scène.

     

    SOREL

    Elle avait une énergie, une joie de vivre, de force peu communes.

    Pour le spectacle, elle apparaissait sur des scènes publiques,

    comme les Folies-Bergère.

    LA VALLIERE 

     

    Pour le reste, elle séduisait des têtes couronnées.

    Justement, parlons des têtes couronnées.

    Les rois, les princes et leurs suites venaient à Paris s’encanailler.

    C’était une tradition.

     

    Ces messieurs allaient dans les salles de spectacle, faisaient leur choix, puis terminaient la soirée chez Maxim’s, en bonne compagnie.

    Gipsy,  album Reutlinger, tome 61, vue 38, Gallica 

    Gipsy, album Reutlinger, tome 61, vue 38, Gallica

     

     

    Ils signalaient leur intérêt en envoyant un bouquet de fleurs avec un bracelet de diamants, et l’élue les rejoignait pour le souper…

    Ainsi, la belle Otéro se fait aborder par un banquier peu attirant, celui-ci finit par mettre une somme invraisemblable sur la table, et elle accepte de dîner avec lui dans un cabinet particulier.

    Le client ajoute 20.000 francs-or en disant:

    «Je passerais bien une demi-heure dans votre chambre.»

    Elle accepte. Et, pendant ces trente minutes, elle lui fait visiter sa chambre,

    lui fait admirer ses bibelots, ses vases de Gallé,

    et, passé le laps de temps, elle le congédie… en gardant l’argent.

    C’est cavalier.

    Ces femmes-là font tout en grand.

     

    Les sommes sont faramineuses, les robes proviennent des plus grands couturiers de l’époque, les colliers sont grandioses, les amants sont célèbres:

    le prince de Galles, Nicolas II de Russie, Léopold II de Belgique,

    les Rothschild…!!

     

     

     

    L’argent coule à flots, la guerre est encore loin, on peut se ruiner en une nuit, on se suicide au matin, drôle d’époque.

    Peut-on parler d’une société du scandale?

    Oui et non. Le scandale est accepté, mais reste scandale.

    Vix, album Reutlinger, tome 61, vue 47, Gallica 

     

    VIX

     

    Des personnages sulfureux amusent la société, Oscar Wilde, Jean Lorrain, et des femmes pittoresques se font voir au casino, au champ de course, au bal, au théâtre.

    LIANE de POUGY

    Toute l’Europe fortunée se précipite à Paris.

     

    C’est le haut lieu de la fête.

    Laquelle, de ces cocottes, a été la plus haute en couleurs?

    Otéro, sûrement. Elle était dans l’excès permanent.

     

    Par exemple, elle jouait beaucoup. C’est cette passion du jeu qui la perdra après la guerre.

    C’est la Païva, aussi, qui s’est livrée à un amant – le temps que les billets de banque de celui-ci finissent de se consumer dans l’âtre de son hôtel particulier sur les Champs-Elysées.

    Cléo de Mérode, album Reutlinger, tome 2, vue 39, Gallica 

    CLEO de MERODE 

     

    Les travaux ont duré si longtemps pour bâtir cette demeure somptueuse qu’Alexandre Dumas fils disait:

    tout est terminé, il ne manque plus que le trottoir.

     

    Ceci dit, la PAIVA elle , fonctionnait différemment: elle s’est mariée à répétition.

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    Autre anecdote: avant de partir en Russie, Otéro s’allonge nue sur un plateau d’argent, dans un restaurant, et elle est servie ainsi à ces messieurs…

     

    L’extravagance était la règle.

    Il y a certaines de ces dames qui ont terminé en odeur de sainteté…

    La plus froide, la plus vénale, c’est Liane de Pougy.

     

    Elle n’aimait guère les hommes, avait des aventures lesbiennes, notamment avec Emilienne d’Alençon et Nathalie Barney, et a fini à genoux.

    Pour prier?

    Pour prier.

    La guerre a mis fin à cette époque…

    Oui.

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    D’abord parce que pas mal de riches ont été ruinés,

    puis certaines de ces dames ont raccroché.

     

    Otéro a été ruinée par le jeu, elle a fini sa vie dans un garni à Nice, avec une petite pension versée par le casino de Monte-Carlo, où elle avait dépensé des fortunes.

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    Carolina Otero, surnommée la 'Belle Otero' qui connut vingt années de gloire et de splendeur aux temps des années folles, photographiée dans sa chambre d'hôtel peu de temps avant de décéder, le 12 avril 1965 a Nice, France.

     

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    Symboliquement, elle est morte assise sur son bidet devant une photo du tsar. Liane de Pougy a réussi un mariage avant de se confire en bondieuserie. Au prêtre qui la suivait, elle a dit:

     

    «Mon père, à part tuer et voler, j’ai tout fait.»

     

    Emilienne d’Alençon, elle, a eu le projet de partir

    pour Bogota pour ouvrir un salon de beauté, puis c’est tombé à l’eau.

     

    Elle a fini détruite par la drogue.

     

    Son corps sera jeté dans la fosse commune.

     

    Mata-Hari a mal tourné, aussi.

    Les cocottes ont laissé une belle trace dans la littérature…

    Nana a été inspirée par Hortense Schneider,

    Odette Swann, sans doute par Laure Hayman,

     

    De plus, souvent, ces femmes ont écrit leurs mémoires:

    ainsi, Otéro réinvente totalement sa vie,

    Liane de Pougy ou Cora Pearl signent des autobiographies,

    mais restent discrètes sur leur intimité.

     

    C’est tout à leur honneur.

    Pourquoi font-elles encore rêver?

    Parce qu’elles étaient libres et extravagantes.

     

    SOURCES

    D.R.

     

     

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