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    La pudeur leur va si bien quand elles en ont, si bien

    quand elles n’en ont plus, que je ne conçois

    guère de femmes qui ne désirent pas en avoir

      

    (Paul MORAND).

    article écrit par Nadine
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    Le XIXè siècle en France voit monarchie et république se succéder avec leur cortège de turbulences et d’abominations.

      

    C’est le siècle de la pudibonderie et de notre Code civil ou Code Napoléon.

    Alors que la noblesse et le clergé s’affaiblissent, la bourgeoise s’affirme et stimule l’avancée industrielle du siècle.Les mentalités évoluent et la science progresse dans tous les domaines.
     
    Les lois "Ferry" de 1881 et 1882 rendent l'école laïque,
    obligatoire et gratuite.
     
    La France étend son influence sur la planète.
      
    Elle annexe la Nouvelle-Calédonie en 1853, où seront déportées les premières femmes en 1872 et les dernières en 1897.
     
    Toutefois leur départ volontaire est « encouragé »
    puisqu’aux termes de la loi de 1854,
     
     
    "les femmes condamnées aux travaux forcés ne sont pas astreintes à la transportation".
     
     
     
    Ce siècle se révèle être d’une profonde instabilité politique. Le progrès économique n’aura pas entraîné dans son sillage le progrès social et si de nouvelles classes sociales fascinent, d’autres sont discréditées.
      
    Les « filles de noces » en sont.
     
    La bourgeoisie rayonne et, hypocrisie morale oblige, une réglementation de 1804 attribue une existence légale aux maisons closes.
     
    Il faut comprendre que les prostituées tant décriées intéressent fortement ces messieurs de la bourgeoisie.
     
    Dans l’aristocratie, ou ce qu’il en reste, ce sont les pères qui invitent leurs fils à se rendre auprès de courtisanes pour affirmer leur virilité.

     

    Les maisons de luxe réputées, qui reçoivent entre autres les hommes politiques, considèrent fort bien leurs pensionnaires qui doivent avant tout rester élégantes et distinguées. Ces dernières ne sont pas subordonnées à une cadence,

    c’est-à-dire tenues à un nombre élevé de passes.

     

     

    A l’inverse, existent les « maisons d’abattage », où les conditions de travail sont bien souvent sordides.
     

    Les pensionnaires peuvent être amenées à effectuer 100 passes par jour.

      

    Ces derniers établissements fonctionnent sous l’autorité des municipalités.

     

    Flaubert (1821-1880), fils de famille bourgeoise, décrit fort bien cette situation à travers ses analyses psychologiques, entre autres dans « Madame Bovary » et « L’éducation sentimentale ».
     
    L’article 2 de la loi de 1829 interdit de pratiquer cette activité hors de lieux clos, mais les prostituées résistent fort bien à cette restriction.

    Néanmoins en cas de désobéissance, des punitions administratives sont élaborées et la prison ou l’infirmerie-prison sont le passage obligé pour de très nombreuses prostituées clandestines.

    Dès 1833, un nouveau courant de pensée est animé par Claire Démar. 
     
     
     
     

     La prostitution de la femme du XIXè au XXI è siècle

     

      

      

    Son « Appel au peuple sur l’affranchissement de la femme » dénonce une prostitution légale de la femme à travers l’institution du mariage.

    L’opinion publique scandalisée réagit vivement et elle est aussitôt taxée d’immoralisme. A peine la trentaine abordée, elle se suicide d'une balle dans la tête la même année.

     

     

    Nonobstant, des pétitions en faveur du rétablissement du divorce circulent.

    A deux reprises les députés votent en faveur de la loi qui est néanmoins rejetée par la Chambre des pairs.

     
      
      
      
      
    Ce XIXè siècle jette un double regard sur la prostitution :
    «admiration/répulsion », l’éternelle dualité.
     
     
    D’une part, il y a la peur exacerbée du péché et de l’enfer; de l’autre le plaisir de la chair qui reste irrésistible.

      

      

    La société est alors très influencée par la religion, et parallèlement la science a découvert que la nature pouvait aussi détruire.

      

    Or la femme véhicule la syphilis.

     
      
    A Paris, les malades affluent à l’hôpital de Lourcine, qui sert également d’asile aux enfants dont les parents meurent du choléra.
     
      
    L’établissement prendra le nom d’hôpital Broca vers la fin du siècle et une annexe sera construite et réservée à la gynécologie.
     
     
     
    Décédé de syphilis en 1893, Maupassant laissera à la postérité quelques ouvrages réservés à la condition des prostituées qu'il célèbre... "Boule de Suif", "Mademoiselle Fifi", et… "la maison Tellier" dont je vous propose de parcourir un court passage que je perçois d’une délicatesse raffinée, presque émouvante.
     
     
     

    "Madame" dans la maison Tellier

     

     La prostitution de la femme du XIXè au XXI è siècle

     

     

     

     
      
    «On allait chaque soir, vers onze heure, comme au café, simplement.
    Ils s’y retrouvaient, à six ou huit, toujours les mêmes, non pas des noceurs, mais des hommes honorables, des commerçants, des jeunes gens de la ville ; et l’on prenait sa chartreuse en lutinant quelque peu les filles, ou bien on causait sérieusement avec Madame, que tout le monde respectait.
    Puis, on rentrait se coucher avant minuit.
      
      
      
    Les jeunes gens quelquefois restaient.
     
      
      
    La maison était familiale, toute petite, peinte en jaune, à l’encoignure d’une rue derrière l’église Saint Etienne ; et, par les fenêtres, on percevait le bassin plein de navires qu’on déchargeait, le grand marais salant appelé La Retenue, et, derrière, la côte de la Vierge avec sa vieille chapelle toute grise.
      
      
    Madame, issue d’une bonne famille de paysans du département de l’Eure, avait accepté cette profession absolument comme elle serait devenue modiste ou lingère.
      
      
    Le préjugé du déshonneur attaché à la prostitution, si violent et si vivace dans les villes, n’existe pas dans la campagne normande.
     
    Le paysan dit : « c’est un bon métier », et il envoie son enfant tenir un harem de filles comme il l’enverrait diriger un pensionnat de demoiselles.
    …/…
     

    C’étaient de braves gens qui se firent aimer tout de suite par leur personnel et des voisins. Monsieur mourut d’un coup de sang deux ans plus tard.

    Sa nouvelle profession l’entretenant dans la mollesse et l’immobilité, il était devenu très gros, et la santé l’avait étouffé ».

     

    Néanmoins il m’apparaît utile de mettre un bémol sur cette description presque idyllique dans la mesure où les prostituées qui évoluaient en « maisons de tolérance », telle la maison Tellier, vivaient sous la dépendance de la tenancière de l’établissement.

      

      

    Cette dernière conservait leurs papiers et argent mais surtout contrôlait leurs sorties qui restaient rares.

    Un code vestimentaire est toujours présent.

      
      
    Quand bien même ce XIXè siècle n’impose plus de couleurs aux prostituées, il n’empêche que le choix du jaune, tant dans les peintures réservées aux pièces des bordels que dans la couleur des textiles, fait toujours autorité.
      
      
      
      
    Le port d’une ceinture dorée par les prostituées aussi.
      
      
    Il leur est seulement interdit de porter des couleurs trop voyantes et en cas d’infraction, elles risquent l’incarcération.
     
     
    Néanmoins, il est de bon ton qu’elles aient la tête et les épaules couvertes de manière à attirer le moins possible les regards.
      
    Le port du châle semble tout indiqué.

      

      

    En évoquant la prostitution dans « Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie jusqu’en 1870 », Maxime Du Camp ne fait-il pas état de

      

    « …Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée... »

     

    Le port du châle par des gourgandines pose un problème de tolérance dans cette société qui en a fait un accessoire vestimentaire porté par la plupart des "honnêtes femmes".
     
    C’est aussi un produit de luxe, symbole de la bourgeoisie, et il est porté hiver comme été.
     
     
     
     

     La prostitution de la femme du XIXè au XXI è siècle

     

     

     

    Les prostituées demeurent sous la surveillance de la police et des médecins qui les soumettent à une visite médicale hebdomadaire.

    Cependant de très nombreuses « filles de noces » opèrent dans la clandestinité et échappent de ce fait à ces mesures. Souvent elles ne sont qu’occasionnelles, telle Nana de Zola.

     

    Sous couvert de conserver leurs autorisations d’exploitation administratives, des signes distinctifs doivent permettre aux établissements d’être reconnus : lanterne sur la façade, vitres opaques ou persiennes verrouillées et porte d’entrée surplombée d’un numéro aux dimensions extravagantes.

      

     

    En fait c’était surtout la hauteur des chiffres qui pouvait atteindre 60 cm, qui déterminait l’activité exercée à l’intérieur de l’immeuble, un peu comme une affiche publicitaire.
     
     
     
    Le Code civil voit le jour, et établit des statistiques. Les prostituées déclarées ou clandestines n’y échappent pas et des fichiers descriptifs sont constitués.

     

    A Paris, la prostitution se répand partout et les règles vestimentaires ne font plus autorité.

    La prostitution "française" s'étend extra-muros. Dès 1831, la France institue des quartiers de prostitution à Alger mais également dans ses autres colonies africaines.

     

    Honoré de Balzac, éternel amoureux et observateur de femmes s’il en est, qualifie ce style brouillé qui ne permet plus vraiment de déterminer l’activité sociale ou morale dès le premier regard, de « macédoine sociale ».
     
     
    L’auteur de la Comédie humaine, traduit fort bien son émotion à travers ses nombreux romans et notamment dans « La fille aux yeux d’Or », où la malheureuse Paquita Valdes est vendue par sa mère aux fins de prostitution ; pratique courante au XIXè siècle.
     
     
     
    A travers Eponine dans les Misérables, mais également "Notre-Dame de Paris" ou "Marion Delorme", célèbre courtisane du XVIIè siècle portée au théâtre, son ami Victor Hugo pointe du doigt l’hypocrisie démesurée de la bourgeoisie tout en attribuant une certaine morale à bien des prostituées.

     nine (Les Misérables - Victor Hugo)

      

      

     La prostitution de la femme du XIXè au XXI è siècle

     

     

     

    "Marion Delorme" - Pièce de Victor Hugo

     La prostitution de la femme du XIXè au XXI è siècle

     

    Dans l’Europe industrielle de ce siècle, les ouvriers sont très mal payés et leurs conditions de travail, pénibles voire atroces.

    La condition des ouvrières, surtout célibataires avec enfant(s) est encore pire, car leur salaire est moindre que celui des hommes.

    La vie misérable des familles pousse de nombreuses femmes à la prostitution occasionnelle qui leur confère quelques revenus d’appoint pour palier à la faim et/ou à l’éducation des enfants.

    La misère est parfois telle que ce sont les parents qui poussent leurs enfants à se prostituer.

     

    Sous menace de licenciement ou de maltraitance, le "droit de cuissage" est rétabli par quelques patrons voyous, chefs d'ateliers mais aussi fils de patrons voyous, et pour bien des jeunes femmes, il est plus rentable de se prostituer que d’aller travailler.

    L’impunité est assurée pour ces gougnafiers, dans la mesure où les femmes n’osent ou ne peuvent réagir.

     

    Comble de l’hypocrisie, apparaît une distinction entre prostituées.

    D’une part, il y a la « bonne prostituée », qui se consacre à cette activité parce qu’elle est dans la misère et qu’elle n’a pas d’autre ressource pour se nourrir ou pour nourrir ses enfants.

    Et d’autre part, il y a la « mauvaise prostituée », celle qui opère par « vocation », qu’elle soit courtisane ou fille de joie dans un bordel.

     

    Julie LEBOEUF (1838-1886), célèbre courtisane parisienne et artiste de théâtre mieux connue sous le nom de Marguerite Bellanger, « Saumuroise de petite vertu, artiste au talent limité et à la rouerie certaine » déclareront certains, deviendra dans les années 1860 la maîtresse de Napoléon III.

    Le caricaturiste Paul Hadol en a fait une chatte dans sa série de caricatures sur la « Ménagerie impériale ».

     

     La prostitution de la femme du XIXè au XXI è siècle


     

    Il est toutefois cocasse de lire qu’elle avait dû obtenir une autorisation de la préfecture de Paris pour pouvoir porter un costume d’homme.

      Le XXè siècle jette l’Europe et le monde dans une tourmente infernale.Guerres, affrontements idéologiques, crises financières et économiques ponctuent la marche du siècle et les morts se comptent dorénavant par million.
     
    La science et la médecine font des avancées considérables, assistées en ce sens par les performances remarquables de la technologie.
     
     
    Début XXè s à Paris - French cancan
     
     
     La prostitution de la femme du XIXè au XXI è siècle
     
     
    La flambée de la prostitution pendant la première guerre mondiale amène les autorités à prendre des mesures fermes.
     

    Les prostituées déclarées sont « mises en carte ». Aujourd’hui on utiliserait le mot « fichées ».

    Au début du siècle, arrivée ou déménagement dans une ville doit être déclaré au commissariat.
    Il est interdit aux prostituées d’habiter à proximité des églises ou des établissements scolaires et elles ne peuvent plus circuler sur la voie publique après le coucher du soleil.
    Elles n’ont pas le droit de se rendre au théâtre ou au concert.

    Il faut préciser que ces mesures ne font pas l’objet d’une réglementation nationale.

    Elles sont prises à la discrétion des municipalités et laissées à l’arbitraire des services de police, ce qui explique que la pratique de la prostitution est rendue plus ou moins facile et accessible d’une ville à une autre.

    Il n’empêche que les prostituées sont nombreuses à négliger les règles imposées, et dans bien des endroits, la police perd rapidement leur trace.

    Le racolage est interdit, mais cependant indispensable à l’exercice de la profession.
    Ceci a pour conséquence de maintenir les prostituées à la merci des services de police.
     
    Selon un principe puéril « ce qu’on ne voit pas, on ne sait pas », la société se satisfait donc d’une prostitution encadrée et réglementée.
     
    Considérant ces pratiques non opposables à la loi naturelle et aux textes sacrés, l’Eglise catholique ne les condamne pas. On peut regretter qu’elle les ait toutefois légitimées.
    L’autorité de l’Eglise fait force de loi jusqu’au XVIIIè siècle, et même en ce début de XXè siècle, oser contester cette « vérité » fait figure d’impiété.

     

    Un courant abolitionniste a émergé et en 1926 Marcelle LEGRAND FALCO fonde l’« Union Temporaire contre la Prostitution Réglementée et la Traite des Femmes », qui va exiger des enquêtes sur les abus et sévices commis par des soldats sur les femmes employées dans les « bordels militaires de campagnes » (BMC), et qui étaient recrutées dans les colonies d’Afrique du Nord.
     

    Le mouvement abolitionniste obtient des succès et sa lutte aboutit à des accords internationaux en 1904, 1910, 1921 et 1933 suivis de mesures prises par la Société des Nations en 1927 et 1932.

     

    Conformément aux progressions acquises, la législation évolue favorablement après la seconde guerre mondiale.

    En 1946, est votée en France la loi Marthe Richard, du nom d’une prostituée (1889-1982) ; loi qui s’attaque aux formes sournoises de proxénétisme et qui aboutit à l’interdiction de l’exploitation de maisons closes. 

      

     

    Marthe Richard

     La prostitution de la femme du XIXè au XXI è siècle  iellement cette loi ne mit pas fin à l’existence des maisons closes,

    pas pluu'elle n’entrava leur développement.  

     

     

     

     

     

    Marthe Richard, qui mena la campagne pour la fermeture des bordels en 1946.

     

    Se présentant comme une héroïne de la Résistance, elle fut démasquée plus tard comme un imposteur — en fait une ancienne prostituée et collaboratrice qui avait fourni des femmes aux Nazis.

     

    lien

     

    © Musée de l'Érotisme, Paris • Paris pour les pervers 

     

     

    La Déclaration des Droits de l’Homme
      
    intervient 2 ans plus tard sous l’égide des Nations Unies et le 2 décembre 1949 est signée la « Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui ».
     
     
    La France, pays des Droits de l’Homme, ne ratifie qu’en 1960 cette convention, cependant qu’aucune mesure d’interdiction de la prostitution ne l’accompagne.
    Curieusement, la loi sur le racolage passif est abrogée suite aux manifestations de 1975.
     
    Si le proxénétisme est interdit, la prostitution reste l’enjeu de nombreuses manifestations féministes qui dénoncent d’autres formes d’aliénation, notamment à travers les « échanges économico-sexuels ».

    A l’instar des Pays-Bas, plus modérément de la Belgique, et sous le principe très honorable de santé publique, l’idée de la réouverture de lieux destinés à la prostitution est régulièrement évoquée en France vers la fin du XXè siècle.
      
      
    Bernard Kouchner et Françoise de Panafieu s’en font les porte-paroles officiels.
     
     
     

     
     
    Parallèlement, plusieurs associations militent alors en France pour que les prostituées obtiennent la reconnaissance sociale et professionnelle de leur activité, et puissent à ce titre bénéficier de l’accès aux soins.
     
    Elles dénoncent les dangers du concept « prohibitionniste » en cours notamment en Suède et s’y opposent fermement tout en prenant acte du souhait de certaines prostituées de se regrouper en syndicat afin d’obtenir un statut.
     
    Néanmoins, conservateurs, parlementaires de Gauche et un nombre considérable d’associations féministes, souhaitent d’abord pénaliser les clients, et les amendements proposés vont en ce sens.
     
    Le monde politique est influencé par l’économie et le commerce de la prostitution qui ne concerne plus uniquement la femme.
      
    Les différents courants de parlementaires, français et européens, n’entendent pas se charger d’une réglementation ferme et incontournable à l'encontre des nouvelles formes d’exploitation sexuelle en expansion, mais préfèrent continuer à nourrir des ambiguïtés inavouables.

     

    Il faut noter que les 15, 16 et 17 octobre 2005, eut lieu à Bruxelles (Belgique) une « Conférence Européenne des Prostituées », qui a débouché sur la rédaction d’un manifeste et d’une déclaration des Droits des travailleurs du sexe.
     
    Il n’est toutefois pas permis de prêter aux élu(e)s et parlementaires une volonté ferme de mise en place de protections ou de réformes allant dans ce sens, dans la mesure où plusieurs pays européens, tels l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et l’Espagne entre autres, accepteraient l’ouverture de supermarchés du sexe sur leur territoire ;
      
    « sympathiques surfaces » où des femmes,
    toutes volontaires nous assure-t-on,
    seraient alors louées à l’instar de matériels ou machines.
     
     
     
     La prostitution de la femme du XIXè au XXI è siècle
     
     
     
     
    Prostitution légale et encadrée par des lois, maisons closes légale et encadrée par des lois  Prostitution légale et encadrée par des lois, mais les maisons closes sont illégales  Prostitution (échange d'argent pour des relations sexuelles) légale, mais pas réglementée, les activités organisées (maisons closes ou proxénétisme) sont illégales  Prostitution illégale-les prostituées sont punies par la loi  Les clients sont punis par la loi, mais pas les prostituées 

     

    Si vous n’avez déjà eu l’occasion de le faire, je vous invite à regarder le documentaire du cinéaste Patrick JEAN «La domination masculine »,
    sorti en novembre 2009.
      
    L’auteur déclarait alors :
     
    - «Je veux que les spectateurs se disputent en sortant de la salle.
      
    Peut-on croire qu'au XXIème siècle, des hommes exigent le retour aux valeurs ancestrales du patriarcat : les femmes à la cuisine et les hommes au pouvoir ?
      
    Peut-on imaginer que des jeunes femmes instruites recherchent un " compagnon dominant ? " 
      
     

    Dégageant cependant des budgets et des gains considérables, les très nombreuses associations de lutte contre le proxénétisme et la prostitution, les multiples productions cinématographiques traitant de la prostitution de la femme et de l’enfant, les campagnes publicitaires ou d’information, les animations en tous lieux et places de conférences, et l’extraordinaire abondance d’articles de presse ne semblent toujours pas contrarier ni contrer le puissant lobby pro-proxénétisme qui, sans la moindre retenue avance un argument d’une imbécilité et d’une perversité incommensurables, à savoir :

     

    - « Peut-on priver les personnes handicapées d’une vie sexuelle que seules les prostituées seraient susceptibles de leur servir ».
     
     
    Pour comprendre, il faut sans doute savoir que les lobbies du sexe constituent des puissances financières colossales cotées en bourse, et que par conséquent, ils ont les moyens de leur prétention.
     

    Lors d‘un récent débat public, un homme paraplégique avait répondu à cet argument irrecevable :

     

    - « Quel que soit mon handicap, je n’humilierai jamais une femme pour mon plaisir ».

     

    Que n'ai-je été sidérée d'entendre des élu(e)s « Verts » proposer une mesure de protection pour les prostituées; à savoir un centre contrôlé par les inspecteurs du Travail et de l’Hygiène, plutôt que le Bois de Vincennes.

    Cette réflexion dénote d’une sérieuse méconnaissance du dossier, mais aussi de l'ignorance de mesures semblables totalement inefficaces souvent prises par le passé, de la cruelle réalité du présent…et du nombre réel d’inspecteurs du Travail et de l’Hygiène encore sur le terrain en France.


    Même si en France on se satisfait d'une avancée timide de la législation dans le domaine parfois très controversé de la criminalité et délinquance sexuelles, on peut néanmoins vivement regretter l’interprétation fallacieuse qui en est trop souvent faite, que ce soit à l’échelle juridique ou morale, afin de dégager les puissants de ce monde de leurs responsabilités.
      
    Comme vous sans doute, je constate amèrement que nos Institutions se font trop souvent la complice passive de pratiques crapuleuses inavouables et intolérables.

    Nous sommes face à une image parfaitement abstraite de l'être humain qui est imposée à une société formatée.

     

    Tandis que le CDH belge (parti humaniste) a lancé une campagne contre la prostitution s’opposant fermement à la création d’Eros Center; le 13 avril 2011 en France, une énième mission d’information parlementaire de l’Assemblée Nationale sur la prostitution, qui précise en outre « qu’il ne s’agit pas d’emprisonner la majorité des clients » a rendu un rapport qui « devrait » déboucher sur une loi en 2012. Vœu pieu ? Oxymore ?
      
    Le «Lobby européen des Femmes » vient de lancer une campagne pour éradiquer la prostitution en Europe.
     

    Céline FREMAULT, députée bruxelloise et présidente des femmes du CDH, déclare :

     

    - «Le CDH veut réaffirmer que le corps n’est pas une marchandise et que la prostitution n’est pas un métier comme un autre. Nous considérons qu’elle constitue une atteinte à la dignité humaine et que c’est aussi une violence de genre. » 

      

     

    Pourtant il semble bien qu’une fois encore les sites pornographiques et autres escort-girls ne seront pas inquiétés.
      
    C’est la seule prostitution de rue qui est ciblée.
     
     
    sources
     
    http://www.come4news.com/la-prostitution-de-la-
    femme-du-xixe-au-xxi-e-siecle-809438
     
     
     
     
     
     
     
     
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    La prostitution mondaine, une valeur éducative

    du patriarcat traditionnel avant le mariage

     

     

    Quand la femme ne dispose d’aucun droits, que le seul travail qui lui est accessible est le commerce de son corps, ou que son statut social et sa sécurité familiale dépendent de son conjoint.

    L’hétaïre, idolâtrée au détriment de la mère

    L’hétaïre était une prostituée de haut rang dans la Grèce antique. Les hétaïres ne se contentent pas d’offrir des services sexuels et leurs prestations ne sont pas ponctuelles : de manière littérale, ἑταίρα / hetaíra signifie « compagne ».

     

    Elles possèdent généralement une éducation soignée et sont capables de prendre part à des conversations entre gens cultivés, par exemple lors des banquets.

     

    Seules entre toutes les femmes de Grèce, Spartiates exceptées, elles sont indépendantes et peuvent gérer leurs biens. La concubine reçoit des dons de quelques « compagnons » (hetairoi) ou « amis » (philoi), qui assurent son entretien, et à qui elle accorde ses faveurs. Aspasie, maîtresse de Périclès, est ainsi la femme la plus célèbre du Ve siècle av. J.-C. Elle attire chez elle Sophocle, Phidias ou encore Socrate et ses disciples.

     

    Selon Plutarque, « elle domin[e] les hommes politiques les plus éminents et inspir[e] aux philosophes un intérêt qui n'[est] ni mince ni négligeable ».

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    Une fortune bâtie sur leur sexe

    Certaines de ces hétaïres sont très riches. 

    Xénophon décrit Théodoté entourée d’esclaves, richement vêtue et logeant dans une maison de grande allure. Certaines se distinguent par leurs dépenses extravagantes : ainsi une Rhodopis, courtisane égyptienne affranchie par le frère de la poétesse Sappho, se serait distinguée en faisant bâtir une pyramide. Les tarifs des courtisanes varient beaucoup, mais sont substantiellement plus élevés que ceux des prostituées communes : dans la Nouvelle Comédie, ils varient de 20 à 60 mines pour un nombre de jours indéterminés. 

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    Ménandre mentionne une courtisane gagnant trois mines par jour soit davantage, précise-t-il, que dix pornai réunies.

     

    S’il faut en croire Aulu-Gelle, les courtisanes de l’époque classique vont jusqu’à 10 000 drachmes pour une nuit.

    Libre ou esclave

    Il est parfois difficile de distinguer les hétaïres des simples prostituées : dans les deux cas, la femme peut être libre ou esclave, autonome ou protégée par un souteneur.

     

    Les auteurs semblent parfois employer les deux termes de manière indifférenciée.

     

    Certains spécialistes se sont donc interrogés sur la réalité de la distinction entre hetaira et pornē ; on s’est même demandé dans quelle mesure le terme hetaira n’était pas un simple euphémisme.

    La concubine : entre l’épouse et la prostituée

    Concubine est un terme désignant à l’origine une femme vivant quasi maritalement avec un homme de statut plus élevé possédant déjà une épouse officielle.

     

    L’homme pouvant posséder une ou plusieurs concubines.

     

    Celles-ci sont financièrement soutenues par l’homme et leur descendance est reconnue publiquement, bien que de moindre statut que celle issue de l’épouse.

     

    Lorsque le concubinage est voulu (par la femme et/ou par sa famille) il est considéré comme une sécurité économique.

     

    Lorsqu’il est subi, il s’agit parfois d’esclavage sexuel, comme dans l’ancien Royaume du Népal, où les serfs devaient donner une de leurs filles à leur seigneur.

    Une mère porteuse assassinée après usage

    Dans la Bible, Abraham prend l’esclave Hagar comme concubine. Sa femme, Sarah, ne peut concevoir et lui offre Hagar pour lui donner un héritier.

     

    Abraham n’épouse pas Hagar, mais habite avec elle selon les lois juives de Pilegesh (Hebreu pour concubine). Après une première fausse couche, elle accouche d’Ismaël. Après qu’un miracle arrive à Sarah (elle devient fertile malgré son âge) et qu’elle conçoive et accouche d’Isaac, celle-ci demande à Abraham d’emmener Hagar et de l’abandonner dans le désert.

    Esclaves recluses au gynécée

    Dans l’Antiquité grecque classique (IVe et ve siècle av. J.-C.), Homère attribue à ses héros une seule épouse et une ou plusieurs concubines.

     

    L’épouse assure une descendance légitime, la concubine est chargée de veiller à l’exécution des tâches domestiques, l’une et l’autre vivent recluses au gynécée.

     

    La fidélité à l’époux est exigée, en effet, en cas de flagrant délit d’adultère, le mari trompé a le droit de tuer sur le champ son rival, sa femme ou sa concubine.

     

     

    La prostitution mondaine, une valeur éducative du patriarcat traditionnel avant le mariage

    Le reflet du statut social des hommes

    Dans la civilisation islamique, le sultan ou tout seigneur suffisamment riche pour posséder un harem, choisissait sa concubine parmi ses esclaves en principe non musulmanes. En Chine, pendant longtemps, le statut d’un homme se mesurait au nombre de ses femmes, épouses ou concubines. Dans la Chine impériale, des concubines jouent un rôle politique (comme Wu Zetian qui devint même impératrice). En 1949, les communistes ont interdit cette pratique ancestrale, signe pour eux de décadence bourgeoise. Au Siam (actuelle Thaïlande), les hommes pouvaient avoir plusieurs épouses, qu’ils pouvaient revendre, ainsi que leurs enfants.
     
    L’épouse principale ne pouvait être que répudiée, et au décès de son mari, elle héritait de ses droits sur les épouses secondaires.

    Une pratique toujours d’actualité

    En Chine, après deux décennies d’ouverture économique, les Chinois enrichis affirment à nouveau leur rang social en exhibant voitures, maisons, costumes et jolies jeunes femmes.

     

    Des villes comme Shenzen sont devenues des « villages de concubines ».

     

    Parmi ces femmes, des campagnardes pauvres du sud, des demi mondaines de Shanghai, et des concubines de luxe élevées dans la bourgeoisie fortunée.

     

    On estime à 100 000 le nombre de femmes entretenues, rien que dans l’une des province les plus touchées par le phénomène, celle de Guangdong, aux portes de Hong Kong.

    Les odalisques : des esclaves sexuelles vierges

    Une odalisque était une esclave vierge, qui pouvait monter jusqu’au statut de concubine ou de femme dans les sérails ottomans, mais dont la plupart étaient au service du harem du sultan. Le mot vient du turc odalık, qui signifie « femme de chambre », d’oda, « chambre ». En littérature, le terme désigne une femme de harem.

     

    Une odalisque n’était pas une concubine du harem, mais il était possible qu’elle en devînt une. Les odalisques étaient rangées au bas de l’échelle sociale dans un harem, car elles ne servaient pas le sultan, mais seulement ses concubines et ses épouses comme femmes de chambre privées.
     
    Les odalisques étaient généralement des esclaves données en cadeaux au sultan, même si certaines familles géorgiennes et caucasiennes  conseillaient à leurs filles d’entrer dans un harem comme odalisques, en espérant qu’elles pourraient devenir concubines de palais, esclaves préférées, ou épouses du sultan.

    L’objet sexuel du maître

    Normalement, une odalisque n’était jamais vue par le sultan, mais restait plutôt sous les ordres de la mère de celui-ci. Si une odalisque était d’une beauté extraordinaire ou possédait des talents exceptionnels pour la danse ou pour le chant, on l’entraînait pour devenir une concubine éventuelle. Si elle était retenue, l’odalisque servait au plaisir sexuel du sultan et c’est seulement ensuite qu’elle changeait de statut, devenant à partir de ce moment une concubine.

     

    Dans l’Empire ottoman, les concubines rencontraient le sultan une seule fois, sauf si leur adresse pour la danse, pour le chant, ou pour le lit leur méritaient son attention.

     

    Si de la rencontre d’une concubine avec le sultan s’ensuivait la naissance d’un fils, elle devenait une de ses femmes.

    Un fantasme artistique

    Dans l’Occident du XIXe siècle, les odalisques sont devenues des personnages souvent utilisés dans le mouvement artistique connu sous le nom d’Orientalisme, et on les rencontre dans un grand nombre de peintures érotiques à partir de cette époque.

     

    On peut citer La Grande Odalisque d’Ingres et Olympia de Manet comme exemples.

     

    Matisse aussi a représenté dans certaines de ses œuvres des odalisques. Dans l’usage populaire, le mot odalisque peut aussi faire allusion, à la maîtresse, la concubine, ou la petite amie d’un homme riche, ce qui est inexact étant donné que ces esclaves étaient vierges.

    La courtisane, femme de qualité, galante, scandaleuse…

     

    La différence entre une prostituée et une courtisane, elles sont plus lettrées (écrivaine, poétesse, philosophe, scientifique, actrice, chanteuse…), elles vivaient avec des hommes célèbres (écrivains, artistes…), politiques, riches hommes d’affaires, nobles (prince, comte, roi, empereur…), hommes d’église… La puissance et l’influence de certaines courtisanes peuvent arrêter ou déclarer une guerre, servir d’intrigue à la cours du Roi entre noble.

    L’argent, la célébrité, les titres de noblesse restent l’objectif premier de la courtisane et de faire oublier ce passé érotique, elles représentent le côté romantique et idéalisé de la prostitution. Alors que les autres « prostituées » vont avec le peuple, les soldats… et meurent souvent sans argent et de maladies sexuelles. C’est pourquoi elles ne sont pas considérées comme courtisanes.

    Certains nobles (XVIIIe et XIXe siècles) racontent avoir été ruiné par des courtisanes. Cependant les femmes de certaines époques ne pouvaient pas s’émanciper dans une société machiste religieuse, elles devaient commencer par des relations sexuelles (dite libertine) pour ensuite montrer leur intelligence à leurs contemporains.

     

    Le mot courtisane peut être employé comme un euphémisme pour prostituée. Il a notamment été employé dans ce sens du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle, de même que celui de cocotte, particulièrement en vogue sous le Second Empire.

     

    Cet emploi semble venir du fait que les femmes haut placées à la cour des rois de France ont souvent été les maîtresses du souverain, d’où un glissement de sens de « courtisane » à « maîtresse intéressée », puis prostituée. Courtisane conserve cependant une connotation luxueuse qui en fait une catégorie à part dans le monde de la prostitution. Ainsi, Cora Pearl (1835-1886) entretenait une liaison avec le duc de Morny et Laure Hayman (1851-1932), avec le roi de Grèce ou l’écrivain Paul Bourget.

    Cocotte, les poules de luxe

    Les cocottes sont en France sous le Second Empire, des prostituées de luxe connues pour ruiner leurs riches amants en dépenses somptuaires (fêtes, bijoux, maisons, etc.). Par extension, le terme est employé aux époques suivantes, notamment la Belle Époque, au cours desquelles la cocotte tient sa place entre la courtisane et la prostituée.

     

    La demi-mondaine désignait à l’origine les femmes du monde tombées dans la prostitution puis a fini par désigner également les cocottes de basse ou haute condition.

     

    « Sentir, puer la cocotte » signifie sentir un parfum de mauvaise qualité comme ceux dont usaient les cocottes de bas étage et a donné le verbe « cocotter ».

     

     

     

     

    Plusieurs hôtels particuliers de Paris ont été construits pour des cocottes, comme celui de la Païva sur les Champs-Élysées. Le terme de demi-mondaine est également employé à cette époque ; ainsi peut-on citer Cora Pearl (1835-1886) avec le Prince Napoléon ou Laure Hayman (1851-1932) avec Karageorgévitch ou Paul Bourget. Nana, d’Émile Zola, décrit la vie et le destin tragique d’une de ces cocottes, qui rend fous d’amour et mène à la ruine les hommes puissants qu’elle rencontre.

     

    Pour certaines femmes du peuple, devenir une cocotte était aussi un moyen d’arriver à l’aisance financière avant de se ranger.

     

    Certaines ont su gérer leur fortune, d’autres sont mortes jeunes et dans la misère, d’autres enfin, comme Sarah Bernhardt, qui à ses débuts était une cocotte, sont devenues des actrices adulées.

    La demi-mondaine ou bigamie à la française

    En France, au XIXe siècle, le terme de demi-mondaine désignait les femmes entretenues par de riches Parisiens.

     

    Ce groupe social, jusque-là invisible, se manifesta bruyamment dans la presse, le théâtre et les réunions publiques à partir du Second Empire pour atteindre son apogée vers 1900 et disparaître pendant la Première Guerre mondiale.

     

    Le mot de demi-mondaine est issu du Demi-monde,

    titre d’une comédie qu’Alexandre Dumas fils publia en 1855.

     

    Ce terme désigna d’abord les femmes du monde tombées dans la prostitution puis fut appliqué à toutes les grandes courtisanes ayant pignon sur rue.

    « Ces messieurs étaient assez fortunés pour subvenir aux besoins d’une femme au foyer et d’une autre pour la galerie.

    En additionnant leur moitié avec une demie, ils réinventaient la bigamie. »

    La déniaiseuse des ducs

    Demi-mondaine parisienne d’origine anglaise, Cora Pearl, née en 1837, a écrit ses mémoires. Elle a été la maîtresse du prince Napoléon, le célèbre Plonplon, cousin de l’empereur Napoléon III. Une autre demi-mondaine célèbre, Laure Hayman, était la descendante du peintre Francis Hayman, le maître de Thomas Gainsborough. Elle compta parmi ses amants le duc d’Orléans, Louis Weil (grand-oncle maternel de Proust), le roi de Grèce, l’écrivain et académicien français Paul Bourget et Karageorgevitch, prétendant au trône de Serbie, qu’elle aima vraiment. Elle vivait des libéralités du financier Raphael Bischoffsheim. Elle était surnommée la « déniaiseuse des ducs »

     

    .« Les demi-mondaines peuplent les romans du XIXe siècle, surtout Balzac (Illusions perdues), Maupassant (Bel-Ami) et Émile Zola (Nana) ». Odette de Crécy chez Proust est l’exemple d’une demi-mondaine qui va devenir une grande bourgeoise (Mme Swann) puis une femme du « monde » (Mme de Forcheville).

    Expression : « S’offrir / entretenir / avoir une danseuse »

    Signification :

    • S’offrir / entretenir / avoir une maîtresse coûteuse
    • Consacrer par plaisir beaucoup d’argent à quelque chose ou quelqu’un

    Origine : l’Opéra, le « marché aux putains »

    Au XVIIIe siècle, les alentours des salles de spectacles étaient des endroits très fréquentés par les prostituées.

    On disait d’ailleurs de l’Opéra qu’il était le « marché aux putains ».

    Les mères vendent leurs filles ratées

    Mais si la prostitution avait cours à l’extérieur, au XIXe siècle, elle s’exerçait aussi à l’intérieur, les danseuses faisant commerce de leurs charmes (plus ou moins volontairement). Il n’était d’ailleurs pas rare, au foyer des artistes de l’Opéra, derrière la scène, de trouver des mères venant ‘vendre’ leurs filles, danseuses plus ou moins ratées, aux messieurs les plus offrants.

    Épouses et concubines : procréation et passion

    Mais alors que beaucoup de danseuses se contentaient d’effectuer des passes, certaines des plus cotées devenaient des maîtresses attitrées de messieurs de la haute société qui, laissant leurs épouses à leur domicile, s’affichaient volontiers avec leur proie à laquelle ils offraient un logement et train de vie généralement plus que décent.

    Et c’est de ces dépenses d’entretien de leur maîtresse danseuse que vient notre expression dont le sens, par extension, a évolué vers toutes les dépenses très, voire trop importantes consacrées à une passion.

    Théâtres, cabarets, actrices, chanteuses…

    Cela dit, l’Opéra n’avait pas du tout l’exclusivité des danseuses prostituées ou, dit plus élégamment au vu du beau monde qu’elles fréquentaient parfois et de la manière moins systématique avec laquelle elles faisaient commerce de leur corps, les courtisanes, la danse classique n’étant pas la seule touchée par ce phénomène ‘artistique’ qui concernait aussi bien les théâtres que les cabarets, les actrices que les chanteuses et danseuses. Il suffit de se rappeler de quelques noms célèbres comme Lola Montès, la belle Otero ou Liane de Pougy, pour ne citer qu’elles.

    « Je viens enfin de recevoir ta boîte merveilleuse de compas ! Tu es archi-fou, je t’assure que tu as besoin d’un conseil judiciaire. Je suis ta danseuse, ton écurie, ta collection, je te reviens à des prix fous. » – André Gide – Correspondance 1890-1942

     

     

     https://matricien.org/patriarcat/sociologie/prostitution/prostitution-mondaine/

     

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    Albums Reutlinger, Mata Hari, volume 39, vue 7

    Mata Hari, une vie romanesque
     
    Rien ne destinait Mata Hari à devenir une des figures mythiques.
    Née Margaretha Zelle dans une famille bourgeoise des Pays-Bas, elle aurait du connaître une existence rangée.
     
    A 18 ans, elle épouse un officier de marine qui a le double de son âge.
     
    Peu après le mariage, le couple s’installe à Java, prospère colonie néerlandaise où la jeune femme s’initie à la culture traditionnelle: elle apprend quelques rudiments de danse et de langue.
     
    En 1899, Margaretha perd son jeune fils, assassiné par la maîtresse de son époux.
     
    Rentrée en Europe suite à ce drame, elle obtient le divorce.
     
    Une nouvelle vie commence: elle doit subvenir à ses besoins.
     
    La prostitution la conduit en 1904 à Paris où elle se produit comme écuyère dans un cirque.
     

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    Voguant sur la mode de l’exotisme, elle se compose un rôle de danseuse orientale et profite de son teint basané pour se faire passer pour javanaise.
     
    Elle adopte alors le nom de Mata Hari (« oeil du jour »)
     
     
     

    Danseuse exotique, danseuse érotique

    En 1905, Mata Hari se produit lors d’une réception chez Madame Kiréevsky. Emile Guimet, collectionneur et érudit passionné par l’Extrême-Orient, admire sa danse sensuelle. Charmé par cette femme qui prétend connaître les danses cultuelles javanaises, il lui propose de se produire dans le musée qu’il a fondé.

    Quelques semaines plus tard, la bibliothèque du musée est transformée en éphémère sanctuaire de Shiva. Mata Hari interprète trois danses « brahmaniques ». Si la chorégraphie n’a rien de religieux, elle est éminemment érotique: « en l’honneur du dieu », la courtisane se dénude langoureusement. Sous couvert d’exotisme, Mata Hari vient d’inventer l’effeuillage.

    Anonyme, Mata Hari exécutant une danse brahmanique au musée Guimet, 1905

    Anonyme, Mata Hari exécutant une danse brahmanique au musée Guimet, 1905, RMN/Musée Guimet

    Légitimée par ce spectacle donné chez Guimet, Mata Hari devient la coqueluche de Paris. Toute l’Europe la réclame, tandis que les amants se succèdent dans son lit. Mais la gloire est de courte durée : Mata Hari est concurrencée par d’autres danseuses de plus en plus nues et par la modernité des ballets russes. En 1910, son heure de gloire est définitivement passée.

     

    Mata Hari, tome 39, vue 6

     

    Albums Reutlinger, Mata Hari, tome 39, vue 6, Gallica/BnF

     

    Une espionne de pacotille

    Désargentée, Mata Hari multiplie les amants. Elle aime beaucoup les militaires, quelque soit leur nationalité. L’appât du gain la conduit d’abord à espionner pour le compte de l’Allemagne. Éperdument amoureuse d’un jeune soldat russe blessé au front, elle cherche à obtenir un laisser-passer pour le rejoindre et accepte pour cela de devenir agent double pour la France (tout en réclamant un million de francs au passage!). Son manège est rapidement découvert par les Allemands, qui échangent alors des informations à son propos dans un code dont ils savent pertinemment qu’il est connu des Français.

    Mata Hari est arrêtée le 13 février 1917 à Paris.  Condamnée à mort après un procès bâclé, elle est fusillée le 15 octobre 1917 à Vincennes.  

     

    Mata Hari, dangereuse espionne?

     

    Si la question a fait couler beaucoup d’encre, tout le monde s’accorde à reconnaître aujourd’hui qu’elle a surtout été victime naïve de ses propres mensonges et des manœuvres politiciennes. Que ce soit aux français ou aux allemands, elle n’a jamais délivré d’information exploitable. Il semblerait même qu’elle n’ait pas vraiment pris au sérieux sa mission d’espionne, y voyant surtout une activité lucrative et susceptible d’ajouter à son mythe.

     

     

    Sacrifiée par les services secrets, abandonnée par ses (nombreux) amants, elle a surtout été une coupable idéale dans un contexte politique délicat. Son procès est instruit au lendemain de la tragédie du Chemin des Dames alors que l’opinion publique est obsédée par la crainte de l’ennemi de l’intérieur. Il faut au gouvernement une prise: belle et étrangère, Mata Hari est l’espionne parfaite pour remplir les colonnes des quotidiens.

    Albums Reutlinger, Mata Hari, volume 39, vue 6

    Albums Reutlinger, Mata Hari, volume 39, vue 6, Gallica/BnF

    Au lendemain de l’exécution, le corps autrefois si prisé de la belle, non réclamé, est confié à la fac de médecine pour dissection.

     

    Voici comment finit la plus exotique des courtisanes de la Belle Epoque.

     

     

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    SOURCES - Pécadille -  http://peccadille.net/2013/11/04/mata-hari-courtisane-danseuse-espionne/#more-3154- 
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     HISTOIRE de l'EPILATION FEMININE

     

     

    Le système pileux est généralement considéré comme inesthétique et peu féminin.

    A Rome, le bain était suivi de l’épilation du corps, tout ou en partie ; les riches Romaines, à l’image des Athéniennes avant elles, avaient l’habitude de s’épiler entièrement, par mesure d’hygiène et de raffinement.

    Cette pratique très ancienne de l’épilation participait d’un des canons de beauté les plus universellement répandu des sociétés humaines. Hommes et femmes pouvaient être concernés comme en Egypte.

    Les Egyptiennes utilisaient déjà la pince à épiler pour supprimer les cils avant de procéder au maquillage de l’œil.

    Dans les thermes romains, l’alipilus était un esclave qualifié, chargé spécifiquement d’ôter les poils jugés disgracieux avec des pâtes composées de poix et de résines, il terminait le travail en passant patiemment une pierre ponce sur la peau.

    Les femmes arabes s'épilent depuis la nuit des temps avec un mélange fait de sucre, de jus de citron et d’eau qui, après chauffage, donne une sorte de caramel malléable.

    De petits tapotements répétés ou l’application de minces bandes arrachées dans le sens inverse de la pousse du poil, permettaient une épilation efficace.

    L’épilation intime ajoutait une incontestable composante érotique et un passage incontournable pour la jeune femme à la veille de ses noces.

    Cette épilation pubienne, si fréquente en Orient, était très appréciée par les femmes de la noblesse.

    Les tableaux orientalistes de Gérôme deviennent ainsi très naturalistes, mais le peintre avait-il pour autant connaissance de cette coutume à la double fonction : hygiénique et érotique ?

    Généralement, les socques de bois que l'on aperçoit au premier plan, étaient plus hauts chez les élégantes favorites que chez leurs servantes.

    Plus luxueux aussi, les plus coûteux étaient d'ébène, de bois de rose ou de santal, piqués de clous d'or et d'argent.

    Dans le harem royal, ces hauts sabots pouvaient même être incrustés de nacre et de pierres précieuses.

    D'origine sans doute vénitienne, ils étaient utiles dans les hammams pour protéger les pieds du sol de marbre chauffé et pour éviter - dans la mesure du possible - de glisser sur les surfaces humides.

    Rappelons que ces lieux : hammam et harem, restaient interdits aux hommes.

    Mis à part les femmes, seuls les très jeunes garçons pré-pubères ainsi que les eunuques y étaient admis. !!
    Cf/ Femme à sa toilette, Anne-Marie Mommessin, Editions Altipresse 2007

     

     

     

     


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    Amour Courtois

    Description

    Aliénore d'AquitaineÀ partir du XIe siècle dans le sud de la France, et du XIIe siècle dans le nord, la société féodale ajoute une nouvelle valeur à l’idéal chevaleresque : le service d’amour, qui met les préoccupations amoureuses au centre de la vie. 

     


    Il est important de distinguer l'amour courtois de  la courtoisie en effet, la courtoisie définit à la fois un style de vie et un idéal humain dont l'amour courtois n'est qu'une composante.

     

     

    La courtoisie se base en grande partie sur l'association du clergé (force morale) et de la chevalerie (force physique). De fait, le chevalier courtois n'est pas qu'une brute épaisse qui tue des dragons pour les beaux yeux de sa dame, il sait également lire et composer des poèmes!


    Entre 1185 et 1200, André Le Chapelain rédige en latin un Traité de l'amour, présenté comme une enquête sur l'amour, ses bienfaits et ses dangers. Ce clerc érudit, contemporain d'Aliénor d'Aquitaine, attribue à la reine des jugements audacieux en matière d'amour courtois. Ce texte est à l'origine de la légende des cours d'amour.

     

    Avec l'idéal courtois, la société récuse le culte de la force brutale pour promouvoir un nouveau type de comportement social basé sur la noblesse de coeur, les manières bienveillantes, la générosité et le bon usage de la richesse. Cet idéal social, cet courtoisie, ne va pas sans une conception nouvelle de l'amour : La fin'amor est l’image de la pureté, de l'amour purifié. Célébrée depuis la fin du XIe siècle par les troubadours, il s'agit d'un rapport amoureux adultère unissant le poète à la dame qu’il aime.

     

    Une série de poètes usent de cette théâtralisation du lien poète-dame pour illustrer le rapport de vassalité (vassal-suzerain).

     


    Cet amour est bien évidemment secret et est fondé sur le cute du désir, essence de l'amour, autant que sur celui de la Dame. La satisfaction de ce désir va bien évidemment avec la mort de l'amour (C'est le cas dans Tristan et Yseult, par exemple, une fois seuls dans la forêt, le désir est passé et ils sont lassés l'un de l'autre.) 

    Auparavant, le rapport amoureux était considéré comme une poésie individuelle mais maintenant, il apparaît comme une poésie extrêmement codifiée (rapport de vassalité).


    Le rapport amoureux est presque stéréotypé.

     

    L’amant est pris de passion pour une dame qui est inaccessible pour plusieurs raisons :

     

        • Soit  la Dame est d'un rang social plus élevé, et souvent l'épouse du suzerain dont son amant est vassal (comme dans le cas de Lancelot et Guenièvre) ou d’un personnage socialement supérieur, ou est elle-même d’un rang supérieur. 
        • Soit la dame est loin.Par exemple, on peut citer Janfré Rudel qui est tombé amoureux de la Comtesse de Tripoli uniquement d’après les dires qu’il a entendus au sujet de sa beauté et de sa vertu. C’est l’image de la princesse lointaine et innaccessible : c’est l’amour de loin. Remarquons que ce dernier est très présent dans l’opéra. En langue d’oc, on dit « lon(h) », en langue d’oïl, on dit « loin ».

    L'amant parfait, également appelé "fin'amant", n'a de cesse que de tenter de faire fléchir la Dame par la démonstration constante de ses qualités courtoises. Dans la poésie, c'est grâce à ses qualités de compositeur et à sa manière de chanter l'amour qu'il espère s'attirer les faveurs de la Dame; dans le roman, il doit manifester des qualités chevaleresques, en se montrant brave tant au cours de tournois que lors d'aventures où il tentera d'illustrer son nom et d'honorer ainsi sa Dame. 


    En effet, dans l'amour courtois, l'amour agit comme un moteur d'amélioration personnelle. L'expression didactique et poétique la plus achevée de cette doctrine de l'amour courtois est sans conteste incarnée dans Le Roman de la Rose.

     

    Cette thématique a glissé vers la thématique religieuse : la Vierge Marie remplace la Dame. On passe d’une tradition profane de l’amour à une application religieuse.
    Dans la fin'amor, l’amour n’est pas désincarné. Il n’y a pas de désir caché : on trouve de fortes connotations sexuelles.

     

    Cependant, la tension ne réside pas dans l’accomplissement de cet amour mais dans l’inspiration (le désir) du poète.

     

    Le poète ne demande en effet que deux choses à sa Dame :

     

          • le guerredon : la récompense, la reconnaissance.
            Par exemple, la récompense (physique) de Guenièvre donnée à Lancelot est une nuit d’amour.
          • la merci : la pitié de la dame pour l’homme qui l’aime en vain (donc la récompense spirituelle).

          • Remarquons que les aventures de Tristan (surtout la version de Thomas) est de la fin'amor mais a beaucoup de dimensions charnelles.


    Thèmes annexes

          • Les Lauzangier
            Les Lauzangier (ou jaloux) s’opposent à l’amour du troubadour.
            Par exemple, on peut citer ceux qui sont autour de Tristan et Iseut.
          • La Reverdie
            La reverdie est la manière d’incarner le sentiment, venant de l’intérieur du poète, qui l’attire vers la Dame. C’est l’image du printemps : une force monte en lui comme la sève remonte dans les arbres.
          • C’est donc la force de l’amour qui lui donne véritablement la vie.
            Toutes les oeuvres font référence, dans la réflexion sur l’amour aux XIIe et XIIIe siècle, à la fin'amor.
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    L'Occident médiéval est marqué par la domination sociale des hommes sur les femmes qui exercent tous les pouvoirs,  aussi bien dans l'institution ecclésiastique(qui interdit aux femmes l'accès aux ordres et à la prédication)que dans le domaine laÏc, tandis que les femmes sont, au cours de leur vie, soumises d'abord à l'autorité de leur père, puis à celle de leur mari, auquel elles doivent fidélité, respect, obéissance, sans réciprocité véritable.

    Avant le XII siècle le mariage se conçoit en dehors du cadre religieux en perpétuant l’alliance de type germanique, c'est-à-dire le mariage comme accord des familles.

     

    Toutefois en 866 le pape Nicolas Ier établit que l’union des époux doit se faire par consentement mutuel, ce qui améliore le statut de la femme , même si le rôle de la famille et des hommes demeure fondamental.

    Au XII siècle le mariage, élément important de la réforme grégorienne, reçoit de l’Eglise ses nouvelles caractéristiques. Jusqu’alors contrat civil, il devient au XII siècle une affaire religieuse sans la surveillance de l’Eglise.

     

    Il entre dans la liste des sacrements que les prêtres peuvent administrer. Il devient monogame, indissoluble, l’adultère est sévèrement châtié et les répudiations d’ épouses sont difficiles, le seul motif accepté est la consanguinité.

     

    Pour éviter les mariages consanguins le IVe concile de Latran en 1215 rend obligatoire la publication des bans affichés dans l’Eglise.   

     

     

     

     

         


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    L'Occident médiéval est marqué par la domination sociale des hommes sur les femmes qui exercent tous les pouvoirs,  aussi bien dans l'institution ecclésiastique(qui interdit aux femmes l'accès aux ordres et à la prédication)que dans le domaine laÏc, tandis que les femmes sont, au cours de leur vie, soumises d'abord à l'autorité de leur père, puis à celle de leur mari, auquel elles doivent fidélité, respect, obéissance, sans réciprocité véritable.

     

     

    Trois préceptes sont au fondement de la vie monastique: renoncer à la sexualité,à l'argent et au pouvoir. Les règles les plus importantes sont aussi celles de Saint Benoît qui ont été conçues par et pour les hommes, puis adoptées par les femmes.

    Selon ces règles, trois types d'exercices doivent occuper l'âme,l'esprit et le corps: la prière ou Opus Dei, avec sept offices qui scandent la journée depuis la première heure du jour jusq'aux matines en pleine nuit; la vie intellectuelle, qui consiste en lectures saintes et le travail manuel pour dompter le corps.

    Le monastère est d'abord un domaine temporel: des bâtiments des terres, des droits et des revenus lui ont été octroyés par les laïcs en échange de bénéficies spirituels, de prières et de commémorations. Au Moyen Age les Filles sont obligées à devenir nonnes surtout par decision paternelle, choix qui pouvait intervenir avant même leur naissance. Le motif principal était que les parents ne voulaient pas leur donner de dot pour les marier.


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